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La Noire du Velay, une race aux multiples atouts

Mylène Coste
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Éleveur de brebis à Berzème, sur le plateau du Coiron, Mathieu Ladreyt a opté pour un troupeau 100 % Noire du Velay. Si cette race a sa préférence, c'est qu'elle présente de nombreuses qualités et s'adapte parfaitement au territoire.

La Noire du Velay, une race aux multiples atouts
Une dizaine d'élevages ardéchois ont adopté la race Noire du Velay dans leur cheptel.

On ne peut pas les manquer: en arpentant les chemins du Coiron, à l'approche du col de Freyssenet, les brebis Noires du Velay de Mathieu Ladreyt attirent l'oeil ! Et pour cause: rares sont les élevages ardéchois à avoir opté pour cette race, qui présente pourtant de nombreuses qualités.

Depuis ses débuts dans l'élevage, en 2009, Mathieu Ladreyt élève un troupeau de Noires du Velay. « Pendant une dizaine d'années, j'étais double-actif, travaillant également en tant que responsable d'atelier mécanique à Privas. En 2018, je me suis consacré entièrement à l'activité agricole, en reprenant la ferme de mon oncle et son troupeau de vaches salers. » Aujourd'hui, il mène ainsi de front les deux élevages – ovins et bovins allaitants -, « deux activités qui se complètent bien, et permettent d'optimiser le pâturage et les fourrages puisque les vaches et les brebis ne mangent pas les mêmes plantes. Cela me permet aussi de ne pas mettre tous mes oeufs dans le même panier ! »

L'exploitation compte aujourd'hui un troupeau de 200 ovins, une vingtaine de vaches allaitantes, et une centaine d'hectares de terres en landes et pâtures. Mathieu Ladreyt vend ses ovins sous label Rouge Agneau de l'Adreyt à la coopérative Agneau Soleil, mais également à la Sovisal. Ses bovins sont vendus en broutards à l'export via un maquignon.

Mathieu Ladreyt élève un troupeau de 200 brebis Noires du Velay à Berzème.
Mathieu Ladreyt élève un troupeau de 200 brebis Noires du Velay à Berzème.

Une race adaptée aux terrains volcaniques

Peu touchée par les croisements avec d'autres races du XIXe siècle1, la Noire du Velay est désignée en 1914 comme race ovine des plateaux volcaniques du Velay. Sa couleur noire rappelle d'ailleurs les sols bruns des volcans éteints de son Velay d'origine. « Cette race est donc très adaptée aux terrains volcaniques comme le Coiron, aux conditions climatiques rigoureuses, souligne Mathieu Ladreyt. Rustique, elle valorise bien les surfaces peu productives et les landes peu accessibles. »

Assez fine, la Noire du Velay oscille entre 50 et 70 kg, 80 à 110 kg pour les béliers adultes. Ses agneaux ont des qualités bouchères malgré une conformation moyenne. C'est pourquoi on pratique le croisement avec des races lourdes afin d'améliorer la conformation (80 à 90 % de carcasses classées R) et la vitesse de croissance. 

Mathieu Ladreyt achète toutes ses agnelles à l'organisme de sélection de la race, la section Noire du Velay des Races ovines des Massifs, dont il est adhérent: « La génétique permet d'améliorer les qualités comportementales, mais également bouchères. »

Rustique, la Noire du Velay, s'adapte parfaitement en terrains volcaniques.
Rustique, la Noire du Velay, s'adapte parfaitement en terrains volcaniques, comme le plateau du Coiron.

Des qualités maternelles et un désaisonnement facile

Côté reproduction, les Noires du Velay de Mathieu Ladreyt sont croisées avec des béliers Sufolk. « Je fais deux agnelages par an, le premier en août et le second en décembre/janvier, périodes où le marché est porteur, indique l'éleveur. Le désaisonnement est naturel et très facile avec cette race, qui a de vraies qualités maternelles. Elle agnelle facilement et produit un lait de qualité et en quantité, ce qui assure une bonne croissance des agneaux, qui sont très vigoureux. » 

Les agnelles Noires du Velay sont précoces et peuvent être mises à la reproduction dès l'âge de 7 mois. La fréquence des naissance gémellaires, avec un prolificité de 171 % par brebis, favorise une productivité annuelle élevée: deux agneaux par brebis en moyenne.

Passionné par la génétique, Mathieu Ladreyt aimerait, dans les années à venir, se lancer dans la sélection: « À côté de mon troupeau croisé Sufolk pour la viande, j'aimerais acheter un bélier inscrit au Herd Book de la race Noire du Velay pour pouvoir faire un peu de sélection en interne, pour moi, et par passion! »

Mylène Coste

1. Notamment le plan "mérinisation" mis en oeuvre par Napoléon I qui consistait à effectuer des croisements avec des béliers mérinos pour améliorer en France la qualité lainière des brebis.

Une race qui commence à se développer en Ardèche

« La race Noire du Velay a connu ces dernières décennies un bel essor, avec environ 20 000 brebis recensées en France, explique Didier Cathalan, technicien pour Races Ovines des Massifs. Elle est majoritairement implantée dans son berceau d'origine, la province historique du Velay en Haute-Loire, où se trouve l'ensemble des sélectionneurs. Mais on trouve également des Noires du Velay dans la Loire, l'Ardèche, le Rhône, le Cantal ou le Puy-de-Dôme. » En Ardèche, la race est encore assez peu présente mais intéresse de plus en plus d'éleveurs depuis quelques années.  Une dizaine d'élevages ardéchois comptent quelques Noires du Velay dans leur troupeau, de Quintenas à Valgorge en passant pas Charnas, Antraïgues, Usclades-et-Rieutord, Saint-Joseph-des-Bancs, Mézilhac ou Rochessauve.

Depuis 1972, la sélection de la race est à la charge de l'unité nationale de sélection et de promotion de race (Upra) Races ovines des Massifs. « Actuellement, environ 7 000 brebis, provenant de 36 élevages, sont inscrites au livre généalogique de la race », indique Didier Cathalan.