MOISSONNEUSE-BATTEUSE
Comment limiter la consommation de puissance des broyeurs de paille ?

David Laisney
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Les broyeurs de paille embarqués sur les moissonneuses-batteuses absorbent plus ou moins de puissance selon les réglages appliqués et leur niveau d’entretien. Ils profitent chez certains constructeurs de solutions innovantes qui limitent leur consommation d’énergie.

Comment limiter la consommation de puissance des broyeurs de paille ?
Les broyeurs de paille sont gourmands en puissance. Il est donc important de travailler avec des couteaux en bon état pour éviter une consommation excessive de carburant. Crédit : AgriCom’ France

La consommation de puissance des broyeurs de paille des moissonneuses-batteuses dépend de leur conception, mais aussi de leur réglage et de leur entretien. Plus ils broient fin, plus ils sont censés consommer d’énergie. Il est donc important d’adapter leurs réglages aux attentes agronomiques et aux conditions de récolte. Un broyeur fonctionne généralement en combinaison avec un contre-couteau et une barre d’affinage, appelée également segment de friction. Ce dernier organe, monté boulonné, s’ajuste ordinairement manuellement pour freiner plus ou moins le flux de paille. Plus il dépasse dans le carter du broyeur, plus il génère de recyclage, plus le broyage est fin et plus la consommation de puissance est élevée. New Holland se distingue avec son système Dual-Chop composé d’un insert denté amovible, sorte de peigne parallèle à l’axe du rotor, qui remet les brins de paille perpendiculaires aux couteaux pour garantir une coupe fine.

Ajuster le contre-couteau en cours de journée  

Le contre-couteau agit aussi sur la finesse de broyage. Selon les moissonneuses-batteuses, son réglage s’opère rapidement au niveau de la hotte arrière ou directement depuis la cabine comme sur les Claas Lexion et les John Deere S et X9. Il mérite d’être modifié en cours de journée pour s’adapter aux conditions de récolte. Il est en effet conseillé de desserrer le contre-couteau avec une paille brisante, afin de soulager le moteur tout en bénéficiant d’un broyage satisfaisant. Pour faciliter la tâche, Claas a développé la fonctionnalité Cemos Auto Chopping, qui joue automatiquement sur le segment de friction et le contre-couteau, en fonction de la quantité et de l’humidité de la paille. Il suffit au chauffeur de paramétrer s’il souhaite un broyage fin ou à l’opposé cherche à économiser du carburant.

Utiliser des couteaux bien affûtés

Les couteaux s’usent avec le temps ou parfois prématurément lors de l’absorption d’un corps étranger. Il est donc important de les maintenir en bon état, car s’ils sont émoussés, ils se montrent gourmands en énergie et la moissonneuse-batteuse souffre. Leur affûtage est possible, mais il est important de le faire correctement avec un équipement adapté pour respecter l’équilibre dynamique du rotor. Avec une vitesse de rotation dépassant 3 000 tr/min, un déséquilibre engendre des vibrations pouvant conduire à la casse des roulements et des paliers. Pas question donc de refaire le tranchant avec une petite meuleuse et tout couteau cassé doit être changé. Attention lors du remplacement à retenir des modèles de qualité d’origine, voire des versions plus robustes bénéficiant d’un traitement thermique, comme les Premium Line de Claas. Plus de trois fois plus chers que les origines, ces derniers durent plus de cinq fois plus longtemps, selon le constructeur allemand. À l’opposé, certains couteaux adaptables s’usent nettement plus vite et cela impacte négativement la qualité de coupe et augmente la consommation de carburant.

Jouer sur le diamètre du rotor pour davantage d’inertie

La réduction de la puissance absorbée passe aussi par la modification de la conception du broyeur. John Deere a, par exemple, sur les séries T, augmenté le diamètre total du rotor pour gagner en inertie. Claas a diminué le diamètre du tube central du rotor et allonger les supports des couteaux. New Holland a fait passer la vitesse de rotation de 3 000 à 3 600 tr/min, toujours dans le but d’exploiter au maximum l’inertie. La marque aux Grandes Jaunes monte également des couteaux à fléaux à chaque extrémité du broyeur. Cette solution permet d’éparpiller la paille sur une grande largeur sans faire appel à dispositif de projection complémentaire consommateur de puissance.

Jusqu’à 27 chevaux gagnés par le design des couteaux

Chez John Deere, les ingénieurs ont trouvé sur les terrains de golf la technique pour abaisser la consommation de puissance du broyeur de la moissonneuse-batteuse X9. Ils se sont tout simplement inspirés du design des balles de ce sport de précision pour développer et breveter des couteaux avec des alvéoles sur leur face plane. Cette conception réduit la force de traînée de la surface des couteaux, donc la résistance à l’air. Elle permet, selon le constructeur américain, de diminuer jusqu’à 27 chevaux la consommation du broyeur par rapport à des couteaux standards.

David Laisney

Des réglages spécifiques au maïs
Au colza comme au maïs, les broyeurs de paille s’utilisent à petite vitesse. Crédit : L. Vimond

Des réglages spécifiques au maïs

Les broyeurs de paille possèdent deux vitesses de rotation. La grande s’utilise pour les céréales, tandis que la petite s’emploie pour le maïs et le colza. Pour le maïs, la pratique est de retirer un couteau sur deux, afin que les panouilles ne restent pas coincés. Certaines marques, comme New Holland, préconise de monter des couteaux plus épais (5 mm contre 4 mm pour les céréales). Il existe aussi des couteaux universels qui fonctionnent avec toutes les cultures et dispensent des opérations de montage et démontage en intersaison, gage de gain de temps, surtout avec des broyeurs comptant plus de 100 couteaux.