QUESTIONS À
« Faute de main-d’œuvre, certains se résignent à ne pas récolter »

Christophe Claude, directeur général de Rhoda-Coop et de la cave de Saint-Désirat.

« Faute de main-d’œuvre, certains se résignent à ne pas récolter »
Olivier Dussopt et Christophe Claude

Cet été encore, il vous a été difficile d’embaucher ?

Christophe Claude: « Cela fait déjà 4 ou 5 ans que nous peinons à recruter des saisonniers. Cet été, sur notre pic d’activité de juillet, nous avions 350 personnes réparties entre nos sites de conditionnements à Saint Rambert d’Albon, Tournon et Beauchastel. Jusqu’ici on embauchait beaucoup d’étudiants, mais depuis quelques années, on se demande où ils sont passés ! Pourtant, les conditions sont plus agréables qu’en plein champ, puisqu’on est dans un hangar climatisé… C’est un enjeu très important pour le secteur agricole, qui utilise énormément de main-d’œuvre (MO). La MO représente 70 % du prix de revient en pêche, tandis que pour 1 ha de Saint-Joseph, on a besoin de 350 h de travail ! »

La gestion de la MO est aussi tributaire du climat ?

C.L. : « Oui, c’est ce qui a rendu les récoltes d’autant plus compliquées à gérer cette année, avec une saison très précoce et des maturités qui sont toutes arrivées en même temps. Il a fallu ramasser de très gros volumes en un temps réduit. Le problème de pénurie de MO touche tous les secteurs d’activités mais à la différence du restaurateur, qui peut fermer ses portes, les agriculteurs ne peuvent pas se permettre de ne pas ramasser leurs fruits. Pourtant, c’est malheureusement ce qui se passe parfois : certains agriculteurs se résignent à ne pas ramasser. L’un de nos adhérents m’a confié qu’il avait renoncé à ramasser 1 ha de fraises faute de MO, et envisage de réduire sa production l’an prochain. »

Comment fait-on pour attirer des saisonniers ?

C.L. « Il y a le salaire mais aussi tout le reste, comme le logement. A Rhoda-Coop, nous venons de rénover un logement qui a permis d’héberger 5 saisonniers tout au long de la saison. Nous avons aussi embauché deux contrats d’apprentissage à la cave.

Comment s’est déroulée la saison des fruits d’été ? 

C.L. : « La production a payé un lourd tribut à la chaleur et au  manque d’eau, en abricot et dans une moindre mesure en pêche, nos deux principales productions. La qualité était là, mais les volumes ont diminué. Le marché a toutefois été porteur avec une bonne consommation, à l’inverse de l’an dernier. En pomme et poire, on a aussi la problématique du coût de l’énergie puisque nous faisons du stockage en chambre froide. Nos couts de production vont exploser, sans garantie que les prix suivent. Quant aux vendanges, on est plein d’espoir avec une belle qualité mais des volumes qui pourraient pâtir du manque d’eau. »

Propos recueillis par Mylène Coste

Christophe Claude
Christophe Claude