PRODUCTION LAITIÈRE
Une campagne d’information pour favoriser l’installation

De la ferme à la transformation, la filière laitière peine à recruter. La moitié des éleveurs cesseront leur activité au cours des dix prochaines années et dans les entreprises, de nombreux postes de salariés sont vacants.

Une campagne d’information pour favoriser l’installation
La filière laitière est confrontée à un défi générationnel sans précédent : la moitié des éleveurs laitiers cessera son activité au cours des dix prochaines années. ©Cniel

La journée mondiale du lait initiée par l’Organisation des Nations Unies s’est déroulée le 1er juin. A cette occasion, le Cniel (interprofession laitière), a lancé la campagne d’information intitulée « France Terre de lait » pour promouvoir l’ensemble des métiers du lait. D’envergure nationale, cette campagne cible sur YouTube, Facebook et TikTok, les lycéens, les étudiants et les actifs en reconversion professionnelle. 

La filière laitière - 24 millions de tonnes de lait, 38 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 400 000 emplois directs ou indirects - est confrontée à un défi générationnel sans précédent. La moitié des éleveurs laitiers cessera son activité au cours des dix prochaines années et des dizaines de milliers d’actifs de l’industrie de la transformation sont appelés à prendre leur retraite d’ici 2030. Pour lancer sa campagne de communication, le Cniel a organisé un colloque intitulé « Ensemble construisons une France Terre de lait durable » durant lequel les métiers du lait et des parcours professionnels ont été mis en avant.

Valeurs sociétales

Etudiante en BTS, Lisa Mary a l’ambition de s’associer avec son père dans le Cantal pour produire du lait et de la viande bovine. Située en zone AOP, l’exploitation familiale valorise bien le lait livré. Avant d’ouvrir un bar à fromages, Victor Houdin suit une formation de CAP de crémier fromager. Les projets de ces deux jeunes actifs symbolisent à eux deux, les valeurs sociétales de notre époque (valorisation de la production, forte féminisation de la profession, écologie, etc.) portées par les nouveaux candidats à l’installation et les jeunes diplômés de l’enseignement professionnel. « Aussi, la filière laitière doit en tenir compte pour être plus attractive auprès de ce jeune public, a déclaré Thierry Roquefeuil, président de la FNPL (producteurs de lait). Il ne faut pas se louper pour se renouveler ».

Être passionné d’élevage ne suffit pas pour s’installer et pour bâtir un projet professionnel viable. « Il faut offrir au repreneur un cadre favorable pour investir et s’endetter de plusieurs centaines de milliers d’euros en réformant notamment l’assurance calamités agricole », a déclaré le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. De leur côté, « les banques doivent encourager l’installation en proposant des plans de financement appropriés pour reprendre les exploitations cédées et pour financer les projets des futurs agriculteurs », a précisé Thierry Roquefeuil. « Que ces derniers soient des adeptes des circuits courts ou de circuits de commercialisation plus conventionnels ».

Conditions de travail

Pour leur part, les nouveaux éleveurs portent une attention particulière à leurs futures conditions de travail (week-ends, congés). L’exploitation à reprendre doit aussi être de dimension familiale. Mais seuls des prix du lait rémunérateurs rendront auprès de jeunes publics le métier d’éleveur attractif. Les nouveaux installés doivent pouvoir dégager à la fois un revenu et rembourser leurs prêts. Or en euro constant, le prix du lait a baissé de 30 % alors que l’inflation est de 50 % depuis le début des années 1990. « Définir un cadre réglementaire stable et cohérent est indispensable pour rassurer les candidats à l’installation », a rappelé le président de la FNPL. Aussi compte-t-il sur la nouvelle loi Egalim 2 pour corriger les imperfections de la loi Egalim.

A Bruxelles, Julien Denormandie, « s’emploie à ce que l’ensemble des normes sociales et environnementales en vigueur dans les pays membres converge », assure-t-il. Mais le cadre budgétaire de la nouvelle Pac 2023-2027 est très contraint. La FNPL redoute que les éleveurs pâtissent de la convergence des aides Pac et du redéploiement défavorable des soutiens publics annoncé par le ministère de l’Agriculture.

Christophe Soulard