ÉLEVAGE
Démystifier les contrôles sanitaires

Les visites de la DDecPP - direction départementale en charge de la protection des populations - sont des moments rares mais redoutés pour les éleveurs. Pour qu'ils puissent s'y préparer sereinement, le GDS a proposé à ses adhérents d'assister à une simulation de contrôle sanitaire, mercredi 28 septembre.

Démystifier les contrôles sanitaires
Une vingtaine d'éleveurs du secteur ont assisté au contrôle à blanc qui a eu lieu à Saint-Gineys-en-Coiron, mercredi 28 septembre.

Déroulement d'un contrôle sanitaire

Les visites inopinées ne représentent que 15 % des contrôles menés. Le plus souvent, ils sont annoncés 48 h à l'avance. Mais attention : une fois le rendez-vous fixé, il ne peut être annulé - sauf cas exceptionnel. Une fois sur place, le contrôleur procède en deux étapes : d'abord, il vérifie les animaux, les bâtiments, équipements, etc. Puis, dans un second temps, il s'attelle à l'aspect administratif.

1- État général

« On regarde les animaux et l'environnement », explique Christelle Lebouc, en prenant des notes. Contrôleuse des élevages de ruminants en Ardèche, elle scrute le pré de Jean-François Crozier où les vaches pâturent comme à l'accoutumée. « Cet objet métallique ne devrait pas être sur la parcelle, il pourrait causer des blessures aux animaux », relève-t-elle.
Dans les bâtiments, d'autres critères entrent aussi en compte. La lumière, par exemple, doit être suffisante pour voir les animaux. La propreté générale est observée, de même que le sol, la litière, mais aussi les conditions d'humidité, de ventilation, ou encore les odeurs. « L'odeur d'ammoniac peut causer des problèmes respiratoires chez les animaux », précise la technicienne. Un jugement subjectif mais basé sur des signes clairs, d'après Christelle Lebouc : « Si on est agressé par l'odeur, que nos yeux et notre nez nous piquent, c'est qu'il y a une mauvaise aération. »

2- Abreuvement et nourriture

Autre critère : l'abreuvoir. Il doit être propre, fonctionnel, disponible en permanence et suffisamment rempli pour l'ensemble des bêtes. Même chose à l'extérieur pour éviter l'abreuvement au sol.
Pour la nourriture, les consignes sont les mêmes. « Selon l'état d'engraissement de l'animal, les réserves de fourrages ou de concentrés peuvent être vérifiées », souligne la technicienne. Ces réserves doivent être entreposées dans un espace réservé et, si elles ont été achetées, des documents administratifs doivent également être présentés, tels que les bons de livraison, factures ou étiquettes.

Pour les élevages laitiers des contrôles supplémentaires sont effectués afin de vérifier le bon respect des règles d'hygiène : protection contre les rongeurs, stockage du lait, attestation de contrôle de la machine à traire de moins de 18 mois, etc.

3- Traitements pharmaceutiques

Devant l'armoire à pharmacie, Christelle Lebouc observe d'abord la propreté. « Il est conseillé de disposer d'une pharmacie par espèce, voire même par production », explique-t-elle en vérifiant les médicaments boîte par boîte. Elle examine les dates de péremption et s'attarde sur les prescriptions sur ordonnance, signalées par un rectangle rouge. « L'idéal est d'indiquer le numéro de l'ordonnance directement sur la boîte », préconise la technicienne. Car pour chaque médicament prescrit, l'ordonnance doit être présentée, de même que le carnet sanitaire dûment rempli (voir encadré). Les traitements par phyto ou aromathérapie doivent également être accompagnés d'une prescription médicale.

4- Contrôle documentaire

La suite de la visite se passe autour d'une table avec, au centre, une pile de documents. Le carnet sanitaire est vérifié mais aussi le registre d'élevage. Car lors d'un contrôle de la DDPP, l'identification peut également être contrôlée. Les animaux présents sont-ils bien mentionnés sur l'inventaire ? Le bouclage est-il à jour ? Les bons d'enlèvement des cadavres, les déclarations de perte et les bons de circulation correspondent-ils à l'inventaire ? Autant d’éléments examinés par les techniciens.

Comment remplir le carnet sanitaire ?

Comment remplir le carnet sanitaire ?
Document élaboré par la DDecPP.
Une charge administrative à absorber
Attention aux médicaments avec rectangle rouge : l'ordonnance correspondante doit être présentée.

Une charge administrative à absorber

« Souvent, il y a une bonne tenue d'élevage, mais l'aspect documentaire pêche... Soyez vigilant ! » Répète Christelle Lebouc, technicienne de la DDcePP. Face à elle, les éleveurs ne sont pas surpris. « Si on aimait faire des papiers, on ne serait pas agriculteurs », blague l'un. « Le problème, c'est surtout l'enchaînement des tâches, explique un autre. D'autant que la charge administrative a largement augmenté en quelques années. » Pour éviter les déconvenues et stress inutile, la DDcePP conseille donc de prendre l'habitude de remplir le carnet sanitaire au fur et à mesure. « Et si un jour, vous avez un gros souci sanitaire, ça vous rendra service », rappelle le GDS.

Sans vétérinaire, pas d'ordonnance

Autre difficulté pointée par un éleveur : le manque de vétérinaire. « Il y a plein de normes : une ordonnance par traitement, un traitement par animal, etc. Mais à côté de ça, il y a de moins en moins de vétérinaires... On est livré à nous-même », regrette-t-il. Si les contrôleurs assurent savoir faire preuve de discernement en cas de situation d'urgence, ils avouent aussi être préoccupés par cette pénurie de professionnels en zone rurale. « On essaie de travailler avec les communautés de communes et la région pour inciter les vétérinaires à venir sur nos territoires », précise Stéphane Klotz, chef du service à la DDcePP.

Stéphane Klotz et Christelle Lebouc, de la DDecPP, ont également visité l'élevage ovin d'Alain Crozier.
Stéphane Klotz, chef du service santé, protection animales et environnement à la DDecPP était présent lors du contrôle.
Lors d'un contrôle, les techniciens vérifient tous les papiers de l'année. Mais attention : les documents doivent être conservés pendant 5 ans.