ENJEUX
Formation et communication, les clés pour optimiser son recrutement

Alors que les organisations professionnelles agricoles (OPA) se dotent de nombreux outils pour entrer en contact avec de potentiels candidats, elles souffrent cette année d’un manque de main d’œuvre généralisé, aggravé par la crise sanitaire. 

Formation et communication, les clés pour optimiser son recrutement
Vincent Pestre, président de Graine d’emplois, guichet unique de l’emploi en agriculture dans le Rhône.

Des métiers en manque d’attractivité, une rémunération trop faible, des formations parfois peu adaptées aux besoins du terrain… Cette année, particulièrement, les offres restent sans preneurs, ou presque !

Des « vues » mais pas de CV

« Nous utilisons notre site agriemploi38.fr, nous nous servons aussi de la plateforme régionale nostalentsnosemplois.auvergnerhonealpes.fr, nous diffusons nos offres sur le site de l’Anefa l’agriculture-recrute.org et parfois même sur des moteurs de recherche d’emploi grand public… Pour autant, malgré les vues, très peu de CV nous parviennent. On a bien vu que ça ne suffisait pas ! » constate amer Lilian Poncet, responsable d’Agri Emploi 38. D’après lui, cette année a été particulièrement rude. « Il y a toujours des filières très tendues comme l’élevage laitier mais cette situation s’est généralisée à toutes les productions. Nous avons récemment diffusé une offre de conducteur d’engin qui a généré 800 vues mais obtenu zéro candidature. Nous n’avons jamais autant peiné pour recruter des trieurs de noix. Au moment où je vous parle, il nous en manque encore une dizaine », ajoute-t-il. Une question de rémunération ? « Sans doute, mais pas seulement, répond-il « Pour les permanents, les salariés partagés, les salariés « conforts » embauchés pendant des pics de travaux, il faut que l’on revoie la paie. Si les candidats n’ont pas le sentiment d’être payés à leur juste valeur, ils ne postulent pas et c’est normal », ajoute Vincent Pestre, président de Graine d’emplois, guichet unique de l’emploi en agriculture dans le Rhône, confronté aussi à des difficultés de recrutement de chauffeurs d’engins dans le Beaujolais.

La formation, le nerf de la guerre

L’élu reste persuadé qu’au-delà du manque d’attractivité des métiers agricoles, l’enjeu principal réside dans la formation. « Dans le Rhône, un de nos grands succès a été de faire comprendre à l’administration que l’emploi pouvait passer par des formations plus courtes « ad hoc » pour répondre à des métiers très précis. Les futurs candidats sont alors tout de suite opérationnels et par la suite, s’ils souhaitent peaufiner leurs connaissances, rien ne les empêche de suivre une formation plus longue et plus poussée. En attendant, ils ont déjà mis le pied à l’étrier et ont pu répondre aux besoins du terrain… », illustre-t-il. En Saône-et-Loire, ce besoin de formation se fait, par exemple, ressentir en filière caprine, qui se structure peu à peu mais qui peine à recruter des profils compétents. « Il y a de plus en plus de demandes mais nous manquons de formations », témoigne Cécile Parent, responsable du groupement d’employeurs Agri Emploi Rural 71 qui s’associe depuis quelques années au Rallye des OPA organisé par les jeunes agriculteurs du département. « C’est l’occasion pour nous de se montrer et de présenter nos services aux élèves et stagiaires agricoles à qui on donnera peut-être l’envie de postuler à nos offres plus tard… »

De la vulgarisation et de la communication

Des événements comme celui-ci, les OPA en département en organisent ou y participent régulièrement, conscientes du travail qui reste à faire sur la vulgarisation des différents types de contrats existants. « CDI annualisé, CDI intermittent, CDI au forfait… Quand on ne connaît pas, on est vite perdu. C’est important de l’expliquer pour attirer plus de monde. Tout cela passe par de l’animation, de la vulgarisation et de la communication mais nos moyens humains sont limités pour vraiment faire bouger les lignes… », regrette Lilian Poncet. La semaine du salariat, qui aura lieu dans le Rhône du 18 au 22 octobre, compte cette année associer un maximum de salariés en poste pour parler de leur métier. « Ils sont nos meilleurs ambassadeurs. Par leur voix, il faut qu’on arrive à casser l’image du salarié modèle qui reste à un seul poste toute sa vie. Aujourd’hui, les métiers ont changé, les opportunités sont nombreuses… », ajoute Vincent Pestre. Dans un contexte de crise sanitaire, qui « a sans doute joué dans la balance », et un marché de l’emploi ultra-compétitif, « on arrive à fidéliser nos CDI mais on perd très vite nos CDD. Il y a un effet "zapping" hyper-important sur ces contrats », analyse Lilian Poncet. Ce qui demande beaucoup plus d’efforts aux OPA pour enrayer ce phénomène et « limiter les dégâts ».

Alison Pelotier