AGPM
Les maïsiculteurs contre les distorsions de concurrence

Lors de son assemblée générale qui s’est tenue le 26 novembre en visioconférence, l’Association générale des producteurs de maïs a réaffirmé son ambition de peser dans les débats agricoles.

Les maïsiculteurs contre les distorsions de concurrence
Le président de l’AGPM, Daniel Peyraube, s’inquiète que la France soit la huitième nation irrigante en Europe alors qu’elle possède la deuxième ressource en eau. (Crédit : SD)

Changement climatique, réforme de la Pac, distorsions de concurrence, Green Deal, régimes assuranciels, souveraineté alimentaire, recherche et innovation… Voici quelques-uns de principaux sujets que les congressistes de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM) ont débattu le 26 novembre en visioconférence autour de leur président Daniel Peyraube. L’année maïsicole 2020 restera sans doute dans les annales pour avoir été une année plus que moyenne avec des rendements inférieurs à ceux espérés dans presque toutes les productions (grains, semences, fourrage, doux) en raison des agressions climatiques et des ravageurs. L’augmentation de la sole n’est cependant pas parvenue à compenser la baisse des rendements tant et si bien que les objectifs ne sont pas complètement atteints : 86 % pour le maïs semences, environ 90 % pour le maïs doux.

L’Europe à deux vitesses

Ce sont notamment les distorsions de concurrence qui aujourd’hui agacent le plus les maïsiculteurs. « Notre pays est le premier exportateur mondial de semences de maïs. Mais il est malmené par la semence ukrainienne qui est considérée comme une semence européenne alors qu’elle ne respecte aucun critère européen. Elle risque de nous prendre dans les prochaines années des parts de marché en Hongrie et en Roumanie », s’est alarmé Pierre Vincens, président de l’AGPM semences.

Dans une vidéo de deux minutes, diffusée aux congressistes, l’AGPM a également dénoncé plusieurs pratiques déséquilibrantes pour les agriculteurs français, à commencer par le coût de main-d’œuvre par heure travaillée : 35 € en France contre 33 aux Etats-Unis, 9 en Ukraine, 3 au Brésil et 1,5 en Argentine. « Au sein même de l’Union européenne, les agriculteurs espagnols et portugais peuvent accéder aux maïs OGM résistant à la pyrale et à la sésamie. D’autres ont accès à la clothianidine », s’est agacé Daniel Peyraube, qui s’inquiète aussi que la France soit la huitième nation irrigante en Europe alors qu’elle possède la deuxième ressource en eau.

Appel à un cap clair

« C’est une question sur laquelle nous avançons », a certifié le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. « La loi Asap1 permet des avancées et offre un cadre juridique sécurisé sur les procédures » pour la construction de retenues ou de bassins, a souligné le ministre. Une équipe du ministère « est dédiée sur le dossier de retenues d’eau », a-t-il ajouté précisant qu’il reste à déterminer les capacités de stockage et les volumes d’eau à prélever. « N’oublions pas que 25 % des surfaces irriguées en maïs donnent 35 % du tonnage final », avait auparavant souligné la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert. « Ça ne bouge pas assez au ministère de l’Écologie », avait-elle glissé.

Clôturant les débats, le ministre a assuré qu’il examinerait les possibilités de maintenir la certification maïs ou son évolution dans la prochaine Pac, en lien avec le plan stratégique national. « Nous en appelons à un cap clair, une vision partagée pour que le maïs français puisse continuer à nourrir, mais aussi à relever le défi du réchauffement climatique, de la maîtrise de nos énergies, du renouvellement de nos matériaux… Car les ressources du maïs sont immenses, de même que celles des femmes et des hommes qui constituent nos filières », a conclu Daniel Peyraube.

Christophe Soulard

1. Accélération et simplification de l’action publique

« Le marché européen est un marché unique qui implique d'avoir des règles uniques et harmonisées entre tous les États membres », a indiqué la FNSEA, le 27 novembre par voie de presse. Le syndicat agricole invite le gouvernement à « mettre en cohérence ses paroles et ses actes, en suspendant toutes les décisions en cours en France qui aggraveraient encore les distorsions de concurrence avec les autres producteurs européens » en matière de produits phytosanitaires a poursuivi la FNSEA. Si l’organisation syndicale salue « la volonté affichée par le gouvernement de porter au niveau européen les décisions en matière d'autorisation de produits phytopharmaceutiques », elle exige de lui qu’il arrête « d’interdire des produits phytosanitaires de protection des plantes encore autorisés au niveau européen et durcit toujours plus le cadre de leurs utilisations, en surtransposant les règles européennes ».