BOVINS ALLAITANTS
« Maintenir le lien entre grand public et éleveurs »
Fort d’une vingtaine d’adhérents, le syndicat Aubrac ardéchois fête sa cinquième année d’existence. Entretien avec le président, Alain Benoit, à l’occasion de l’assemblée générale du syndicat.
En Ardèche et dans la région, la race Aubrac est en progression, pourquoi une telle dynamique ?
Alain Benoit : « L’Aubrac est une race qui s’adapte bien à beaucoup de territoires. En particulier, avec le changement climatique. Elle a la capacité de valoriser les fourrages grossiers l’hiver et de se satisfaire avec des fourrages un peu plus secs, l’été. Ce pouvoir accordéon lui permet de s’adapter. Si elle perd un peu en état une année, elle peut se rattraper la suivante et tout de même réussir à élever son veau. C’est l’une des trois races rustiques en France, avec la Salers et la Limousine. »
Commercialement, où en est-on aujourd’hui ?
A. B. : « Les tarifs de vente de la viande se sont bien améliorés et sont aujourd’hui raisonnables mais on se fait rattraper par les charges… Ces dernières années, en pourcentage, elles ont beaucoup plus augmenté que les prix de vente. C’est une filière qui se porte bien mais du fait de l’augmentation du GNR (gazole non routier) et de l’électricité, elle connaît certaines difficultés en ce moment. Les exploitations qui pratiquent la vente directe sont particulièrement impactées du fait du besoin d’énergie pour la transformation et la livraison. Vu le cours des animaux maigres pour l’Italie ou l’Afrique du Nord, il y a moins de différence de valorisation qu’avant entre un bovin engraissé vendu en direct et un bovin maigre exporté. »
Y a-t-il des problématiques sanitaires particulières ?
A. B. : « Quand on est dans la filière élevage, il faut toujours se tenir informé, suivre les évolutions des différentes maladies, appliquer les principes de précaution… On est obligé de s’adapter et d’essayer de se protéger au mieux. Beaucoup de maladies sont transmises par les insectes et le changement climatique nous montre, ces dernières années, qu’ils sont de plus en plus nombreux. Le risque que les maladies se propagent, voire que de nouvelles émergent est donc plus important. Ça implique une désinsectisation des animaux plus régulière et une surveillance plus importante pour les soigner tôt s’il y a des problèmes. Et évidemment, en ce moment la MHE (maladie hémorragique épizootique), parce qu’elle pose beaucoup de problèmes et qu’elle est difficile à soigner. Là, on est dans une période où le froid va nous aider à la gérer, mais on a l’inquiétude pour l’année prochaine. »
Quels sont les projets du syndicat pour cette nouvelle année ?
A. B. : « Cette année, on envisage d’installer des panneaux à l’entrée des fermes1. Si des éleveurs adhérents au syndicat sont intéressés, il faut qu’ils se manifestent rapidement. C’est un projet dont l’objectif est de mettre en valeur les élevages Aubrac ardéchois et le savoir-faire des éleveurs locaux. Au fond, ce qu’on veut c’est maintenir le lien entre grand public et éleveurs, avec toujours plus de transparence. Je pense que c’est dans cette direction qu’il faut aller. Parce qu’en Ardèche, on a des pratiques d’élevage qui sont très respectueuses, avec des animaux conduits de manière extensive. On n’a rien à cacher et les consommateurs ont beaucoup à apprendre et à découvrir en discutant avec ces éleveurs. Ces panneaux participent à la reconstruction de ce lien.
Parmi les projets, il y a également le concours inter-régional à Saugues en Haute-Loire. Les éleveurs du syndicat ardéchois donneront un coup de main pour l’organisation et on présentera aussi des animaux. Nous serons aussi présents au salon de l’agriculture ardéchoise. Et, en septembre, on organisera un week-end en Ardèche, ouvert aux adhérents des syndicats Aubrac, hors berceau de la race. »
Propos recueillis par Pauline De Deus
1 Panneaux indiquant la présence d'un élevage d'Aubracs d'un mètre de large et de 60 centimètres de hauteur, avec un cadre en bois et un toit.
Des nouvelles de l’Union Aubrac
Comme chaque année, une technicienne de l’union Aubrac était présente lors de l’assemblée générale. Elle a présenté les projets de l’union et notamment, l’agrandissement de la station nationale d’évaluation de la race Aubrac qui devrait intervenir dans les prochaines années. « On est la seule station en France où les animaux sont encore attachés », explique Perrine Ressouche, technicienne de l’Union Aubrac. Une aire paillée où les bovins seront en stabulation libre devrait ainsi voir le jour. Dans cette station, ce sont au total 140 veaux qui sont élevés pendant 6 mois, dans les mêmes conditions. Ils sont régulièrement pesés et mesurés pour évaluer les meilleurs veaux, qui seront ensuite vendus aux enchères. « On sélectionne beaucoup sur la rusticité, les aplombs, le bassin et également la croissance qui doit être régulière », explique Perrine Ressouche. Le 15 octobre dernier, trois veaux ardéchois ont intégré la station, ils venaient des élevages Blanc, Benoit et Ginier. Notez que l’Union Aubrac va prochainement ouvrir ses services aux non-adhérents, pour faire du conseil en élevage, sur la reproduction et la génétique. « On ne va pas parler d’alimentation ou de sanitaire », précise la technicienne.