Les élus et partenaires de la chambre d’agriculture de l’Ardèche, réunis le 29 novembre, ont échangé notamment sur l’évolution de l’installation/transmission en 2023 et le dispositif de non protégeabilité partielle des troupeaux dans le cadre du plan loup.

Élus et partenaires réunis en session
De gauche à droite : Les vices-présidents de la chambre d'agriculture Sylvain Balmelle et Christel Cesana, le directeur de la DDT Jean-Pierre Graule, le président de la chambre Benoit Claret, son directeur Olivier Durant, le vice-président du Département Matthieu Salel et le vice-président de la chambre Sylvain Bertrand. ©AAA_AL

Installation/transmission : une évolution globalement satisfaisante

Les tendances 2023 de l’installation agricole s’inscriraient dans la même dynamique que les années précédentes, a indiqué Sylvain Balmelle, vice-président de la chambre d’agriculture et élu référent. Pour l’heure, 28 dossiers de création d’entreprise (67 en 2022) ont été présentés pour la dotation Jeunes agriculteurs (DJA) et une dizaine de dossiers en cours de finalisation le seront d’ici le 1er semestre 2024 parmi une centaine de dossiers en file active. Avec plus de 650 dossiers présentés pour DJA en 2023 (976 en 2022), la nouvelle réglementation, pilotée par la Région Auvergne Rhône-Alpes (mesure n°101) pour 2023-2027, a entraîné « une baisse normale du nombre de dossiers », ajoute l’élu. « 2024 devrait retrouver un profil normal. » Cette nouvelle réglementation s’appuie sur « trois premiers critères de sélection décisifs » : l’autonomie du projet d’installation au regard des moyens de production, sa cohérence globale et le revenu professionnel global dégagé en fin de plan d’entreprise (PE). Sur la transmission, les tendances ont évolué de manière « atypique », avec une répartition moyenne de cadre familial et hors cadre familial respectivement de 70 % et 30 %.

Autre tendance significative sur les projets de création/transmission d’entreprise, la part de dossiers pour la filière bio qui chute à 22 % en 2023 (60 % en moyenne ces dernières années). Au global, les projets concernent en majorité des productions animales, avec tout de même une dizaine de projets de productions végétales.

Les élus ont échangé également sur les outils de conciliation permettant de conserver des autorisations d’exploitation, les problématiques de déprise agricole, de mitage, d’artificialisation des sols… Sur ces thématiques et bien d’autres, « l’installation et la transmission sont un élément stratégique », a rappelé Sylvain Balmelle, qui reste prudent : « Nous veillons à implanter des productions qui correspondent aux terres ».

Vulnérabilité et non protégeabilité des troupeaux

« La prédation, nous demander des modifications et un changement radical de nos pratiques d’élevage, est une situation complexe et inacceptable », a déclaré le président de la chambre, Benoit Claret, à la suite de la présentation du futur plan national d’actions sur le loup et les activités d’élevage (PNA). « Parmi les évolutions notables au niveau départemental, on a une meilleure connaissance de l’espèce, voire des données… C’est la première fois qu’on parle de la possibilité de réévaluer le statut de protection du loup. Une porte s’entrouvre peut-être », indique Dominique Laffont, vice-président de la chambre et élu référent. Il faudra attendre 2024 pour voir les principales évolutions annoncées, a rappelé le directeur de la DDT, Jean-Pierre Graule. Sur l’année, la responsabilité du loup a été retenue pour 13 attaques, principalement sur le Coiron et le plateau ardéchois, et « 7 indices de présence indirecte, dont une retenue loup et une autre en cours d’analyse », ont été recensés, précise Dominique Laffont. « L’expertise est un outil à déployer à chaque fois. 50 % des expertises montrent que les attaques ne sont pas dues au loup », informe le directeur de la DDT.

La chambre est engagée pour la protection des troupeaux et a entrepris une démarche de demande de reconnaissance de non protégeabilité partielle des troupeaux ardéchois. Reconnue dans le PNA pour des situations particulières où le troupeau ne peut être protégé, cette reconnaissance de non protégeabilité permettrait « d’assurer aux éleveurs d’être indemnisés dans tous les cas, quels que soient les secteurs et les animaux touchés, et de leur assurer d’avoir des autorisations de tirs de défense », explique Jessica Fressard, animatrice et accompagnatrice de projets pastoraux à la chambre. « C’est une démarche disponible, mais pas explorée et déployée pour le moment », ajoute Benoit Claret. Réalisées par la chambre et financées intégralement en cercle 1 et 2 dans le cadre du Plan stratégique national relevant de la Pac 2023-2027, des analyses de vulnérabilité sont en cours dans le but d’anticiper l’installation durable du loup en accompagnant les éleveurs dans la protection et d’étudier le recours au dispositif de non protégeabilité.

A.L.

Accompagner l’agriculture sur l’aménagement de la vallée de Rhône
Michel Ribert, délégué territorial Rhône Saône Isère de la CNR, et Guénaëlle Corbin, référente agriculture. ©AAA_AL
CNR

Accompagner l’agriculture sur l’aménagement de la vallée de Rhône

Cette session a été l’occasion de présenter l’action partenariale de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) avec la chambre d’agriculture, dans le cadre d’un plan 5Rhône. 

Un plan 5Rhône est un programme spécifique de missions d’intérêt général déployé sur 5 ans avec des acteurs territoriaux pour l’aménagement de la vallée du Rhône, en matière de développement économique et de transition écologique. Sur le volet agricole, divers axes stratégiques ont été identifiés dont ceux de l’accompagnement à une irrigation durable et à la transition agroécologique, ainsi que l’efficacité des systèmes d’irrigation et le bilan énergétique des exploitations.

Présentée en session chambre en présence de Michel Ribert, délégué territorial Rhône Saône Isère de la CNR, et Guénaëlle Corbin, référente agriculture, l’action partenariale de la CNR avec la chambre d’agriculture se déploie notamment dans le cadre du projet « Eco d’eau », qui vise à apporter des références agronomiques locales et du conseil sur la résistance au sec des cultures et des systèmes d’exploitation, ainsi que sur l’utilisation économe de l’eau d’irrigation. « Nous avons déjà des compétences en termes d’agronomie et d’économie d’eau mais nous avons besoin d’objectiver, de vulgariser et de monter en compétences », a expliqué Sylvain Bertrand, vice-président de la chambre et élu référent dans ce domaine. Deux réseaux de parcelles expérimentales, de suivis et de démonstrations seront mis en place avec le soutien de la CNR. Ils permettront d’apporter des conseils stratégiques intégrés aux accompagnements de la chambre pour les différentes productions du territoire et les cultures « sèches », afin de limiter le recours à l’eau et renforcer la performance climatique des exploitations.

Ce partenariat s’inscrit aussi dans le cadre du projet Dephy des Côtes du Rhône Septentrionales, dont l’objectif est d’aider les viticulteurs travaillant sur fortes pentes à adopter des pratiques alternatives à l’utilisation du désherbage chimique : paillage, enherbement, mulch, engrais verts, etc. « Des défis majeurs se présentent à nous », a rappelé Christel Cesana, vice-présidente de la chambre, rappelant les récentes évolutions réglementaires liées à l’utilisation de produits phytosanitaires, la pénibilité des travaux des systèmes viticoles en fortes pentes, l’impact du changement climatique sur les rendements et les problématiques d’érosion.

Sur le plan touristique aussi, la CNR soutient le développement de l’offre agritouristique, notamment l’offre adaptée à la clientèle des croisiéristes naviguant sur le Rhône et des cyclistes. Une première phase d’état des lieux, de mises en relation et d’analyse d’opportunités a été réalisée en 2023 et un plan d’action pluriannuel co-construit avec les partenaires touristiques sera déployé pour 2024-2027.

A.L.

MOTION

Accompagner les producteurs de cerises

Lors de cette session, une motion a été votée concernant l’accompagnement des producteurs de cerises. « On nous avait proposé un plan d’accompagnement qui n’est pas adapté à l’Ardèche », a expliqué la vice-présidente de la chambre, Christel Cesana. « Ce n’est pas la cerise qui est complexe, c’est l’impact que peut avoir la suppression de matière active sur une production essentielle de notre département. » Cette motion réclame que « l’aide de crise déployée par le gouvernement en novembre pour les filières cerises et noix puisse englober tous les producteurs ardéchois de cerises, sans taux de spécialisation ». Pour l’heure, cette aide s’applique aux exploitations ayant un taux de spécialisation de 25%, au moins 20% de pertes économiques pour 2023 et dont la viabilité économique est menacée. Les élus demandent qu’une aide supplémentaire forfaitaire sur toutes les surfaces de cerisiers soit attribuée pour tenir compte des surcoûts de production (main-d’œuvre de tri et de mise en place des mesures de protection), que l’enveloppe nationale (de 10 millions d’euros) soit augmentée tant que nécessaire, que l’aide soit renouvelée tous les ans tant que des solutions ne soient pas trouvées et que l’application de la clause miroir soit renouvelée et étendue à la filière cerise industrie. Enfin, une dernière demande porte sur « la mise en place de solutions techniques efficaces économiquement compétitives et socialement acceptables pour les agriculteurs pour la prochaine campagne et annoncées au plus vite pour permettre à toute la filière de s’organiser au mieux ».