EXPÉRIMENTATION

Un démonstrateur agrivoltaïque dynamique au lycée agricole de Lyon-Dardilly

Le démonstrateur agrivoltaïque dynamique du lycée agricole de Lyon-Dardilly (Eplefpa) se partage en trois modules (pépinière, fraises en agriculture biologique en plein champ et framboises hors sol en conventionnel), avec à chaque fois une partie en zone témoin, c’est-à-dire sans panneau photovoltaïque et l’autre couverte avec des panneaux, dont la production d’électricité est intégralement revendue à EDF (puissance de 230 kWc). Les poteaux supportant les 500 panneaux photovoltaïques permettent également la fixation de filets paragrêle, anti-mouches et anti-pluie. Tous les panneaux solaires sont mobiles, trackers, c’est-à-dire qu’ils s’inclinent selon des algorithmes définis en fonction du soleil et selon des capteurs qui mesurent la luminosité, la température, l’hygrométrie et l’état de stress hydrique des plantes. Depuis le printemps dernier, les cultures bénéficient ainsi d’un ombrage piloté et sont protégées des aléas climatiques.

Plusieurs objectifs

Avec le soutien de plusieurs partenaires techniques et financiers¹, la CNR vise plusieurs objectifs à travers ce projet : gérer durablement la gestion en eau, favoriser l’adaptation des cultures agricoles au changement climatique, valoriser la production d’énergie renouvelable et apporter des retours d’expériences à la filière et aux professionnels. Et quelques mois après la mise en route de ce démonstrateur, de premières observations entre les cultures sous dispositif agrivoltaïque et cultures en zones témoins ont été remontées. « Nous avons noté une baisse d’environ 45 % de l’irrigation pour les framboises, des températures plus fraîches sous les panneaux : jusqu’à 7,5 °C de moins dans les pots des plantes de la pépinière et jusqu’à 14,8 °C de moins dans le sol pour les fraises (par rapport à la température au sol des fraises sous tunnel). On a par ailleurs constaté un calibre plus important en fraises et des framboises plus colorées sous les trackers », explique Xavier Bunker, directeur de l’exploitation du lycée de Dardilly.

« Une première qui en appelle d’autres »

Les partenaires mettent en avant les côtés innovant, multi-partenarial et au service de l’agriculture de cette expérimentation. Laurence Borie-Bancel, présidente de CNR, précise « que ce démonstrateur est une première pour la CNR et qu’il renforce nos liens avec l’agriculture, sachant que l’accompagnement des agriculteurs fait partie de nos missions. Je souhaite que cette première expérimentation soit suivie de bien d’autres car l’adaptation au changement climatique et la transition énergétique sont d’immenses défis », tout en évoquant le projet d’un autre démonstrateur agrivoltaïque sur la plaine d’Ampuis.

Thierry Kovacs, vice-président de la Région délégué à l’environnement et à l’écologie positive, indique que « ce projet répond à la nécessité d’agir vite car nous sommes au pied du mur face au dérèglement climatique et ses conséquences. Les ENR doivent être développées de façon exponentielle, ce que la Région s’attache à faire en soutenant le photovoltaïque et la méthanisation et la nouvelle filière hydrogène. Pour le photovoltaïque, nous mobilisons les toitures mais nous aurons aussi besoin de foncier, c’est un vrai débat de toucher aux terres agricoles. Ce démonstrateur est un exemple puisqu’il parvient à concilier production agricole et production d’énergie renouvelable ».

Quant à la directrice de l’Eplefpa Lyon-Dardilly-Écully, Claudine Roucayrol, elle souligne que ce démonstrateur « est une occasion unique pour notre établissement d’honorer ses missions d’animations du territoire, d’innovation technique et de développement agricole. Il permet également de plonger nos équipes pédagogiques et nos élèves au cœur des enjeux stratégiques de l’agriculture et de sa transformation ».

Emmanuelle Perrussel

^{1. L’Eplefpa, le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, Astredhor, le CITFL, la chambre d’agriculture, Sun’Agri, Omexom EnR Lyon, laboratoire Ines du CEA.}