EXPÉRIMENTATION
Cépages résistants, des atouts mais pas de miracle

Depuis trois ans, la Chambre d’agriculture de l’Ardèche et Vignerons Ardéchois mènent une étude sur l’adaptation de cépages résistants aux maladies de la vigne aux conditions pédoclimatiques de l’IGP Ardèche. Des cépages intéressants, mais qui présentent des limites.

Cépages résistants, des atouts mais pas de miracle
Trois cépages résistants au mildiou et à l'oïdium ont été plantés en Sud Ardèche. Ici, une parcelle de Muscaris

Trois cépages ont notamment été plantés en Sud-Ardèche, dans le cadre de cette étude, sur une cinquantaine d’hectares : Muscaris et Floréal en blanc, et Artaban en rouge. Financée par la Région Auvergne Rhône-Alpes dans le cadre des projets Pepit1, cette étude porte sur plusieurs aspects : phénologiques, résistance aux maladies, rendement, propriétés organoleptiques… 

Des propriétés organoleptiques qui laissent à désirer

Quant à savoir si ces cépages présentent un réel intérêt ou non, il est difficile de trancher. « Ces cépages montrent une bonne résistance au mildiou et à l’oïdium. Mais ils sont sensibles au black-rot dont on a connu un petit épisode en début de saison, souligne José Guzman, technicien viticulture à la Chambre d’agriculture. Ils présentent un intérêt au niveau viticole, mais aussi certaines contraintes, poursuit-il. Artaban, par exemple, a tendance à pourrir au-delà de 11 degrés. Muscaris est quant à lui très précoce et produit beaucoup de pampres, ce qui engendre un important travail en vert. Par ailleurs, ces cépages ne sont pas plus résilients que d’autres face à la sécheresse. » Au niveau organoleptique, les résultats sont plutôt décevants : « Floréal manque un peu de corps, mais il est intéressant aromatiquement. Plus globalement, ils peuvent être intéressants en assemblage mais n’ont pas vocation à être plantés à grande échelle. »

M.C.

Des cépages méditerranéens dans l’arche de Noé !
Raphaël Deborne, chef d'exploitation au Domaine Terra Noé, conduit des essais sur les cépages méditerranéens.
DOMAINE TERRA NOÉ

Des cépages méditerranéens dans l’arche de Noé !

Véritable lieu d’expérimentation, le Domaine Terra Noé fait travaille sur de nombreuses pratiques alternatives, de la biodynamie à la vitiforesterie en passant par les engrais verts. Depuis deux ans, elle a également implanté dans son vignoble une collection de cépages plus tolérants à la chaleur et à certaines maladies, dans le but d’appréhender leur adaptation à nos conditions pédoclimatiques. Marion Molle, responsable vignoble chez Vignerons Ardéchois, détaille : « En blanc, nous avons planté de l’Assyrtiko de Grèce, du Verdejo, du xarello et du Parellada d’Espagne, du Vermelho du Portugal, ainsi que du Viognier pour comparer. Pour les rouges, nous avons planté du Touriga nacional du Portugal, du Saperavi de Géorgie, du Montepulciano italien, du Sciaccarello de Corse, ainsi que du Fleurien d’Auvergne. Nous avons aussi planté du Grenache noir sur la parcelle en guise de témoin. Le tout représente environ 1,3 ha, avec près de 450 plants de chaque variété. Elle poursuit : Pour l’heure, on est seulement en deuxième feuille et on entrera en production que l’année prochaine. Il est encore tôt pour évaluer la résistance de ces cépages au sec, et cette année c’est davantage l’influence des zones parcellaires plutôt que du cépage qui semble avoir compté. » L’expérimentation vise à connaître les caractéristiques des différents cépages sur différents aspects : précocité des différents stades phénologiques, adaptation à la chaleur et au sec, mais également propriétés organoleptiques. Afin de mener à bien ces essais, le Domaine Terra Noé recherche toutefois de nouvelles sources de financement, notamment pour conduire les microvinifications.

Plusieurs cépages méditerranéen ont été implantés sur 1,3 ha au Domaine Terra Noé (Rochecolombe)