CONSTRUCTION
Automatisation des tâches : envisager toutes les incidences sur la conception du bâtiment

Magdeleine Barralon
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CONSTRUCTION / Gagner de temps, diminuer la pénibilité, remédier au manque de main-d’œuvre, l’automatisation des tâches présente beaucoup d’intérêts, mais elle demande à être mûrement réfléchie.

Automatisation des tâches : envisager toutes les incidences sur la conception du bâtiment
Il est impératif de prendre connaissance de tous les types de dispositifs, de leur fonctionnement et de la façon dont ils s’insèrent dans le bâtiment et cela bien en amont du projet, indique Richard Garnier, conseiller bâtiment à la chambre d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes. © Jeantil

« Lors de la construction d’un bâtiment, les éleveurs décident souvent d’avoir recours à l’automatisation de certaines tâches telles que l’alimentation, le paillage ou encore le nettoyage de l’aire de vie des animaux. Il est impératif de prendre connaissance de tous les types de dispositifs, de leur fonctionnement et de la façon dont ils s’insèrent dans le bâtiment et cela bien en amont du projet, indique Richard Garnier, conseiller bâtiment à la Chambre d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes. Car le choix de tel ou tel équipement va avoir d’énormes incidences sur la conception du bâtiment, son volume, les matériaux de construction et l’aménagement intérieur. » Pour sélectionner le distributeur, dans le cas par exemple de l’automatisation de l’alimentation, l’éleveur doit se décider en fonction de sa production et du type de la ration quotidienne. Selon qu’elle est basique avec peu de variation ou qu’elle est à la carte pour chaque lot (génisses, vaches en lactation…), l’équipement devra offrir des degrés de sophistication très différents.

Renforcement des structures

« Les dispositifs d’alimentation automatisés les plus courants actuellement sont les tapis roulants, indique Richard Garnier. Moins onéreux et plus simples, ils ne nécessitent pas beaucoup d’espace. Cette caractéristique est intéressante pour jouer sur le volume du bâtiment, dans les zones où l’espace est limité. »

L’alternative, c’est le wagonnet qui se déplace sur le sol ou sur un rail aérien suspendu au toit et soutenu par des piliers. « Ce container destiné à délivrer de lourdes charges d’aliments demande des équipements adaptés : charpente renforcée pour supporter les piliers et le poids du rail ou un sol béton de qualité supérieure », détaille-t-il. La version roulante fonctionne soit avec un moteur thermique (assez bruyant), soit à l’électricité. Il faut donc prévoir des bornes de recharge, une installation à la puissance bien dimensionnée, ainsi qu’un groupe électrogène pour pallier d’éventuelles coupures. Le déplacement du wagonnet est généralement filoguidé ce qui sous-entend l’installation dans le sol d’un fil inséré dans le béton, interdisant toutes modifications du parcours. Il existe aussi des guidages dans le bâtiment, par capteurs ou repères, ce qui présentent l’avantage d’être plus souples.

Aménagements indirects

« Si la distribution se fait à gauche et à droite, il faut penser à aménager une aire de demi-tour. Attention, certains distributeurs d’aliments équipés de mélangeur, coupent également les brins de foin, ce qui est interdit par les cahiers des charges du reblochon ou du comté », prévient Richard Garnier.

Autre aménagement à envisager, l’implantation d’un silo intermédiaire, si le robot ne peut pas faire le trajet du silo principal à la table d’alimentation et la couverture éventuelle du tapis qui achemine le fourrage s’il est exposé aux intempéries. Tout type de robot, qu’il soit de paillage, d’alimentation ou de nettoyage, nécessite un sol plan, sans déclivité, ni seuil. Bien s’assurer que son déplacement ne perturbe pas la circulation des hommes et des animaux.

Pour tous les systèmes de paillage, qu’ils soient aérien ou au sol, il faut bien évaluer les risques sanitaires liés à la poussière engendrée par la projection de paille, surtout dans le cas d’une salle de traite ouverte. 

Rentabilité et compétences informatiques

L’ensemble de ces « assistants » nécessite une bonne connexion Internet, une couverture Wifi large et stable. Pour les utiliser au mieux, l’éleveur doit être à l’aise avec l’usage des outils informatiques. « Dans l’étude des investissements et de l’amortissement, il est conseillé de mettre en parallèle l’embauche de main d’œuvre, rappelle Richard Garnier. Enfin, ne pas oublier de prendre en compte le coût de la maintenance des équipements et la présence à proximité du SAV. »

Magdeleine Barralon

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