ENSEIGNEMENT AGRICOLE
Rentrée scolaire : sous le masque, la sérénité

D.B.
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ENSEIGNEMENT AGRICOLE / Le Directeur régional de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) en Auvergne Rhône-Alpes, Michel Sinoir, avait choisi le Campus Agronova1 près de Montbrison (Loire) pour sa traditionnelle visite de rentrée de l’enseignement agricole, marquée cette année par un protocole sanitaire exigeant et une progression des effectifs de 5 %.

Rentrée scolaire : sous le masque, la sérénité
Visite guidée de l’exploitation du Campus Agronova site de Précieux par le proviseur, David Jouve, pour le Draaf, le sous-préfet de Montbrison, les conseillers régionaux, le président de la Chambre d’agriculture de la Loire.

Plus de 24 000 élèves et 4 000 apprentis, de toutes les composantes de l’enseignement agricole : lycées publics, MFR, Cneap (Conseil national de l’enseignement agricole privé) et Unrep (Union nationale rurale d’éducation et de promotion), ont fait leur rentrée, pour la plupart avec le sourire sous le masque. « Nous sommes très heureux d’accueillir de nouveau des élèves et eux sont très heureux de retrouver le chemin du lycée », pense le Draaf, Michel Sinoir, avant de rappeler trois spécificités de l’enseignement agricole : 46% des élèves sont des filles, loin des clichés, « même si c’est irrégulier d’une filière à l’autre » ; 53% des élèves sont internes, ce qui renforce la complexité de la mise en place des conditions sanitaires et seulement 8% sont des enfants d’agriculteurs.

Peu de décrochage

Bonne nouvelle, l’enseignement agricole en Auvergne Rhône-Alpes a enregistré une progression de 5 % des effectifs cette année, « peut-être parce qu’il regroupe des métiers qui ont montré leur rôle stratégique durant le confinement : l’agriculture, les services à la personne, l’environnement », suggère le Draaf. Cette progression concerne principalement l’apprentissage et la situation est contrastée selon les territoires et les établissements. Michel Sinoir en a profité pour rappeler, avec une certaine prudence, le taux de réussite aux derniers examens : 93% (85% en 2019), car les conditions étaient particulières et l’obtention du diplôme reposait essentiellement sur le contrôle continu. Le Draaf s’est, en outre, réjoui du faible taux de décrocheurs durant le confinement, estimé entre 0 et 5%, grâce à l’implication du corps enseignant.

Enseigner à produire autrement

Michel Sinoir a rappelé les objectifs de l’enseignement agricole à moyen terme, portés par le slogan « enseigner à produire autrement ». Il traduit la volonté de l’agriculture, et donc des filières d’enseignement, de s’adapter à leur environnement naturel et économique et d’être à la pointe de la transition vers l’agroécologie. Les exploitations des lycées agricoles, qui vont arrêter l’usage du glyphosate prochainement, sont amenées à l’horizon 2025 à conduire des surfaces en bio (au moins 25 %) et à se faire certifier (AB, HVE, Siqo). Autre enjeu majeur, poursuivre la transformation numérique de l’éducation, un développement qui a trouvé sa pertinence durant le confinement avec la mise en place de l’enseignement en « distanciel ».

La vice-présidente du Conseil régional déléguée aux lycées, Béatrice Berthoux, a signalé les efforts supplémentaires de sa collectivité depuis la crise sanitaire. Les élèves, grâce au Pass Région, peuvent recevoir deux masques en tissu et les agents ont été bien équipés. La Région met aussi à disposition des thermomètres frontaux et trois caméras thermiques sont en expérimentation dans des établissements. L’élue perçoit cette hausse des effectifs comme une excellente nouvelle, « qui répond aux besoins de grand air nés du confinement ».

Continuer à promouvoir les métiers

Cette progression doit sonner comme un encouragement à redoubler d’efforts pour convaincre les jeunes de rejoindre l’enseignement agricole. « Car nous avons besoin de renouveler nos actifs », rappelle Jean-Claude Darlet, référent professionnel régional. « Nous devons former les agriculteurs pour qu’ils soient capables de parler de leur métier en s’adaptant au public : collégiens, lycéens ou adultes. Il nous faut aussi former des salariés, un statut qui peut être d’ailleurs un tremplin vers l’installation. »

D.B.

1. Le Campus Agronova accueille 300 élèves et 316 alternants répartis en trois sections (agriculture, agroéquipement et vente), sur deux sites : Précieux, avec une exploitation bovins lait, et Saint-Genest-Malifaux, avec une exploitation bio (lait de chèvre et viande limousine). Le directeur, David Jouve, souhaite développer une formation sur les métiers de la méthanisation.

La campagne de communication de l’enseignement agricole « #laventureduvivant Révèle ton talent » est relancée cette année, avec notamment un camion itinérant pour aller à la rencontre des jeunes en octobre : du 1er au 3 octobre à Moulins ; les 5 et 6 à Clermont-Ferrand ; 7 au 9 (à définir après annulation du Sommet de l’Élevage) ; du 11 au 13 à Romans et du 15 au 17 à Yssingeaux.
Temps d’échange avec le réseau des MFR
Michel Sinoir a pris du temps pour échanger avec les jeunes en formation à la MFR du Forez.

Temps d’échange avec le réseau des MFR

Le Draaf était de nouveau dans la Loire vendredi à l’occasion de la rentrée scolaire, mais cette fois à la MFR du Forez à Mornand-en-Forez qui forme aux métiers du cheval et de l’agriculture. En ce mois de septembre, il souhaite effectivement échanger avec les différents acteurs de l’enseignement agricole. Le temps consacré à la présentation de la MFR du Forez par le directeur, David Delorme, et le président du conseil d’administration, Jean-Paul Poyet, a été l’occasion d’aborder plusieurs points relatifs à l’actualité de l’enseignement et à des spécificités du réseau des MFR. Un temps d’échange avec des jeunes de la MFR était également au programme de la matinée. Michel Sinoir a pu les questionner sur leur parcours scolaire, leurs motivations pour intégrer la MFR du Forez, leur projet professionnel…, mais aussi s’initier au métier de driver en s’installant dans un sulky pour faire quelques tours de piste. S’en est suivi un temps d’échange plus formel avec les représentants des MFR de la région.

L.G.F.