VISITE
Jean Castex et Julien Denormandie en déplacement dans la Creuse

Après un faux départ la semaine précédente pour cause de réunion urgente sur la crise sanitaire, le Premier ministre Jean Castex et son ministre de l’Agriculture Julien Denormandie sont venus en Creuse pour deux visites consacrées à la situation de la filière bovine allaitante. 

Jean Castex et Julien Denormandie en déplacement dans la Creuse
Le ministre de l'Agriculture a également indiqué le 6 mars la volonté du gouvernement de faire entrer en vigueur dès le 1er septembre 2021, la revalorisation des retraites des chefs d’exploitation à 85 % du Smic. ©HC

C’est au pas de charge que la première visite de la matinée a eu lieu au Gaec de Mazeires à Saint-Éloi, près de Guéret. Ici, Bruno Petiot et Pascal Boiron élèvent en bio des vaches limousines, pour une partie en vente directe. Le Premier ministre, Jean Castex, et son ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, en déplacement samedi 6 mars dans la Creuse, se sont ensuite rendus à la coopérative Celmar, à La Souterraine, puis ils ont participé à une table ronde avec des représentants de la profession. 

Egalim : le compte n’y est pas !

Sur la loi Egalim, d’abord, « il est clair que le compte n’y est pas », la seule ligne qui s’est bien mise en place est le repas végétarien à l’école, ce qui agace fortement les éleveurs. Il est flagrant que la grande distribution ne joue pas le jeu, Jean-Christophe Dufour, président de la Celmar, en contact direct avec l’aval de la filière en atteste : « On nous demande de faire de la qualité, mais les contraintes ont un coût, à l’heure actuelle le coût de production du jeune bovin est de 4,80 € du kilo et on est content quand on arrive à le vendre à 3,80 €. » M. Denormandie a concédé que dans cette première version, la loi était insuffisante et que suite aux dernières négociations, calamiteuses, les sanctions allaient être démultipliées. Cependant, il est hors de question que les prix soient fixés par la loi, « il s’agirait là d’une économie administrée et personne n’en veut ». Tout devra donc passer par la contractualisation, la transparence et la pluriannualité, a-t-il rappelé. 

Des marchés allaitants compliqués

Sur les jeunes bovins (JB), pour Julien Denormandie, il faut « du débouché, du débouché, du débouché ». Il n’est pas possible de demander aux Français d’en consommer du jour au lendemain, ils préfèrent la vache. Mais il est possible de les faire entrer en restauration collective « à la place des laitières de réforme allemandes et hachées », selon Christian Arvis, président de la FDSEA de la Creuse. M. Denormandie a confirmé cette volonté d’orientation du JB vers la restauration collective et a assuré qu’en ce sens un décret étendant l’affichage de l’origine de la viande à tous les domaines était prêt, « il ne manque que le feu vert européen ». Sur le broutard, « c’est encore plus compliqué, on est captifs du marché italien ». Pour le ministre de l’Agriculture, il faudrait augmenter les capacités d’engraissement en local.

Divergence sur le Plan de relance

Le ton de la profession est monté sur le Plan de relance. « Comment peut-on prévoir une enveloppe aussi mince, seulement 20 millions d’euros, épuisée en quelques heures ? » Pour Julien Denormandie, ce n’est pas la seule enveloppe du volet agricole, il y a d’autres enveloppes intéressantes pour les éleveurs, comme l’agroéquipement. Pour Christian Arvis et Jean-Christophe Dufour, « il faut arrêter de financer le matériel, c’est la ruine des agriculteurs ». La ligne protéines « amont » du Plan de relance est en cours de révision et les dépôts de dossiers devraient bientôt être rouverts. Jean Castex s’est posé en arbitre sur ce sujet en prenant note qu’il faudrait « réallouer les moyens vers les secteurs qui correspondent le mieux aux attentes de la profession, il faut que ce plan soit utile, le plus judicieux possible ». 

Hélène Charvillat, SD

« 60 millions d’euros pour la filière bovine »

Le Premier ministre Jean Castex a annoncé le 6 mars le déblocage de 60 millions d'euros d'aides d'urgence aux éleveurs les plus en difficulté. « Pour cette filière, pour tous les éleveurs qui ont gagné moins de 11 000 € en 2020, et qui ont subi des pertes importantes, ce qui représente environ 18 000 exploitations [...], nous allons mettre en place un dispositif exceptionnel de soutien financier qui permettra de couvrir jusqu’à 80 % des pertes d’exploitation, d’excédent brut d’exploitation […]. Ça signifie une enveloppe de 60 millions d’euros qui va s’ajouter à l’enveloppe prévue dans le Plan de Relance [...]. Mais c’est un tout, [...] il faut que cela s’accompagne des actions structurelles extrêmement difficiles dans lesquelles vous êtes engagés. » Une annonce saluée par la Fédération nationale bovine (FNB) qui témoigne « de la reconnaissance par le Gouvernement de la crise historique que traversent les éleveurs… mais qui ne constitue pas une réponse adaptée à la gravité de leur situation ».