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Vignerons Ardéchois : un modèle de soutien à l'installation

Pauline De Deus
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À l'occasion de leur Tour de France agricole, plusieurs députés Les Républicains se sont retrouvés au domaine Terra Noé, jeudi 7 septembre.

Vignerons Ardéchois : un modèle de soutien à l'installation
Les acteurs de la viticulture en Sud-Ardèche étaient réunis autour de six députés Les Républicains pour évoquer le projet de loi d'orientation et d'avenir agricoles. ©AAA_PDeDeus

Le tant attendu projet de loi d’orientation et d’avenir agricoles devrait être examiné en première lecture à l’Assemblée, « d’ici le mois de décembre », a annoncé le ministre de l’Agriculture. D’ici là, les débats sur le sujet se poursuivent. Une quinzaine de députés Les Républicains ont notamment pris les devants en organisant un Tour de France agricole. « On voulait aller sur le terrain pour avoir des retours d’expérience, explique Julien Dive, député de l’Aisne. Savoir quelles sont les filières en difficulté, s’inspirer de modèles économiques qui fonctionnent, parler des enjeux climatiques… »

Jeudi 7 septembre, ce Tour était de passage en Ardèche, au domaine Terra Noé : cinq parlementaires avaient fait le déplacement à l’invitation de Fabrice Brun, député de la 3e circonscription de l’Ardèche. L’objectif : présenter l’union des Vignerons Ardéchois et notamment leurs actions de maintien de la viticulture en sud Ardèche « qui pourraient être un modèle », a fièrement annoncé Fabrice Brun en introduction.

Capter du foncier pour l’installation

En 2012, alors que les installations se faisaient rares, l’union des Vignerons Ardéchois a décidé d’agir en aidant les vignerons à financer les fermages. Depuis 900 000 € ont été alloués pour soutenir les jeunes coopérateurs pendant leurs quatre premières années d’installation (à hauteur de 80, 60, 40 puis 20 % du montant).

En 2018, l’union est allée encore plus loin en créant la Scic1 Ardèche Vignobles. Un outil qui permet de capter du foncier pour le mettre à disposition de porteurs de projet viticole manquant de fonds pour acquérir des terres. Le principe : collecter de l’argent auprès des citoyens de toute la France pour le redistribuer dans l’économie agricole. Ces financeurs deviennent des sociétaires de la Scic en achetant des parts. Aujourd’hui, les 903 sociétaires possèdent plus de 2 000 parts, d’une valeur de 1 000 € l’une, ce qui a permis de lever plus de 2 millions d’euros. Un montant utilisé pour aider au rachat de terres viticoles à destination des jeunes. À terme, l’objectif est qu’ils rachètent ces terres. Pendant 9 ans, ils paient 70 % du prix du foncier en fermage. Après cette période, ils ont la possibilité de devenir propriétaire en rachetant les 30 % restant.

Ardèche Vignobles : un pari réussi

Avec ce projet, Ardèche Vignobles a remporté son pari : 5 ans après la création de la Scic, 73 hectares de terres ont été rachetés, deux vignerons ont pu s’installer par ce biais et quatre exploitations ont été agrandies. « Les clés de la réussite, ce sont le collectif, l’implication du consommateur et, bien sûr, il faut du concret, un projet qui ait du sens », assure Philippe Dry. La force de l’union des Vignerons Ardéchois, c’est aussi la coopération. « C’est le dernier maillon, le dernier lien social avec l’agriculteur », ajoute le directeur de l’union.

Cette matinée de discussions devait servir de base au travail des députés. L’après-midi même, les six parlementaires débutaient la rédaction d’un livre blanc. « Nous allons faire dix propositions phares autour de l’installation, de la transmission et de l’adaptation au changement climatique », a assuré Fabrice Brun. Le député ardéchois a d’ores et déjà annoncé qu’il y aurait un volet fiscal. Aujourd’hui, pour les particuliers qui investissent dans des petites sociétés, cette défiscalisation est de 18 % et a temporairement été élevée à 25 % en 2023. « Il faut pérenniser les 25 % et peut-être même aller au-delà, suggère Fabrice Brun. Il faut dire aux Français "investissez dans la ferme France". » Et pour connaître les autres propositions de ce livre blanc, il faudra encore attendre quelques semaines. Pour les députés Les Républicains, le Tour de France agricole continue, notamment dans le Vaucluse où il sera question d’arboriculture, ainsi que dans le Massif central pour parler élevage.

Pauline De Deus

1. Société coopérative d’intérêt collectif.

Le député LR Fabrice Brun a réuni cinq parlementaires de son groupe politique au domaine Terra Noé. ©AAA_PDeDeus