L’événement aéronautique Cervolix à Issoire dans le Puy-de-Dôme, s’est tenu les 4, 5 et 6 octobre 2024. C’était l’une des dernières dates pour la Patrouille de France pour la saison 2024.
Au sol comme dans les airs, chaque pilote de la Patrouille de France (PAF), qui se compose de neuf membres, a son rôle, sa partition. Vendredi 4 octobre, onze Alphajet tricolores étaient alignés sur le tarmac de l’atelier industriel de l’aéronautique (AIA) d’Aulnat dans le Puy-de-Dôme. Cet atelier de 400 salariés assure la maintenance des aéronefs de l’armée de l’Air et de l’Espace. Ce jour-là, la Patrouille de France a posé ses ailes dans la capitale auvergnate en prévision de sa participation au rassemblement Cervolix à Issoire, qui se déroule à quelques kilomètres de là. Une dizaine de personnes était conviée à la réunion de préparation. Dans sa mission, chaque pilote indique le contexte de l’entraînement à venir sur le site de l’événement : météo, localisation, éléments du relief, consignes de sécurité, pistes de replis, dégagement d’un appareil en cas d’anomalie de celui-ci…
Bien jouer la partition
Dans un silence religieux, pour lequel chacun a été invité à couper son téléphone, le commandant Julien Decorte lance « la musique », le moment où chaque pilote répète sa partition au son de la voix du leader. Après des heures d’entraînement, les équipiers ont imprégné l’intensité de la voix, son rythme. « C’est elle qui nous guide sans que nous ayons à regarder l’avion devant ou à côté, explique le commandant Nicolas Desagulier, accompagné de son successeur. Nous sommes tous dans le tempo en manoeuvrant du bout du pouce, par impulsions, le stripe, le bouton sur le haut du manche de pilotage. »
Pour dessiner les figures dans un panache de fumée bleu-blanc-rouge, tout se passe à 500 km/h. Aux consignes du leader, chacun répète mentalement l’enchaînement, une nouvelle fois, en temps réel, dans la durée de la prestation. Quelques minutes après cette répétition mentale, les pilotes prennent place dans leur appareil, dans le sifflement assourdissant des neuf Alphajet, accompagnés, pour Cervolix, d’un Rafale encore plus bruyant et beaucoup plus puissant, comme il le démontrera au décollage. Les Alphajet décollent en position et en deux groupes avant de se retrouver très vite dans le ciel. Ils prennent la direction d’Issoire pour réaliser leur démonstration. Mais ici à Aulnat, le spectacle a déjà commencé.
Dans la confiance totale
Chaque année, sur dix à trente candidatures, seuls trois nouveaux coéquipiers rejoignent la Patrouille de France. Ils sont issus des unités de combat de l’armée de l’Air et ont à leur compteur un minimum de 1 300 heures de vols. La plupart sont déjà intervenus en combat pour des opérations extérieures. Ils sont tous officiers.« Le choix se fait par cooptation davantage sur le feeling et la psychologie, car nous connaissons déjà l’expérience du pilote par les états de service de chacun, dévoile le commandant Desagulier. Nous devons avoir une confiance totale entre nous.Il en va de même avec les mécaniciens qui choisissent le pilote dont ils assureront les vérifications et le contrôle de l’appareil. » Avec la fin de la saison, débute pour six mois la préparation hivernale avec l’intégration des nouveaux, les changements de postes suivant l’ancienneté et la prise de fonction du nouveau leader. Il revient au « charognard », placé derrière le leader dans la formation de vol, de prendre pour une année la direction de la Patrouille de France. Durant cette phase, les entraînements s’effectuent au rythme de deux vols par jour et de deux séances de travail physique, sur la base de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône). En plus d’être des pilotes d’élite, les membres de la PAF sont aussi des sportifs de haut niveau avec une condition physique irréprochable. Ensuite, s’enchaînent les sorties sur les meetings en France et à l’étranger, les grands événements comme l’ouverture des Jeux olympiques de Paris, les cérémonies du 14 juillet... Un rôle d’ambassadeur assumé par les membres de la PAF dans une carrière de militaire au service du pays. « Comme les autres, c’était pour moi un rêve d’enfant d’être pilote de la Patrouille de France et aujourd’hui un honneur d’en faire partie », avoue le commandant Desagulier, qui sera « solo » en queue de patrouille pour sa derrière année. L’an prochain, pour le 80e anniversaire de l’armistice de 1945, la Patrouille de France, avec à sa tête le commandant Richard, survolera-t-elle le ciel cantalien ? Robert Malbec, ancien officier de l’armée de l’Air, originaire de Murat, s’y emploie.
Benoît Parret
L'INFO EN +
L’Alphajet équipe la Patrouille de France depuis 1981 en remplacement du Fouga Magister et deux ans après son intégration dans la flotte des avions de l’armée française. Il s’agit d’un biréacteur biplace en tandem d’entraînement et d’appui tactique fabriqué par Dassault et Breguet dans le cadre d’une collaboration franco-allemande. Reconnu pour sa maniabilité, il est équipé de deux réacteurs pour une vitesse maximum de 1 000 km/h. Pour la PAF, il est équipé d’un phare sur le nez du fuselage et les réservoirs à munitions sont transformés pour les fumigènes.