INNOVATION
L’utilisation du drone au pâturage : une pratique d’avenir ?

Le drone pourra être demain un appui à la localisation et surveillance des troupeaux en élevage herbager.

L’utilisation du drone au pâturage : une pratique d’avenir ?
C’est essentiellement la localisation et l’observation d’animaux dans des parcelles pas trop éloignées, de grands îlots fourragers ou des zones difficiles d’accès que le drone présente le plus d’intérêts. ©Corinne Maigret et Idele

Un sondage de 2023, réalisé sur un panel de 2 000 éleveurs de ruminants par l’Institut de l’élevage, indique que 8 % d’entre eux sont déjà équipés d’un drone et que 19 % envisagent d’en utiliser ces prochaines années. Ceci justifie pleinement les investigations dans ce domaine.

Pour quelles utilisations en systèmes herbagers ?

C’est essentiellement la localisation et l’observation d’animaux dans des parcelles pas trop éloignées, de grands îlots fourragers ou des zones difficiles d’accès qui présente le plus d’intérêts. Cela permet de voir les animaux sans se déplacer : le zoom de la caméra peut visualiser correctement jusqu’à 1 à 2 km selon le matériel et la configuration du terrain. Il est alors possible de détecter des comportements anormaux comme une boiterie, surveiller une saillie, un vêlage ou agnelage. L’observation de l’état des pâtures, le niveau des abreuvoirs ou des cours d’eau peut aussi se faire ainsi. Dans ce contexte, l’éleveur peut s’épargner plusieurs déplacements par semaine en économisant temps et carburant. C’est d’autant plus vrai en relief accidenté où il faut faire parfois de nombreux kilomètres pour une parcelle située à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau.

Une prise en main facile mais une réglementation complexe

Techniquement le pilotage est facile. Une courte formation gratuite en ligne est accessible après un enregistrement officiel du matériel et de son utilisateur. Il faut passer du temps pour comprendre le cadre légal d’utilisation sur le plan des restrictions de survol (sites sensibles et protégés, zones militaires), mais aussi sur le plan environnemental. On ne peut pas voler par tous les temps (température, vent, pluie, brouillard ou neige …) ou sur des zones à obstacles, à faune sauvage ou activités humaines. Il y a aussi des risques de crash (oiseaux, fils électriques…), des réactions de peur des animaux face au drone, des conflits de voisinage. De nombreux points sont à étudier avant l’acquisition d’un drone. L’Institut de l’élevage propose ce printemps 2024 un guide d’utilisation gratuit et poursuit ses mesures d’impact et son travail d’amélioration de la technologie.

Gilles Gaphihan

Une demi-heure gagnée par jour
Victorine Perrin. ©Ferme de Jalogny
ELLE A DIT

Une demi-heure gagnée par jour

Victorine Perrin, Ferme de Jalogny (Saône-et-Loire).

« D’avril à fin octobre, je fais chaque jour le tour des parcelles pour surveiller et intervenir sur les différents lots de charolaises. Dans une vallée qui comporte plusieurs parcelles, j’utilise 3 à 4 fois par semaine un drone. Cela évite de prendre le 4X4, ouvrir et fermer les barrières pour accéder aux animaux. Cela m’économise une bonne demi-heure par jour. Le drone, à une hauteur de 50 à 70 m, permet de lire les boucles, de compter les bêtes, de voir le niveau des ruisseaux ou des abreuvoirs. La caméra thermique permet de repérer les jeunes veaux qui se cachent dans les haies. Très efficace, le drone ne se substitue pourtant pas aux interventions de visu qui constituent toujours l’essence même du travail de l’éleveur. »

Qu’est-ce qu’un drone ?

C’est un aéronef capable de s’élever et de circuler dans les airs sans équipage à bord. Il est composé d’un châssis, d’une batterie, d’un moteur, d’hélices et d’un contrôleur de vol. Il emporte avec lui une charge utile, ici une caméra. Il est relié au sol par une radiocommande avec écran intégré ou relié au téléphone. « Le drone ainsi équipé est une super paire de jumelles extrêmement mobile », souligne Adrien Lebreton responsable du projet drone à l’Institut de l’élevage. Son prix est variable selon les caractéristiques des équipements (drone plus ou moins puissant, caméra visible ou thermique, zoom de X4 à X56, qualité technique des images, neuf ou occasion) et va de de 500 €HT à 4 500 € HT.