PHYTOSANITAIRE
L’Anses présente les modalités de sortie du glyphosate

J.-C.D.
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PHYTOSANITAIRE / Auditionnée par la mission parlementaire sur le glyphosate, l’Anses a précisé le scénario de sortie de l’herbicide controversé. En fonction des applications, l’agence décidera de retraits d’autorisation, de limitations de dose, ou d’un maintien en l’état de l’usage en cas d’impasse technique.

L’Anses présente les modalités de sortie du glyphosate
En viticulture et en arboriculture, l’Anses « envisage une interdiction d’utilisation entre les rangs et une limitation des quantités à l’hectare du glyphosate ». ®Berthoud

Cette annonce était attendue depuis des mois par les professionnels, mais aussi par les députés de la mission Sortie du glyphosate, qui recevaient le directeur général de l’Anses Roger Genet le 23 juillet. Le plan est désormais connu : « Nous allons avoir trois situations » pour les AMM (autorisations de mise sur le marché) par application : un retrait total, une limitation de la dose maximale autorisée, des impasses techniques « qui nécessitent de conserver les usages tels qu’ils sont prévus aujourd’hui », a déclaré Roger Genet à l’Assemblée nationale. En termes de calendrier, l’Anses prévoit une publication « début octobre » des 21 AMM en cours d’évaluation. Tout au moins pour dix d’entre elles qui dépendent de la France, des « incertitudes » pesant sur les autres. Six mois sont laissés aux industriels pour modifier leurs étiquettes en cas de limitation de la dose maximale, c’est-à-dire une entrée en vigueur en avril 2021. Les retraits d’usage doivent, eux, s’effectuer dans un « délai de grâce » de 12 mois (6 mois à la vente, plus 6 mois d’utilisation), soit jusqu’à octobre-novembre 2021.

Des AMM publiées « début octobre »

L’agence « envisage [...] une interdiction d’utilisation entre les rangs et une limitation des quantités à l’hectare », qui seraient à « environ 80 % » de la dose actuelle en viticulture et « plutôt à 60 % » en arboriculture. Pour ces deux productions, l’Anses a énuméré les impasses techniques suivantes. En viticulture, il s’agit des « situations non mécanisables - les terrains caillouteux, en forte pente -, la destruction des adventices vivaces ». En arboriculture, l’agence identifie des situations non mécanisables, « des problèmes liés aux systèmes d’arrosage qui sont au sol, le cas des récoltes mécaniques des fruits au sol ou des arbres de type buissonnant, la destruction des adventices vivaces ». Concernant les grandes cultures, « il est tout à fait possible d’interdire le glyphosate dans des pratiques de labour », a considéré Roger Genet. « On ira vers une limitation des quantités maximales autorisées à l’hectare », a-t-il ajouté devant la mission parlementaire sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate. Dans ces productions, les impasses techniques paraissent « assez limitées », a-t-il affirmé lors de son audition : la lutte obligatoire, la destruction des adventices vivaces.

L’ACS « n’a pas de définition »

Quant à l’agriculture de conservation des sols (ACS), pour laquelle une exemption à l’interdiction du glyphosate est envisagée jusqu’au sommet de l’État, Roger Genet a expliqué que l’ACS « n’a pas de définition qui permet, dans une autorisation de mise sur le marché, d’être ciblée comme dérogatoire ». Mais à ses yeux, « la limitation des quantités à l’hectare doit permettre de répondre, pour les exploitations concernées, au maintien des usages ». Interrogé par les députés sur les possibilités de contrôles, le DG de l’Anses a rappelé ceux prévus dans le cadre de la réglementation. « Il y a de très nombreux contrôles », selon lui. Exemple avec la conditionnalité des aides de la Pac liée au respect des AMM. Des possibilités de sanctions existent sur les taux d’attribution de ces primes, a-t-il indiqué.

J.-C.D.

RÉACTION / Glyphosate : l’Apad opposée à une dérogation spécifique à l’ACS

L’association pour une agriculture durable (Apad), chef de file de l’agriculture de conservation des sols (ACS), a répété par un communiqué du 31 juillet son opposition à une dérogation à l’utilisation de glyphosate spécifique à l’ACS. Cette dérogation, explique l’association dans un rapport publié fin juillet « nécessiterait de créer un cahier des charges fermé spécifique à l’ACS, peu compatible avec les enjeux de son développement en France ». L’Apad préférerait « une adaptation d’usage » qui concernerait tout « désherbage après récolte et avant mise en culture en zones cultivées », en cas d’absence de travail du sol lors des semis. L’association propose aussi de réduire les doses autorisées, en passant des 2880 g/ha/an actuel à 1080 g/ha (- 62 %) sur graminées et dicotylédones annuelles. Cette approche semble compatible avec les déclarations de Roger Genet, le directeur de l’Anses lors de son audition à l’Assemblée le 23 juillet. Évoquant le problème de définition de l’ACS, Roger Genet avait estimé que « la limitation des quantités à l’hectare doit permettre de répondre, pour les exploitations concernées, au maintien des usages ».