AGROECOLOGIE
Des haies pour changer le paysage

La Communauté de communes de la Plaine de l’Ain a répondu à un appel à projets lancé par l’Agence de l’eau pour implanter et restaurer 42 km de haies en trois ans. Neuf agriculteurs ont déjà déposé un dossier et ont été retenus. 

 Des haies pour changer le paysage
Quatre agriculteurs de la commune d’Ambronay, dont Mathieu Fournier (au centre), ont décidé d’implanter ou restaurer des haies sur leur exploitation. ©AA01

Mathieu Fournier fait partie des neuf agriculteurs de la Plaine de l’Ain intéressés pour implanter ou restaurer des haies sur leur exploitation dans le cadre du Marathon des haies auquel participe la Communauté de communes de la Plaine de l’Ain (CCPA) après avoir répondu à un appel à projets lancé par l’Agence de l’eau. « L’objectif, c’est d’implanter ou restaurer 42 km de haies (et 42 mares) en trois ans sur la zone de la CCPA. Dans notre Plan climat air énergie territorial (PCAET), il y a un enjeu fort en matière de développement durable », précise Claire Labartette, chargée de mission à la CCPA, en charge du PCAET. Un projet financé à 70 % par l’Agence de l’Eau, à 3 % par la CCPA pour une enveloppe totale de 600 000 €. Les agriculteurs concernés n’ont à leur charge que la préparation du sol, et n’avancent aucun argent. Les premières plantations ont eu lieu cet hiver, mais seulement 4 km de haies ont pu être plantées sur les 22 km déjà validés1 par le comité de pilotage2 en raison d’une pénurie d’arbres et d’arbustes. « Avec le Plan de relance (programme « Plantons des haies », ndlr), la plantation de haies est à la mode et les pépinières n’arrivent pas à suivre », confie Antoine Marin, agronome à Mission haies, une association partenaire. Membre du comité de pilotage, il accompagne les agriculteurs et les aide à définir leur projet de haies selon leurs besoins. 

De nombreux avantages 

Pour Mathieu Fournier, « c’était une volonté d’augmenter la biodiversité, lui qui aime bien voir les faisans et les perdrix sauvages ». Converti en agriculture biologique en 2008, il y voit aussi un atout pour ramener des auxiliaires de culture contre les pucerons. Près d’1 km de haie a été planté cet hiver sur les deux exploitations familiales : l’Earl Lormet en conventionnel (490 ha de SAU en soja, maïs, blé, orge et luzerne fourrage) et la SCEA ABL en agriculture biologique (170 ha avec le même assolement, mais aussi des lentilles et des mélanges de méteils orge et pois). Quant aux essences (ormes, érables champêtres, chêne pubescents, mûriers blancs, frênes…), elles sont dans la mesure du possible locales. « On travaille avec des structures locales. Pour la plantation et le paillage, on a un accord-cadre avec Terideal qui se fournit chez la pépinière Mainaud de Certines et chez l’ASE d’Ambronay pour les plaquettes », ajoute Antoine Marin. Effet coupe-vent et donc amélioration de l’irrigation, stockage du carbone, production de bois de chauffe, apport d’auxiliaires de culture, protection des prairies contre les déchets jetés de la route, maintien des sols, structure du paysage, piège à phytosanitaires… les avantages d’une haie sont multiples. Quant à l’entretien, un taille-haies hydraulique ou un marteau à rotor suffisent. 

Pac (2023-2027) : un plus dans les éco-régimes 

L’agriculteur y voit aussi un avantage dans le cadre de la prochaine Pac qui s’annonce plus « verte » que les précédentes. Il existera en effet trois types d’entrées pour répondre aux éco-régimes en France – les pratiques agricoles, la certification (HVE ou AB) et les infrastructures agro-écologiques – qui donneront lieu à une aide pouvant aller jusqu’à 82 €/ha.  « Il vaut mieux aller dans ce sens que contre », concède-t-il. « L’agriculture est souvent décriée et il faut montrer une nouvelle image ». Dans la nouvelle Pac, la présence de haies labellisées sur a minima 6 % de la SAU et des terres arables donnera également droit à une prime estimée par le ministère de l’Agriculture à 7 €/ha et avec la proposition actuelle selon laquelle 1 000 m linéaire de haies équivaudraient à 1 ha. 

Margaux Legras-Maillet 

1. 20 km de haies peuvent encore être implantés dans le cadre du Marathon. Pour les personnes intéressées, s’adresser à [email protected]  

2. Agence de l’eau, Conseil départemental, CCPA, Syndicat des rivières Ain aval affluents (SR3A), France nature environnement, Mission haies, Ligue de protection des oiseaux, etc.