ESTIVE
Un millier de brebis sur la montagne du tonnerre

Mylène Coste
-

Pendant trois mois, plus de 1 200 brebis venues d’une quinzaine d’élevages vont pâturer sur le massif du Tanargue, l’une des seules estives collectives du département.

Un millier de brebis sur la montagne du tonnerre
Au début du XXe siècle déjà, les éleveurs ardéchois montaient avec leur brebis sur le massif du Tanargue une fois l'été venu. crédit photo Céline Charbonnier

Le groupement pastoral du Tanargue, c’est d’abord l’histoire d’une lutte. Au milieu des années 1980, alors que l’ONF lance un projet de reboisement du massif, les éleveurs du secteur se mobilisent. L’estive qui existait de manière informelle se structure autour des éleveurs du secteur pour le maintien du pastoralisme sur celle que l’on appelle la montagne du tonnerre. « C’était un besoin vital pour les éleveurs ! », raconte André Audibert, éleveur de 75 ans et ancien président du groupement. L’été, alors que les terres de bas de vallée sont jaunies par la chaleur, les prairies d’altitude offraient de l’herbe riche aux troupeaux du secteur. Dans les années 1980, les éleveurs ont finalement obtenu gain de cause : le reboisement a été limité et les prairies ont perduré. Quarante ans plus tard, ils sont encore une quinzaine à transhumer jusqu’à l’estive du Tanargue.

La transhumance au Tanargue : une tradition

D’ici quelques jours, la transhumance va commencer. Éleveurs et brebis passeront par les communes de Saint-Andéol-de-Vals, Vals-les-Bains et Labégude, avant de couper à travers les bois pour rejoindre le massif et l’estive, basée sur les communes de Laboule, Valgorge et La Souche. Parmi les éleveurs qui participent à transhumance à pied, le doyen, André Audibert, et ses quelques brebis, mais aussi le président du groupement, Franck Charbonnier, et sa femme Céline. Pour cette dernière, la transhumance au Tanargue est même une tradition familiale. Ses parents et grands-parents emmenaient déjà leurs brebis en altitude. « Mon grand-père a même été berger », ajoute-t-elle.  

Deux bergers sur l'estive

Cet été, ils seront deux à veiller sur le millier de brebis mises en pension sur le Tanargue. Maël et Jérémy passeront les trois mois d’été sur l’estive, logés dans une cabane pastorale récemment rénovée. « Au moindre souci, ils peuvent nous appeler », assure Céline Charbonnier. Comme tous les éleveurs du groupement, elle a prévu de monter sur l’estive dans l’été pour aider les bergers pour les soins aux animaux. L’autre inquiétude de l’été est évidemment la prédation. « C'est un gros changement dans la manière de travailler », atteste Sylvain Joly, éleveur à Saint-Andéol-de-Vals et membre du groupement. Sans chien de protection, les éleveurs vont devoir regrouper chaque soir le troupeau autour du chalet, en espérant que cela suffise.

P.D.-D.