INTERVIEW
Top semence : cohésion et maîtrise des charges restent les priorités

Lionel Eydant, agriculteur isérois et président de Top semence depuis un an, dresse le bilan de l’année 2023 et les perspectives 2024 pour l’union de coopératives. 

Top semence : cohésion et maîtrise des charges restent les priorités
Lionel Eydant. ©AD26

Que retenir de la campagne 2023 pour Top Semence ?

Lionel Eydant : « Nous avons assisté en 2023 à une très légère diminution des surfaces en maïs semence, liée principalement à des craintes sur l’irrigation que les producteurs ont rencontré sur l’ensemble des secteurs de Top semence. Par ailleurs, nous avons aussi enregistré une baisse des surfaces en contrat avec les obtenteurs qui sont confrontés à une diminution des ventes de doses de maïs liée aux problèmes d’irrigation et à un surstock européen.

Sur les semences de céréales à paille, nous étions en augmentation constante depuis quelques années. Mais cette hausse de production, insuffisamment préparée, a amené des difficultés financières. Cette année, nous allons donc tendre vers une réduction de 40 % de ces surfaces. Idem pour le soja qui avait également progressé et que nous allons réduire aussi. On retiendra aussi que l’année 2023 a été une bonne année technique. En maïs, nous avons atteint en moyenne 100 % de l’objectif de la coopérative et presque 103 % en tournesol, ce qui n’était pas arrivé depuis quelques années à cause des aléas climatiques. »

Quelles sont les perspectives pour 2024 ?

L.E. : « Au vu des pluies de l’automne et du remplissage des nappes, nous sommes plutôt optimistes pour la campagne à venir. Les voyants semblent au vert et j’ai bon espoir que l’on puisse produire correctement. En maïs, nous devrions enregistrer une très légère baisse des surfaces de l’ordre de 3 %, voire les maintenir, tout dépendra des obtenteurs. Mais, ce qui fait la force de Top Semence, c’est son choix historique de travailler avec une multitude d’obtenteurs. Ainsi, même si, pour certains, de gros reculs de production sont annoncés, de l’ordre de 30 à 40 %, nous devrions sur l’ensemble tirer notre épingle du jeu et conserver une relative stabilité sur les surfaces en maïs. Cependant, il est vrai que pour certains producteurs qui voudraient revenir après quelques années d’arrêt de la production de semences, il sera compliqué de retrouver des surfaces en maïs.

En revanche, il y aura de la place en tournesol. Nous comptons aussi sur un développement en maïs doux. C’est une culture plus compliquée mais pas inintéressante, qui demande davantage de temps et de main-d’œuvre - qu’il faut donc pouvoir trouver -, mais la rémunération est aussi fonction de ces contraintes.

Quant au pois chiche, nous sommes sur des surfaces stables. Le marché français est plutôt restreint et la production est avant tout destinée à l’export vers des pays européens. Il n’y a donc pas de développement prévu. Toutefois, sur l’ensemble des productions, rien n’est figé jusqu’en avril. Tout dépendra des éventuelles restrictions d’eau, de l’état cultural des blés en sortie d’hiver et donc d’éventuels re-semis au printemps qui pourraient accroître légèrement les besoins en maïs semence des obtenteurs qui souhaiteraient maintenir leurs stocks. »

Il y a un an vous annonciez vouloir « rebooster les agriculteurs semenciers » de Top semence. Qu’en est-il et quelles seront vos priorités cette année ?

L.E. : « Je pense que les producteurs de Top semence ont en effet réagi. Ceux qui ont produit en 2023 ont, me semble-t-il, passé une bonne année de cohésion avec Top semence, une bonne année technique et économique également. Notre directeur de transition, Dominique Vial, a fait durant six mois un beau travail de restructuration pour redonner du liant, tant au sein des sites industriels que sur le terrain. Nous accueillons depuis le 2 janvier notre nouveau directeur, Cyril Jeannot, qui dispose de trente ans d’expérience dans les métiers de la semence. Nous allons mettre en œuvre, avec lui, la ligne directrice fixée pour 2024. La maîtrise des charges reste notre priorité. Nous poursuivrons également nos efforts pour motiver nos équipes, nos producteurs. Ma priorité est de garantir que Top semence est capable de bien rémunérer et de bien accompagner ses producteurs. Enfin, nous comptons conforter notre travail avec les obtenteurs et renégocier si nécessaire nos contrats. »

Propos recueillis par Sophie Sabot