VITICULTURE
Capteurs embarqués sur smartphone : quelles utilités ?

Amandine Priolet
-

NUMÉRIQUE / Les nouvelles technologies au service de l’agriculture ne cessent de se développer. Lors d’un webinaire organisé en mai dernier, Inno’vin a présenté les différents outils d’aide présents sur le marché à destination des viticulteurs.

Capteurs embarqués sur smartphone : quelles utilités ?
Ekylibre, via son système d’information Ekyviti, dispose d’un assistant vocal permettant de saisir en temps réel différentes données (crédit photo : Ekylibre).

Applications et capteurs smartphones n'ont cessé de s'améliorer ces dernières années pour assister la viticulture et l'œnologie. Une voie de développement intéressante quand on sait que 85 % des viticulteurs sont aujourd’hui équipés de smartphone. Ces téléphones sont équipés d’une quinzaine de capteurs, dont les principaux sont la caméra et le microphone. Sur les modèles de smartphone adaptés aux professionnels, il est également possible de trouver des capteurs pour mesurer la qualité de l’air, une caméra thermique, un laser de mesures, etc.

Les applications, gratuites en grande majorité, peuvent aussi bien intéresser la viticulture que les autres secteurs agricoles. Les capteurs internes proposent des utilisations diverses : pour identifier les adventices, ravageurs ou maladies, pour mesurer entre autres le nombre de baies ou la qualité de pulvérisation, pour partager ses observations terrain ou pour suivre le tracé du tracteur ou du piéton et assister au guidage. « Un smartphone est un réel outil d’aide à la décision avec un ensemble de capteurs de plus en plus performants et variés. De nombreuses perspectives sont possibles grâce à des capteurs externes pouvant diversifier les usages et augmenter les performances », explique Pauline Jouzier, ingénieur en technologies numériques pour l’agriculture chez Bordeaux Sciences Agro. Pour toute utilisation, il convient simplement de porter une attention toute particulière sur les applications en question afin de s’assurer d’utiliser un outil d’aide viable et pérenne.

Des applications collaboratives

D’autre part, les applications de diagnostic des maladies recèlent d’une importance reconnue, par le biais des capteurs photos. « L’application numérique et les programmes sur smartphone peuvent pallier le manque d’experts en pathologie et en identification des maladies des plantes cultivées », prévient Jean-Marc Armand, assistant ingénieur à l’Inrae, spécialisé sur les applications informatiques. La plateforme Ephytia est un mode collaboratif agrégeant les connaissances sur la santé des plantes. Plus de 30 000 images sont répertoriées pour près de 12 000 fiches descriptives. Cet outil d’aide à l’identification par l’image permet de répondre au challenge d’assister les agriculteurs à identifier une maladie sur leurs parcelles de fruits, légumes, vignes. « Nos outils existent depuis 2012. Nous sommes en quelque sorte des pionniers dans le domaine d’agrégation de transfert de connaissances à travers les applications mobiles », rappelle Jean-Marc Armand. Parmi les cas concrets, la surveillance depuis 2016 de la punaise diabolique à travers une application mobile, a permis de faire remonter les données aux experts, et plus largement au ministère de l’Agriculture. « Les performances des capteurs photo des smartphones et notamment l’aide à la prise de vue et les fonctions de mises au point permettent de faciliter la transmission des connaissances et des savoirs grâce à l’image. Cela offre également une meilleure illustration et plus de précisions sur la description des symptômes et des signes favorisant la pertinence du diagnostic par les utilisateurs. Cela permet donc une facilité de gestion pour la validation des données collectées pour les experts », explique Jean-Marc Armand.

L’intelligence artificielle aide le monde agricole

Par ailleurs, plusieurs applications mobiles d’identification des plantes sont disponibles, comme c’est le cas de Pl@ntnet. « Au-delà du diagnostic, les réseaux d’épidémiosurveillance sont de ce fait plus réactifs et les invasions plus rapidement identifiées et validées. Les futurs outils d’identification assistés par intelligence artificielle sont plus performants du fait de la bonne définition des images et de la qualité des prises de vues », conclut-il.

Enfin, parmi les solutions en cours de développement, Ekylibre propose un système d’information en temps réel pour le monde viticole « Ekyviti » avec assistant vocal. Précommercialisé au dernier trimestre 2020, cet outil permet de saisir différentes données pour la traçabilité : gestion du parcellaire, géotracking des équipements, alertes à l’approche des zones de non-traitement, etc. Une solution de gestion intelligente de la vigne jusqu’au chai qui propose d’obtenir des données météorologiques, de lancer un minuteur, de savoir si un produit phytosanitaire est autorisé en bio et d’en obtenir les dosages réglementaires, de gérer ses stocks, d’enregistrer une intervention, etc. « En tant que capteur sonore, le smartphone offre une disponibilité permanente avec un microphone intégré permettant de retranscrire la parole en texte », prévient Manuel Labous, en charge du développement de ce système.

Amandine Priolet

NOTEZ-LE / Un spectromètre optique pour l’analyse chimique

Faire de l’analyse chimique par spectrométrie optique, c’est ce que propose Alphanov et GoyaLab depuis leur collaboration en 2018. Cet outil, compatible avec un smartphone, permet de sonder la composition chimique des objets et matériaux, sans contact, au travers d’un flacon. « Il permet aussi de faire la détection de contaminants ou de certains produits à l’état de trace », annonce Thomas Kuntzel, président de GoyaLab. Ce spectromètre ultracompact, appelé l’IndiGo, se connecte sur le smartphone qui sert de lecture. Il est conçu de manière modulaire, de façon à mesurer en transmission, réflexion, absorption ou en fluorescence. Il est ainsi possible, entre autres, d’évaluer la maturité des baies de raisin, en prédisant le taux de sucre et d’anthocyanes. « La spectrométrie optique est une méthode puissante et aujourd’hui très abordable pour l’analyse chimique dans le domaine agri-agro. Les produits de GoyaLab sont modulaires, extrêmement compacts et faciles d’utilisation, permettant à des nombreuses applications de se développer. La connectivité et la compatibilité sur smartphone en font des outils adaptés à tous types de métiers pour tous types d’environnements », conclut Arnaud Zoubir, ingénieur chez Alphanov.

A.P.

Un webinaire à découvrir sur : https://youtu.be/4upgkh_5NUI