UNE EXPLOITATION PRÈS DE CHEZ VOUS

Le vin, histoire de famille, histoire de fratrie

« Autrefois, mes grands-parents cultivaient ici de la vigne, mais aussi du tabac, des framboises et des fruits, dans un système de polyculture. Mon père Alex a progressivement abandonné les différentes cultures pour ne plus se consacrer qu’à la vigne et développer la mise en bouteille », raconte Audrey Biscarat.

Ce n’est peut-être pas un hasard si la naissance de la jeune femme coïncide avec l’installation de son père sur l’exploitation, en 1986. Celle-ci semble avoir la passion chevillée au corps, et la vigne dans la peau. « J’ai toujours voulu travailler dans le vin. J’ai obtenu un diplôme d’ingénieur en agronomie et d’œnologue à Montpellier, et me suis installée en 2015, à l’âge de 28 ans. Mon frère Simon m’a rejointe dans cette aventure en 2020. » À chacun son domaine : Simon s’occupe des travaux mécanisés, de la commercialisation et des livraisons, tandis qu’Audrey se consacre aux travaux manuels (taille, ébourgeonnage, palissage…) et à la gestion des salariés, ainsi qu’à la vinification en cave. « Nous sommes toutefois très polyvalents », souligne la jeune vigneronne.

Des pratiques culturales vertueuses

La jeune génération de vignerons place l’environnement au cœur de ses préoccupations. « En tant que vignerons indépendants, nous traitons en direct avec nos clients qui sont de plus en plus exigeants sur ces aspects, estime Audrey Biscarat. Cela nous pousse à aller plus loin en la matière. » En Ardèche, le Domaine Cassagnole fut l’un des pionniers de la certification HVE (haute valeur environnementale), dès 2017. La fratrie Biscarat n’exclut pas de passer au bio : « Nous en prenons le chemin. Ce n’est pas évident, mais il ne nous manque pas grand-chose ! »

Aujourd’hui, Audrey et Simon ont quasiment banni l’usage de désherbants chimiques sous le rang : « Nous ne désherbons qu’un rang sur quatre ; tout le reste est travaillé avec un intercep, précise Audrey Biscarat. Nous avons également investi dans une épampreuse mécanique pour réduire encore l’usage de la chimie. Là où il est impossible, nous laissons des bandes enherbées. Elle poursuit : Cette année, outre l’enherbement spontané, nous avons testé les couverts végétaux semés, en sélectionnant des espèces peu gourmandes en eau, principalement des fétuques. »  

La cave, terrain de jeu préféré d’Audrey Biscarat

Si Audrey Biscarat aime le travail au champ, c’est dans le travail en cave que cette œnologue de formation prend le plus de plaisir. « Avec la diversité des sols que comporte le domaine, nous avons la chance de pouvoir cultiver une palette de 11 cépages en IGP Ardèche. Cela nous permet d’élaborer des assemblages originaux. » Et elle n’est jamais en manque d’idées pour imaginer de nouveaux vins. « Je me régale dans le travail de vinification, qui a un côté très créatif. J’essaie de donner une personnalité à chaque cuvée : c’est un peu la marque de fabrique de la maison. » Chaque cépage est vinifié et élevé séparément, avant la réalisation des assemblages. Le prochain défi d’Audrey Biscarat ? « J’essaie cette année un vin orange, pour le plaisir ! J’aimerais aussi essayer l’élevage en amphore. » 

Des débouchés perturbés par la crise sanitaire

Côté débouchés, « nous vendons tout nous-mêmes, précise la vigneronne. Nous travaillons avec des cavistes, grossistes, restaurateurs et particuliers, en vente directe et via les salons. Nous ne faisons pas d’export. » Comme de nombreuses caves indépendantes, le Domaine Cassagnole a pâti de la crise sanitaire. « La fermeture des restaurants, la baisse de fréquentation touristique et l’annulation des salons ont porté un coup à nos ventes. Il a fallu trouver de nouveaux débouchés localement chez des cavistes, magasins de producteurs et grandes surfaces. Nous avons globalement réussi à compenser les pertes en volumes, mais pas en valeur puisque nous avons vendu moins de bouteilles et davantage de Bib. »

Suite aux violents épisodes de gel du mois d'avril, « nous avons été touchés sur l'ensemble du vignoble, déplore Audrey Biscarat. Nous estimons avoir perdu les deux tiers de la récolte. »

Mylène Coste