SCOLARITÉ
« Les conditions d’hébergement des internes sont assez limitantes »

SCOLARITÉ / L’enseignement agricole a rouvert ses portes aussi dans les Maisons familiales rurales (MFR). L’internat reste la problématique majeure pour certains établissements qui n’ont pas pu s’adapter aux contraintes sanitaires et accueillir à nouveau leurs élèves. Le point avec Benoît Lecaulle, directeur adjoint de la fédération régionale des Maisons familiales rurales (FRMFR) Auvergne Rhône-Alpes.

« Les conditions d’hébergement des internes sont assez limitantes »
Benoît Lecaulle, directeur adjoint de la fédération régionale des Maisons familiales rurales (FRMFR) Auvergne Rhône-Alpes.

Comment les MFR de la région ontelles assuré la continuité pédagogique pendant le confinement ?

Benoît Lecaulle : « La volonté du réseau MFR a été de maintenir le contact avec tous les élèves. Cela n’a pas toujours été simple surtout pour ceux les moins bien équipés techniquement. Nous avons été surpris de l’élan que cette crise a suscité du côté des enseignants qui ont eu beaucoup d’imagination pour s’adapter aux cours à distance. Certains ont réalisé des vidéos, des questionnaires en ligne, se sont servis des nouvelles technologies pour accompagner les élèves sur le plan pédagogique mais aussi sur leur vécu, la gestion de leurs émotions … Sur l’ensemble des 74 MFR de la région, il y a eu une vraie mobilisation ! Il faut néanmoins avouer qu’au bout d’un moment il y a eu un effet d’essoufflement. Très vite s’est posée la question des examens, de l’alternance, de l’internat et des stages avec une inquiétude partagée par les élèves, les familles et le corps enseignant. Depuis, l’enseignement a repris, en demi-teinte. »

Comment cette reprise se passe-telle dans les Maisons familiales rurales ?

B. L. : « Toutes les MFR sont dans la reprise et dans l’accueil d’élèves, en fonction des spécificités. Toutes n’ont cependant pas réouvert leurs internats. La reprise était nécessaire mais derrière l’annonce politique du déconfinement, il y a la mise en oeuvre technique par les établissements. Chaque établissement a fait l’acquisition de masques et de gels hydroalcooliques pour une reprise progressive, un plan de reprise d’activité a été conçu dans chaque structure. Les situations sont extrêmement variables selon les MFR et leur périmètre de recrutement. Il y en a qui recrutent sur le département, d’autres sur la région et la France entière. Pour ces dernières, le déplacement ponctuel sans internat est plus compliqué. Les établissements qui ont pu s’organiser proposent de voir a minima les élèves une journée par semaine pour se préparer à la rentrée prochaine et éviter les décrochages. Cette rencontre peut aussi être organisée sur leur lieu de stage. C’est important de pouvoir rencontrer chaque élève au moins une fois avant le mois de septembre pour réaliser un bilan de l’année et être dans la perspective de la reprise. »

L’internat, l’alternance et les stages sont des piliers de l’enseignement des MFR. A quelles difficultés êtes-vous confrontés actuellement pour les maintenir ?

B. L. : « L’internat est le point le plus compliqué. Les conditions de reprise sont assez limitantes quant à nos capacités d’hébergement. Chaque établissement doit s’adapter à ses espaces plus ou moins bien agencés, à ses contraintes logistiques. Il y a des MFR où nous pourrons héberger 10 élèves au lieu de 70 pour respecter les 4 m2 par personne. La circulation dans les locaux doit se faire à sens unique, les sanitaires ne peuvent plus être partagés… Toute cette vie en collectivité qui fait partie de notre identité ne pourra plus avoir lieu normalement. Nous commençons à réfléchir aux conditions de la rentrée. En alternance, même si nous avons la chance de travailler avec des effectifs assez réduits, soit 20 à 24 élèves par classe, cette crise sanitaire nous amène à réfléchir à comment nous pourrions partager les groupes, à garder des élèves en MFR tout en maintenant la continuité pédagogique à distance, en fonction des effectifs globaux, des secteurs d’activités, selon les contraintes des métiers. Quant aux stages, après avoir été suspendus, ils ont repris cette semaine. Seule condition : que les parents et les maîtres de stage donnent leur accord et que les gestes barrières soient bien respectés. »

Propos recueillis par Alison Pelotier