IRRIGATION
« Pouvoir réagir face à une panne le plus rapidement possible »
La chambre d’agriculture de l’Ardèche organise une formation pour comprendre et maîtriser le fonctionnement électrique d’une station de pompage. Entretien avec Cédric Pinard, formateur en installation électrique basé à la MFR Dax-Oeyreluy (Landes), qui animera cette session de formation.
Dans quel but est-il intéressant pour un exploitant agricole d’acquérir une base de connaissance sur le fonctionnement électrique d’une station de pompage ?
Cédric Pinard : « C’est un enjeu stratégique primordial pour pouvoir réparer des pannes simples rapidement. On modernise de plus en plus les systèmes d’irrigation, et il y a des services techniques qui peuvent intervenir en cas de panne mais ils sont souvent débordés, particulièrement de juin à septembre. Et sur cette période, en cas de canicule, un manque d’irrigation sur une exploitation agricole pendant 24 heures pourrait stopper la croissance des cultures, voire faire perdre quasiment l’intégralité de la production. Un agriculteur qui utilise un système d’irrigation doit donc être absolument capable de pouvoir réagir face à une panne le plus rapidement possible. Pour cela, il faut un minimum de connaissances et de pratique. Dans le cas où un électricien ne peut pas se déplacer mais donne des indications par téléphone, cela leur permet aussi de comprendre ce qu’ils font et à quoi cela sert. »
Sur quels types de panne l’agriculteur peut intervenir ?
C.P. : « La panne la plus fréquente et assez simple à diagnostiquer, c’est celle d’un contacteur. C’est un composant électrique qui gère du 400 volts et du 115 volts et permet de piloter par exemple les avancements des pivots ou l’alimentation des pompes pour l’irrigation. Il se compose d’une bobine qui s’use et se coupe avec le temps. Il peut être intéressant par exemple de savoir diagnostiquer le bon fonctionnement du contacteur, analyser l’état de la bobine, savoir le démonter et le remplacer. »
Comment se déroule la formation concrètement ?
C.P. : « C’est une formation accélérée organisée sur trois jours. La première journée est axée sur la compréhension d’un schéma électrique, car on ne peut pas diagnostiquer une panne si on ne sait pas lire un schéma. C’est lui qui donnera la logique de fonctionnement de l’installation, et du moment que l’on sait comment elle fonctionne, on sait la contrôler. L’objectif est que chaque participant crée son propre schéma en fin de journée. La seconde journée vise à concevoir son propre système électrique d’après son schéma, avec du matériel que je mets à disposition, en utilisant des voyants à la place des moteurs d’irrigation. S’il y a des coquilles dans le schéma, il y en aura sur la conception, donc le but est de comprendre où et comment on s’est trompé, trouver la panne. La troisième journée se déroule sur une exploitation, où des pannes et de vraies pièces défectueuses ont été posées sur les installations électriques. Les participants doivent en conditions réelles diagnostiquer l’intégralité de l’installation, la réparer et la remettre en fonctionnement. »
Apportez-vous des éléments concernant l’entretien des installations électriques, en matière de prévention ?
C.P. : « J’aborde la synoptique logique du fonctionnement d’une installation : pour qu’un appareil fonctionne, il doit passer par différentes étapes. Le point le plus important en matière de prévention est de resserrer l’intégralité des vis dans toutes les armoires électriques avant une campagne d’irrigation, pour limiter le risque de panne voire plus grave d’incendie. Quand il fait chaud l’été et froid l’hiver, l’acier d’un système électrique se dilate et les vis se desserrent naturellement dans le sens inverse de la contrainte. Les fils, bien positionnés, ne font plus contact. Plus grave, ils peuvent s’enflammer et provoquer des étincelles puisque le contact se fait difficilement, ce qui peut générer un incendie. »
Propos recueillis par A.L.
Session de formation
« Se dépanner en électricité irrigation - stations de pompage » : les 6, 7 et 9 février 2024 à Privas.
Durée de la formation : 21 heures en présentiel (horaires : de 9 h à 12 h et de 13h30 à 17 h).