PORTRAIT
Laurine Roche, une éleveuse passionnée et inspirante

Laurine Roche a rejoint la ferme familiale alors qu'elle n'avait que 21 ans. Deux ans plus tard, l'Ardéchoise est plus que convaincue d'avoir fait le bon choix !

Laurine Roche, une éleveuse passionnée et inspirante
Laurine Roche, éleveuse de 23 ans, est installée à Lafarre en Ardèche.

À 23 ans, Laurine Roche est cheffe d’exploitation depuis bientôt deux ans. En avril 2021, elle s’est installée avec ses parents au Gaec du Sardier, à Lafarre (Nord-Ardèche). Entre élevage de cochons, de vaches allaitantes et de poules pondeuses, ses journées sont bien remplies. Une vie de « paisible » dont elle n’aurait pourtant jamais rêvé il y a quelques années de cela. « Quand j’étais ado, je ne voulais jamais aller sur la ferme », se souvient-elle. Au collège, elle tente un stage comme coiffeuse mais n’est pas convaincue. Quand arrive la fin d’année, elle se dirige un peu par hasard vers un bac pro conduite et gestion de l'entreprise agricole. « Ça a étonné pas mal de monde », s’amuse aujourd’hui la jeune éleveuse. 

« On ne devient pas agriculteur du jour au lendemain »

Entre les cours à la Côte-Saint-André et l’apprentissage dans un élevage caprin et bovin à Bozas, Laurine trouve progressivement sa place dans le monde agricole. « Mais je me suis aussi rendu compte qu’il fallait vraiment réfléchir à mon projet, explique-t-elle. On ne devient pas agriculteur du jour au lendemain ! » Au Gaec du Soleil levant, sous la houlette de Sylvain Bertrand, elle apprend le métier d’éleveuse. « Ce temps de salariat m’a aussi permis de voir ce que je voulais faire ou ne pas faire et également de tester mes limites », détaille Laurine.

Après trois ans de formation, la jeune femme n’est pas encore tout à fait fixée sur son avenir. Le besoin « de voir autre chose » l’amène dans le secteur tertiaire. Après différentes expériences, elle remet un pied dans le monde agricole en devenant salariée aux Jeunes agriculteurs. Pendant un an, elle vit à Privas, mais retourne dès qu'elle peut à Lafarre, pour travailler à la ferme. Progressivement, l’idée de s’installer avec ses parents fait son chemin : « Mais je ne savais pas encore comment faire, avec quelle production… J’avais besoin de créer quelque chose, que ça soit viable, pas juste prendre le titre de cheffe d’exploitation. » 

C’est alors que se présente une nouvelle opportunité pour le Gaec du Sardier : la boucherie de Saint-Bonnet-le-Froid est mise en vente. « Ça m’a mis sur la piste des porcs », se souvient Laurine. Ses parents, Patricia et Stéphane abondent en son sens. Laurine développe le cheptel de porcs en s'installant comme aide familiale en 2019 et ses parents deviennent, eux, co-gérant de la boucherie charcuterie des Sources.

Optimisme et persévérance

Cette nouvelle vie d'éleveuse, « à la fois paisible et stressante », Laurine ne voudrait « pour rien au monde » l’échanger contre une autre. Si elle reconnaît qu’il y a des moments difficiles, la jeune installée veut surtout transmettre son optimisme et sa persévérance : « En ce moment, on vit une période compliquée, mais une carrière c’est 40 ans ! Je pense clairement qu’il y aura des jours meilleurs. Et puis quand on s'installe, il ne faut pas reculer devant la première difficulté, parce qu’il y en a tout le temps ! On a parfois tendance à penser que c'est le sort qui s'acharne mais il faut savoir rester positif et gérer les problèmes. »

Pour ça, Laurine Roche s’appuie sur les réseaux existants et notamment les Jeunes agriculteurs dont elle a intégré le conseil d’administration. « C'est en étant bien entouré qu'on arrive à faire face », assure-t-elle. « Et mine de rien, c'est important d'entretenir des liens avec des gens qui ont la même profession, les mêmes problématiques et des projets communs aux nôtres. Car à mon âge, je n'ai pas grand monde dans mon entourage qui fait le même métier que moi ! » 

Bannir la pression pour une bonne installation

Nichée dans un hameau haut-vivarois, la ferme de la famille Roche a plus d'un siècle d'histoire. Une histoire que Laurine fait perdurer en devenant la quatrième génération d'éleveurs. Son frère et sa sœur la rejoindront peut-être, mais pour l'instant rien n'est sûr. « On ne sait pas vraiment, mais on verra ! Ils n'ont pas de pression de la famille », explique l'éleveuse. Pour elle, c'est d'ailleurs le secret de la réussite : « La pression familiale ça tend une installation. »

Au Gaec du Sardier pas question de travailler sous la contrainte. Sur la ferme, parents et enfant deviennent associés. Le travail n'est pas strictement réparti, chacun met ses compétences au service de tous les ateliers (bovin, porcin et volailles) et les décisions sont prises ensemble. « Mes parents sont très ouverts d'esprit, si je propose quelque chose ça ne sera jamais un non ferme. On essaie et on voit si c'est concluant ou non. » Et si les aléas de la vie d'agriculteur ne sont pas toujours simple, Laurine l'assure « la qualité de vie en vaut la peine ! »

Pauline De Deus

Au Gaec du Sardier, Laurine Roche a développé une ligne de conditionnement pour vendre ses œufs en direct.