Un vin, qui réunit la chaleur des journées du sud de l’Ardèche, associé à la fraîcheur de ses nuits. C’est ainsi que le président du syndicat des vignerons des Côtes du Rhône du canton de Bourg-Saint-Andéol, Guillaume Archambault, qualifie la nouvelle appellation viticole issue de ce terroir si particulier.

 L’appellation viticole Côtes du Rhône Villages Saint-Andéol fait son lancement
Les producteurs de Saint-Andéol. Crédit photo : Coline Miglio

Le dernier week-end d’avril, se tenait le lancement officiel de l’appellation viticole, concernant le vin rouge. L’occasion de retracer son parcours, depuis sa création en 2017. Réunissant 11 domaines dont 9 producteurs indépendants et deux caves coopératives, ce rendez-vous a été l’occasion de souder tous les vignerons impliqués dans la création de ce précieux nectar et de se rassembler autour de l’analogie créée pour l’occasion, entre l’art et le vin.

« Tout ce qu’on produit, on le vend »

Le Saint Andéol, vin du sud Ardèche, Guillaume Archambault en parle avec douceur et poésie : « Pour produire du Saint Andéol, il faut être en zone de production Syrah et Grenache avant tout. C’est un vin typé, qui vient du Syrah, donc ensoleillée, et en même temps le Grenache lui apporte moins d’alcool et plus de fraîcheur comparé aux vins du sud. C’est un bon compromis. Un vin qui est intimement lié à son terroir. Nous n’avons rien à envier aux grands cru. Nous sommes dans une démarche de reconnaissance qualitative et aimerions gravir la dernière marche du système d’appellation pour atteindre les grands crus ». Depuis 2017, la commercialisation se réalise en vente directe ou petit commerce. « Tout ce qu’on produit, on le vend », résume Claude Allègre de la cave coopérative du Cellier des Gorges de l’Ardèche. « On n’a pas tous le même système de vente. Nous ne sommes pas concurrentiels, nous n’avons pas tous les mêmes vins et diversifions », ajoute Guillaume Archambault.

Vendre en gros, le nouveau défi

De multiples projets attendent la jeune appellation puisque les vignerons souhaitent travailler à la reconnaissance du vin blanc. Mais il est une pierre angulaire du projet, sans laquelle, l’appellation ne pourra se développer : c’est l’ouverture au marché de gros. « Sans metteur en marché nous sommes obligés de déclasser le vin pour le vendre en vrac. En bouteille, la production ne fait que croître. On vend environ 60 000 bouteilles par an.  Mais il nous faut maintenant produire à grande échelle. On a un potentiel de 300 hectares. Nous en utilisons seulement 50, et n'avons pas encore la puissance économique qui va avec » regrette Guillaume Archambault.

Au château Rochecolombe, Roland Terrasse, vigneron et propriétaire des lieux, consacre 17 hectares pour cultiver le Saint Andéol sur les 35 qui composent le domaine. Il insiste sur l’importance des différents types de terroirs que l’on retrouve sur le Saint Andéol : « Il y a des terroirs argilo-calcaire et les terroirs galet-roulés qui servent aux deux tiers des appellations, par exemple pour le Châteauneuf-du-Pape également. Ce sont des vins avec beaucoup de profondeurs, élégants, c’est un vin gourmand» développe-t-il.  Un vin finalement qui ressemble à ses vignerons, profonds, animés par la passion et fiers de leurs productions.

Marine Martin

« Chaque artiste a relié son art au vin »
Crédit photo Coline Miglio

« Chaque artiste a relié son art au vin »

ANIMATION / Les 29 et 30 avril, divers artistes ont célébré la nouvelle appellation Côtes du Rhône Villages Saint-Andéol, star du jour.

L’objectif de ce week-end d’animation sur le thème de l’art et du vin, qui se tenait au Palais des Evêques de Bourg-Saint-Andéol, était de faire connaître cette appellation. Une des plus petites productions de vin d’appellation Côte du Rhône sur les 22 existantes, mais la seule avec un nom géographique en Ardèche. Les artistes présents ont tous célébré à leur manière le vin rouge, star du jour. « Chaque artiste a relié son art au vin », explique le président du syndicat. La plasticienne Anany a dévoilé une sculpture à base de pigments de raisins et de sarments, le peintre Philippe Chitarrini a exposé des toiles abstraites mettant à l’honneur les couleurs nuancées du rouge, Coline Miglio a présenté également un triptyque de trois photos dédiées au vin rouge, Les Cordes en Ballades-Quator Debussy ont donné un concert où le vin était partie prenante de l’interprétation. Les vignerons ont été invités à monter sur scène pour verser dans des carafes leurs vins, afin d’anonymiser les domaines. « Pour faire comprendre que nous n’étions plus des domaines, ce soir-là. On faisait du Saint Andéol », résume Guillaume Archambault. Le dimanche, une dégustation a été organisée dans ce même lieu, afin de créer un moment de convivialité auprès du grand public et de faire connaître les 10 Saint Andéol qui attendaient d’être dégustés. « Nous avons mis en place un système de vente corporatif, un prix unique à la bouteille, groupé sous la même enseigne », se félicite Guillaume Archambault.

Zoom sur l'histoire de cette appellation

« Jean-Luc Dorthe, l’ancien président du syndicat, a lancé le projet d’appellation en AOP en 1997 puis Philippe Faure a repris, car les vins étaient appréciés par les négoces septentrionaux haut de gamme et les caveaux de vente directe se développaient de plus en plus. Le Saint-Andéol est un peu comme un phare pour le tourisme », résume Claude Allègre de la cave coopérative du cellier des gorges de l’Ardèche. « Il a fallu monter le projet et prouver la qualité de notre terroir à l’Inao, prouver notre identité géographique et un savoir-faire inhérent à notre terroir. C’était le parcours du combattant.  Notre terroir est morcelé en multitude de petites parcelles qui sont traversées par des turbulences de la part de la rivière Ardèche et du fleuve Rhône. Il fallait également une homogénéité de la part des vignerons », précise Claude Allègre. « En 2017, cela a abouti en AOP. Il faut maintenant trouver des débouchés, faire de l’export en bouteille et valoriser les ventes de niches. On lance beaucoup de bouteilles à la mer », plaisante-t-il. « Nous sommes à 2 500 bouteilles et prévoyons 10 000 bouteilles sur le vin de 2022 qui sortira sûrement fin 2023. »

Un nouveau président à la tête du syndicat
Guillaume Archambault.

Un nouveau président à la tête du syndicat

Depuis, six mois, Guillaume Archambault est le nouveau président du syndicat des vignerons des Côtes du Rhône du Canton de Bourg-Saint-Andéol. Celui qui est à la tête du Domaine de la Croix-Blanche à Saint-Martin-d’Ardèche transmet avec passion son enthousiasme autour du Saint-Andéol, puisqu’il est l’un des 9 vignerons indépendants à en produire. Faire rayonner l’appellation, tel est son but. Instigateur de ce week-end d’animation autour de l’art et du vin, il estime que les vignerons et les artistes se ressemblent : « On se considère relié à l’art, comme des artistes vignerons. Nous pouvons être terrien et créatif : quand on choisit les dates des vendanges, quand on fait des choix, il y a une répercussion sur notre vin, et c’est de la création, chacun a sa sensibilité pour faire son vin ».

Roland Terrasse et sa compagne Laeticia avec le Saint-Andéol du château Rochecolombe