DÉCOUVERTE
Envol avec la Patrouille de France

L’événement aéronautique Cervolix à Issoire dans le Puy-de-Dôme, s’est tenu les 4, 5 et 6 octobre 2024. C’était l’une des dernières dates pour la Patrouille de France pour la saison 2024.

Envol avec la Patrouille de France
La Patrouille de France est la patrouille acrobatique officielle de l’Armée de l’air et de l’espace française, créée en 1953. © BY-SA 4.0_Wikipedia

Au sol comme dans les airs, chaque pilote de la Patrouille de France (PAF), qui se compose de neuf membres, a son rôle, sa partition. Vendredi 4 octobre, onze Alphajet tricolores étaient alignés sur le tarmac de l’atelier industriel de l’aéronautique (AIA) d’Aulnat dans le Puy-de-Dôme. Cet atelier de 400 salariés assure la mainte­nance des aéronefs de l’armée de l’Air et de l’Espace. Ce jour-là, la Patrouille de France a posé ses ailes dans la capitale auvergnate en prévision de sa participa­tion au rassemblement Cervolix à Issoire, qui se déroule à quelques kilomètres de là. Une dizaine de personnes était conviée à la réunion de préparation. Dans sa mission, chaque pilote indique le contexte de l’entraînement à venir sur le site de l’événement : météo, localisa­tion, éléments du relief, consignes de sécurité, pistes de replis, dégagement d’un appareil en cas d’anomalie de celui-ci…

Bien jouer la partition

Dans un silence religieux, pour lequel chacun a été invité à couper son téléphone, le commandant Julien Decorte lance « la musique », le moment où chaque pilote répète sa partition au son de la voix du leader. Après des heures d’entraînement, les équipiers ont imprégné l’intensité de la voix, son rythme. « C’est elle qui nous guide sans que nous ayons à regarder l’avion devant ou à côté, explique le commandant Nicolas Desagulier, accompagné de son succes­seur. Nous sommes tous dans le tempo en manoeuvrant du bout du pouce, par impul­sions, le stripe, le bouton sur le haut du manche de pilotage. »

Pour dessiner les figures dans un panache de fumée bleu-blanc-rouge, tout se passe à 500 km/h. Aux consignes du leader, chacun répète mentalement l’enchaînement, une nouvelle fois, en temps réel, dans la durée de la pres­tation. Quelques minutes après cette répétition mentale, les pilotes prennent place dans leur appareil, dans le siffle­ment assourdissant des neuf Alphajet, accompagnés, pour Cervolix, d’un Rafale encore plus bruyant et beaucoup plus puissant, comme il le démontrera au décollage. Les Alphajet décollent en position et en deux groupes avant de se retrouver très vite dans le ciel. Ils prennent la direction d’Issoire pour réaliser leur démonstration. Mais ici à Aulnat, le spectacle a déjà commencé.

Dans la confiance totale

Chaque année, sur dix à trente candida­tures, seuls trois nouveaux coéquipiers rejoignent la Patrouille de France. Ils sont issus des unités de combat de l’armée de l’Air et ont à leur compteur un minimum de 1 300 heures de vols. La plupart sont déjà intervenus en combat pour des opéra­tions extérieures. Ils sont tous officiers.« Le choix se fait par cooptation davantage sur le feeling et la psychologie, car nous connaissons déjà l’expérience du pilote par les états de service de chacun, dévoile le commandant Desagulier. Nous devons avoir une confiance totale entre nous.Il en va de même avec les mécaniciens qui choisissent le pilote dont ils assu­reront les vérifications et le contrôle de l’appareil. » Avec la fin de la saison, débute pour six mois la préparation hivernale avec l’intégration des nouveaux, les changements de postes suivant l’ancien­neté et la prise de fonction du nouveau leader. Il revient au « charognard », placé derrière le leader dans la formation de vol, de prendre pour une année la direc­tion de la Patrouille de France. Durant cette phase, les entraînements s’effec­tuent au rythme de deux vols par jour et de deux séances de travail physique, sur la base de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône). En plus d’être des pilotes d’élite, les membres de la PAF sont aussi des sportifs de haut niveau avec une condition physique irréprochable. Ensuite, s’enchaînent les sorties sur les meetings en France et à l’étranger, les grands événements comme l’ou­verture des Jeux olympiques de Paris, les cérémonies du 14 juillet... Un rôle d’ambassadeur assumé par les membres de la PAF dans une carrière de militaire au service du pays. « Comme les autres, c’était pour moi un rêve d’enfant d’être pilote de la Patrouille de France et aujourd’hui un honneur d’en faire partie », avoue le commandant Desagulier, qui sera « solo » en queue de patrouille pour sa derrière année. L’an prochain, pour le 80e anniversaire de l’armistice de 1945, la Patrouille de France, avec à sa tête le commandant Richard, survolera-t-elle le ciel cantalien ? Robert Malbec, ancien officier de l’armée de l’Air, originaire de Murat, s’y emploie.

Benoît Parret

L’avion de la PAF

L'INFO EN +

L’Alphajet équipe la Patrouille de France depuis 1981 en remplacement du Fouga Magister et deux ans après son intégration dans la flotte des avions de l’armée française. Il s’agit d’un biréacteur biplace en tandem d’entraînement et d’appui tactique fabriqué par Dassault et Breguet dans le cadre d’une collaboration franco-allemande. Reconnu pour sa maniabilité, il est équipé de deux réacteurs pour une vitesse maximum de 1 000 km/h. Pour la PAF, il est équipé d’un phare sur le nez du fuselage et les réservoirs à munitions sont transformés pour les fumigènes.