RURALITÉ
Les maires ruraux ne veulent plus de déserts médicaux

L’association des maires ruraux de France (AMRF) qui fête en 2021 son cinquantenaire a organisé son congrès dans l’Yonne sur le thème « La femme, la commune et la République ». L’occasion pour le gouvernement de réaliser son 3e comité interministériel à la ruralité.

Les maires ruraux ne veulent plus de déserts médicaux
Le Premier ministre Jean Castex au 50 ème congrès de l'association des maires ruraux de France (AMRF), le 29 septembre à Villevallier dans l'Yonne.

Collusion et coïncidence du calendrier. À quelques jours de la célébration du 30e anniversaire du Dimanche des terres de France (29 septembre) qui a vu défiler près de 300 000 ruraux à Paris, l’association des maires ruraux de France (AMRF) tenait son 50e congrès à Villevallier (Yonne), en présence d’une délégation du gouvernement emmenée par le Premier ministre. L’occasion de faire le point sur l’agenda rural, fort de 181 propositions, officiellement lancé le 22 septembre 2019. Il s’appuyait sur quatre grands objectifs : faire des territoires ruraux les fers de lance de la transition écologique, renforcer leur attractivité, améliorer la vie quotidienne des habitants, appuyer les élus locaux dans leur action. Cette feuille de route rurale a été suivie de trois comités interministériels à la ruralité qui ont permis la mise en place de quelques mesures comme la création de 323 France Services supplémentaires labellisées, ce qui porte leur nombre à 856 et le déblocage de 5 milliards d’euros (Md€) au titre du plan de relance. Mais « que ce soit dans le domaine de l’emploi, de l’école, de la santé ou encore de la mobilité (…), le compte n’y est pas », a lancé le président de l’AMRF, Michel Fournier, au Premier ministre, Jean Castex.

« La prunelle de nos yeux »

Michel Fournier a dénoncé dans son discours plein de « franchise », la « bombe à retardement que constitue l’accès aux soins » dans les campagnes. « La santé est la véritable oubliée de l'agenda rural », a affirmé Michel Fournier. Car les écarts en matière d'accès aux médecins (généralistes ou spécialistes) ont tendance à s'aggraver au détriment du monde rural. Selon une étude que l’AMRF avait publiée en septembre 2020, « pas moins de 10 millions d'habitants vivaient dans un territoire où l'accès aux soins est de qualité inférieure à celle de la moyenne des territoires français ». Parmi les régions les plus touchées : Centre, Champagne-Ardenne, Auvergne (hors Puy-de-Dôme) et Bourgogne. L’étude montrait aussi « une forte polarisation de la médecine générale autour des centres universitaires les plus anciens et une concentration des médecins spécialistes dans les métropoles attractives ». Ce qui « condamne ainsi au déclassement des pans entiers du territoire », a ajouté l’association des maires ruraux. En réponse à l’appel du pied de Michel Fournier, le Premier ministre, Jean Castex, qui s’est présenté comme « un élu de la ruralité », a rappelé la levée du numerus clausus des études médicales. « Nous mettons le paquet sur la santé publique », a-t-il certifié, ajoutant que « la ruralité est une force pour la France ». Soulignant que 92 % des concitoyens considèrent la France rurale comme la plus agréable à vivre, et que 80 % des communes rurales sont en croissance démographique, « il a appelé les Français et les maires à préserver les agriculteurs comme la prunelle de nos yeux ».

Christophe Soulard