PROJETS
Des PTGE pour rassembler collectivement autour de la gestion de l’eau

Pierre Garcia
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Depuis 2019, les projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) visent à donner un nouvel élan à la construction de projets liés à cette ressource clé pour l’attractivité des territoires. Au centre de ces projets, les agriculteurs s’emparent aujourd’hui pleinement de ce nouvel outil.

Des PTGE pour rassembler collectivement autour de la gestion de l’eau
L’un des plus gros PTGE de la région porte sur le bassin Allier aval.

Ils resteront comme l’une des avancées du quinquennat d’Emmanuel Macron en matière de préservation de l’environnement. Lancés le 7 mai 2019 par le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, et le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, les projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) visent à construire des démarches de réflexion à l’échelle de territoires hydrologiques pour mieux appréhender le changement climatique. Ils s’articulent autour de six objectifs : réaliser un diagnostic des ressources disponibles et des futurs usages, mettre en oeuvre des actions d’économie d’eau, accompagner les agriculteurs dans leur transition agroécologique, engager une désartificialisation des sols, assurer un partage équitable et durable de la ressource et enfin travailler au développement d’ouvrages de stockage ou de transfert.

PTGE, mode d’emploi

« À l’initiative d’un PTGE, on retrouve des structures publiques comme les commissions locales de l’eau mais aussi des acteurs locaux comme les agriculteurs ou les professionnels de la montagne. L’État a un rôle d’arbitre et d’accompagnateur à travers les préfets coordonnateurs de bassin, les Dreal, les DDT ou les agences de l’eau qui amènent de la méthode et des financements », explique Thomas Pelte, chef du service ressource à l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (RMC). Sur ce territoire hydrologique s’étalant des Vosges à la frontière espagnole qui couvre notamment la quasi-totalité des ex-régions Bourgogne et Rhône-Alpes, 66 PTGE ont déjà été adoptés depuis 2014, à une époque où ils s’appelaient encore PGRE (plans de gestion quantitative de la ressource en eau, ndlr). « Les PTGE partent d’un diagnostic de départ sur un territoire donné. Des études, qui peuvent être financées par l’agence de l’eau, sont ensuite menées pour identifier les situations de tensions. La troisième étape, c’est la construction d’un plan d’action pour mener à bien le projet. Les PTGE sont financés à 90 % par des crédits publics, avec une enveloppe qui peut aller de quelques dizaines de milliers d’euros à plus de 15 millions, comme le PTGE mené actuellement autour d’une réorientation du prélèvement en eau des producteurs isérois de noix vers la rivière Isère », poursuit Thomas Pelte. Sur les 66 PTGE qui ont vu le jour dans le territoire Rhône Méditerranée Corse, une trentaine concerne des transferts ou des retenues d’eau. « Les retenues d’eau font partie du panel de solutions. Si certains projets font polémique, rappelons qu’ils découlent d’une réflexion collective autour de l’économie de l’eau ce qui les rend généralement très bien acceptés par la population. Bien sûr, tout est question de dimensionnement », souligne Thomas Pelte.

L’agriculture au centre du jeu

Côté auvergnat, l’un des plus gros PTGE de la région est aujourd’hui en cours de construction. Il s’articule autour du schéma d’aménagement et de gestion de l’eau (Sdage) Allier aval qui s’étale du Cher à la Haute-Loire en passant par l’Allier et le Puy-de-Dôme. La création de ce PTGE a été motivée par un objectif très simple : améliorer la gestion de l’eau dans un contexte incertain lié au changement climatique. La première phase, celle du rassemblement des forces vives du territoire, a permis d’impliquer 108 acteurs, dont 25 EPCI. « Une étude avait déjà été lancée en 2019 pour avoir une idée plus précise des volumes prélevables sans conséquence sur les écosystèmes. Nous allons nous appuyer dessus pour établir un diagnostic qui doit être rendu avant l’été puis entamer une phase plus prospective », raconte Caroline Mauduit, cheffe du service eau-environnement-forêt à la DDT du Puy-de-Dôme. Comme pour tous les PTGE, ce projet de territoire sera conduit pour une période de six ans, renouvelable une fois. Caroline Mauduit tient à rappeler un élément clé de la réussite d’un PTGE : sa forte composante agricole. « Les PTGE naissent souvent de problématiques soulevées par les agriculteurs. Notre objectif, c’est donc non seulement de définir avec eux une trajectoire d’évolution des pratiques, mais surtout de préserver l’activité agricole sur le territoire. »