SYNDICALISME
Congrès FDSEA : « nous ne lâcherons rien »

Près de 150 personnes et élus étaient réunis au 78e congrès de la FDSEA, jeudi 7 mars à Chalencon. L’actualité des récentes mobilisations et les atouts des organisations collectives étaient au centre des débats. 

Congrès FDSEA : « nous ne lâcherons rien »
De gauche à droite : Benoit Nodin, secrétaire général de la FDSEA, Benoit Claret, président de la chambre d'agriculture de l'Ardèche, la préfète Sophie Élizéon, Christel Cesana, présidente de la FDSEA, Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA, Olivier Amrane, président du Département, Jérôme Volle, vice-président de la FDSEA et FNSEA, et Michel Joux, président de la FRSEA Aura. ©AAA_AL

« Nous voulons des actes et une réelle vision d’avenir. » Si le congrès de la FDSEA permet de mettre en avant la force du réseau syndicaliste et le dynamisme de l’agriculture ardéchoise, les attentes et les revendications portées ces derniers mois ont occupé une grande partie des débats de cette 78e édition. « Le monde doit changer. Nous voulons des prix où nos productions ne sont pas sacrifiées pour le pouvoir d’achat. Nous ne sommes pas la variable d’ajustement de la crise économique », martèle la présidente de la FDSEA, Christel Cesana, fustigeant « le double discours de l’État » et « les contraintes administratives ». Et d’ajouter : « Nous ne lâcherons rien. Nous devons rester soudés, garder la tête froide et maintenir la pression pour que les contrôles en GMS se poursuivent, les sanctions doivent être exemplaires ».

« Rester entreprenant et s’engager »

La perte de valeur et de revenu en agriculture cimente le contexte des récentes mobilisations. De nombreuses manifestations ont été organisées par les élus ardéchois : ils participaient en novembre à l’opération des « panneaux retournés », manifestaient deux semaines plus tard à Privas pour défendre la filière cerise, sans oublier les blocages routiers en janvier et février derniers. « Nous attendons des mesures plus structurantes sur la rentabilité de nos exploitations et la compétitivité des entreprises, un changement radical », poursuit le secrétaire général de la FDSEA, Benoit Nodin. Il appelle les agriculteurs à « rester entreprenant et s’engager. Ce mouvement a mis en avant le syndicalisme et la force du réseau », ajoute-t-il en préambule de la table ronde organisée lors de ce congrès sur le thème « L’agriculture, on marche sur la tête ».

« Rassembler et trouver des positions communes »

Cette table ronde a donné la parole à divers élus du syndicat et du territoire, sur la coordination des actions lors des récentes mobilisations, sur la structuration du syndicat et le positionnement des élus nationaux, sur les échanges entretenus avec le gouvernement, sur le rôle des OPA, les appuis des élus locaux et des parlementaires… « Tout repose sur chaque exploitation, nous partons de la base pour agir, recueillir les besoins », explique Christel Cesana, soulignant également « les appuis et la promiscuité avec les OPA ». Son homologue régional, Michel Joux, d’aborder la structuration du réseau en Auvergne Rhône-Alpes : « Les idées agglomèrent au niveau régional et l’objectif est de trouver des compromis pour rassembler et trouver des positions communes ». Dans le cadre des échanges menés avec l’administration, « il faut arriver à établir un contrat de confiance avec une administration centrale qui emboîte le pas derrière, pour arriver à des résultats », poursuit-il. Du côté des OPA, Benoit Claret, président de la chambre d’agriculture de l’Ardèche, de mentionner « le rôle de trait d’union » des chambres consulaires, ainsi que « la capacité d’émettre des analyses pour objectiver les demandes ».

Responsabilité et détermination

Invité à intervenir lors de ce congrès, le secrétaire général de la FNSEA, Hervé Lapie, a rappelé le maillage important des 95 fédérations départementales et la structuration stratégique de ce réseau. « Le travail fait en local, c’est 50 à 60 % des dossiers portés au niveau national. Chacun apporte sa contribution », explique-t-il. « L’unité agricole est une force indéniable pour faire le lien entre les gouvernants et les agriculteurs, pour renverser la table et trouver des solutions. » Et de prévenir : « Nous restons engagés dans un syndicalisme de propositions et de solutions. La place du syndicalisme peut être chahutée depuis l’élection du chef du gouvernement, il faut réaffirmer que la FNSEA et les JA sont des corps intermédiaires responsables et déterminés. » Jérôme Volle, vice-président de la FDSEA et FNSEA, a évoqué également ces « enjeux de représentation » et de « crédibilité ». « On est dans un schéma de collectivité, quand on s’engage, c’est pour affirmer, proposer, faire adhérer et une fois les décisions prises les faire redescendre sur le territoire », décrit-il.

Une force de proposition et d’expertise

Les élus et parlementaires ardéchois ont souligné la force de proposition et d’expertise du syndicalisme agricole dans leur mission. « Un appui extrêmement utile », déclare le député Hervé Saulignac, apportant « un argumentaire solide », souligne la députée Laurence Heydel Grillere, « pour éclairer et accompagner les travaux des parlementaires », ajoute le sénateur Mathieu Darnaud.

Le président du Département, Olivier Amrane, de rappeler le soutien de la collectivité territoriale et le « travail d’équipe » mené avec les élus agricoles et syndicaux.

« Un dialogue construit et constructif »

La préfète de l’Ardèche, Sophie Élizéon a rappelé la détermination et l’écoute des services de l’État pour « défendre les spécificités de l’agriculture ardéchoise ». Et d’ajouter : « L’écoute ne suffit pas, elle doit se traduire en actes à travers un dialogue construit et constructif ». Sur la simplification des normes et amendements, « nos travaux ont permis de faire remonter 247 propositions sur 3 000 au niveau national. Elles sont en cours d’analyses », a-t-elle déclaré, évoquant « des travaux très concrets engagés à la fois sur la dérogation Ukraine, la question des prairies permanentes, des zones humides et des tourbières et enfin des travaux autour de la reconnaissance des cas de forces majeures ». Au niveau départemental, ces propositions ciblent notamment la mise en place d’un seul contrôle annuel, de contrôles pédagogiques avec l’OFB et la révision de l’arrêté cadre des baux ruraux. Sur la prédation, elle a indiqué « pouvoir avoir une reconnaissance de non protégeabilité des troupeaux pour cinq demandes très rapidement ». Sur l’eau, « l’ambition est de simplifier les procédures pour arriver à des prises d’arrêtés un peu plus fréquentes et pour le curage des retenues ». Concernant l’installation, « l’idée est de clarifier et rendre plus lisible l’accompagnement, qu’il soit le mieux coordonné possible ». Sans entrer dans le détail des mesures de fiscalité, elle a annoncé toutefois la mise en place d’une proratisation du traitement des demandes de remboursement de crédit d’impôt, des mesures de tempérament, le rappel de l’application du droit à l’erreur et la désignation de référents dédiés à la profession agricole dans les services des impôts, des entreprises et de la DDFIP. Quant à l’aide d’urgence à la viticulture, dont le dispositif de dépôt de demande s’est clôturé le 10 mars, « les dossiers vont être étudiés entre le 20 et le 21 mars pour des paiements que nous souhaitons mettre en place fin mars début avril ».

A.L.

À NOTER /

Animation du réseau

L’équipe de la FDSEA rassemble cinq salariés pour animer le réseau : Magali Burgeat, directrice, Élodie Pigache, animatrice productions animales et conseillère Pac, Ambre Girardo, juriste droit rural et social, Théo Cruché, animateur productions végétales et conseiller Pac, et Sylvie Brivet, chargée de projet pour le Salon de l’agriculture ardéchoise.

Salon de l’agriculture ardéchoise

Organisée en biennale par la FDSEA, la prochaine édition du Salon de l’agriculture ardéchoise se tiendra le dimanche 22 septembre à Lamastre (place du Pradon) de 9 h à 18 h. Nouveauté cette année parmi les traditionnelles animations mettant en avant les filières de productions ardéchoises : l’organisation d’un concours de vaches laitières !