EXPÉRIENCE
La cuma des Gousses, une coopérative intégrale avec deux salariés

La cuma intégrale des Gousses réunit quatre agriculteurs installés entre la Drôme et l’Ardèche. La particularité de cette jeune coopérative est l’embauche de deux salariés à temps plein comme tractoristes sur les exploitations. Un gain de temps pour les adhérents mais aussi une organisation qui nécessite de la précision pour l’échange de matériel.

La cuma des Gousses, une coopérative intégrale avec deux salariés
Les quatre membres de la cuma des Gousses (de g. à d.) : Léo Girard, Adrien Martel, Anselme Basset et François Martel. ©EP

Entre la Drôme et l’Ardèche, quatre agriculteurs ont lancé la cuma des Gousses. Léo Girard est installé à Ouches avec sa ferme Dessine moi une brebis, Adrien Martel est à Loriol-sur-Drôme, François Martel se situe à Alissas et Anselme Basset est en Gaec à Rochessauve. Cette cuma intégrale, créée en 2019, leur a permis d’acheter du matériel en commun dans le but de pérenniser leurs activités. « L’objectif était d’investir et mettre en commun du matériel neuf, explique Léo Girard, président de la cuma. Chaque ferme a toutefois gardé deux ou trois matériels qui correspondent à une activité spécifique. Par exemple, dans notre ferme Dessine moi une brebis, nous avons une remorque pour charger du foin en vrac car nous sommes les seuls à en faire », précise-t-il. L’idée de fonctionner en cuma intégrale était de mettre en « adéquation l’outil de travail et la production. Aujourd’hui les matériels sont de plus en plus chers avec une production dont la valeur n’a pourtant pas doublé », rappelle Léo Girard.

Deux salariés à temps plein

À la création de la cuma, les agriculteurs avaient d’entrée de jeu l’objectif d’embaucher a minima un salarié pour les transports et les différents chantiers sur les exploitations. Aujourd’hui, la coopérative compte deux salariés à temps plein et un saisonnier en renfort. Une aide non négligeable, d’autant que les exploitations des adhérents sont assez éloignées les unes des autres, entre les deux départements de la Drôme et l’Ardèche. « Ce sont les salariés qui font les transferts du matériel », indique Adrien Martel, installé depuis 2019 à Loriol-sur-Drôme. Il produit des céréales, de la luzerne, et comme les trois autres membres de la coopérative, de l’ail. François Martel cultive également des céréales, Anselme Basset et Léo Girard font majoritairement de l’élevage d’ovins et de caprins. « Nous faisons aussi tous les quatre de la fenaison. Et par exemple, acheter seul son matériel pour cette activité, c’est compliqué », détaille Léo Girard.

Calendrier rigoureux

« Ce sont les deux salariés tractoristes qui mènent les chantiers, par exemple dans la préparation au binage. L’un d’eux a également un diplôme pour l’entretien de machines agricoles », précise Adrien Martel. Après seulement trois ans d’existence, l’organisation est le maître mot du fonctionnement de la coopérative d’utilisation de matériels agricoles. Avec parfois 70 kilomètres de distance entre deux exploitations, il faut tenir un calendrier rigoureux : « C’est difficile de gérer le matériel pour qu’il soit sur la bonne exploitation au bon moment », témoigne Léo Girard. Mais, pour lui, cela a aussi la vertu de « forcer à la bonne organisation des fermes ».

Une quarantaine d’outils en commun

À ce jour, une quarantaine d’outils ont été achetés et mutualisés via la cuma. Soit un investissement d’1,2 à 1,3 million d’euros. Les quatre exploitations adhérentes partagent par exemple cinq à six tracteurs, deux arracheuses, une charrue, trois bineuses…Malgré des ajustements à opérer, leur fonctionnement semble optimal. Pour l’instant, les agriculteurs sont bien à quatre au sein de leur cuma et ne souhaitent pas l’élargir à d’autres adhérents. Au-delà de l’échange d’outils, ils en profitent aussi pour se partager des conseils, faire des réunions, confronter leurs désaccords et peaufiner leur calendrier. « Cela nous permet aussi d’organiser des chantiers participatifs », rapporte Adrien Martel. Mais une cuma intégrale demande aussi de l’adaptabilité : « cette organisation reste nouvelle pour nous. On s’adapte et le modèle agricole d’aujourd’hui n’est pas forcément celui de demain », indique le président de la coopérative. Pour lui, la cuma ne doit pas être « un carcan » pour les producteurs, mais bel et bien un outil qui permet de faire avancer son exploitation plus sereinement.

Elodie Potente