CIRCUITS COURTS
La ferme des Gamelles, un marché pour les petits producteurs

CIRCUITS COURTS / Productrice de fruits depuis quinze ans dans la Drôme, Élodie Merlin a lancé début février un marché de producteurs au sein de son exploitation à Bourg-lès-Valence. L’objectif ? Favoriser la vente directe et relancer son activité. Mais la récente période de confinement a bouleversé tous les plans…

La ferme des Gamelles, un marché pour les petits producteurs
Élodie Merlin (à gauche, au premier rang) a su insuffler une belle dynamique à « La ferme des Gamelles » et les petits producteurs locaux des environs.

Sortir de l’impasse. Tel était le leitmotiv d’Élodie Merlin, productrice de fruits à Bourg-lès-Valence dans la Drôme, au moment de créer son marché de producteurs, appelé « La ferme des Gamelles ». Installée depuis 2006 sur 2,5 hectares, l’arboricultrice vend ses fruits (abricots, figues, mirabelles et coings) en partie à la coopérative. Elle a cependant la possibilité de vendre 25 % de sa production en vente directe. Chose qu’elle a régulièrement fait sur les marchés des environs. « Les petits marchés connaissent une baisse constante de la fréquentation. Au final, j’y passais beaucoup de temps pour pas grand-chose », regrette-t-elle. Pourtant, Élodie Merlin n’est pas du genre à baisser les bras. Depuis plusieurs années, et malgré l’accumulation de mauvaises saisons dues aux intempéries, la productrice redouble d’efforts.

Depuis cinq ans, elle s’est lancée dans la transformation de ses fruits en confiture, coulis, sirop, pâte de coing, etc. Une valeur ajoutée essentielle pour le maintien de son activité, d’autant plus qu’elle a perdu, en juin 2019, l’ensemble de sa production. « Nous étions en grosse période de production. Nous allions commencer la récolte. En l’espace de trois minutes, j’ai tout perdu », déplore-t-elle. Très vite, la productrice, bien entourée par sa famille, a su rebondir et proposer à la vente les fruits abîmés. « Nous avons fait ce qu’il fallait pour sauver le peu qu’il restait. »

Appel aux consommateurs…puis aux producteurs !

Et puis un jour, une collègue apicultrice lui soumet l’idée de créer son propre marché de producteurs. « C’est vrai que j’avais déjà le lieu pour le faire. Avant de me lancer, j’ai publié un message sur plusieurs pages Facebook pour avoir un retour des consommateurs sur l’intérêt qu’ils portaient à ce projet de création. J’ai eu un retour extraordinaire. Derrière, j’ai lancé un appel aux petits producteurs du coin (nord Drôme en particulier) que je connaissais. Puis l’aventure a débuté ! » explique, ravie, Élodie Merlin.
Sous le hangar de l’exploitation, « La ferme des Gamelles » a donc vu le jour sans contraintes réglementaires particulières depuis le 1er février. Il est ouvert tous les samedis de 10 à 15 h, à Bourg-lès-Valence.

Ils sont finalement dix producteurs à avoir répondu à l’appel de la jeune femme pour la suivre dans son aventure et proposer chaque samedi des produits locaux. « Je ne m’attendais pas à réunir autant d’agriculteurs dans mon projet. La règle du jeu consiste à ce que chaque producteur soit présent, au minima, le 1er samedi du mois afin de pouvoir échanger avec les clients sur la profession. Les gens discutent, s’intéressent à notre métier… Ce contact est vraiment primordial pour moi », avoue-t-elle.

La communication, un élément phare de la vente directe



Défendre l’arboriculture, parler de son métier, tel est l’objectif d’Élodie Merlin. « Au sein de mon exploitation, je ne cherche pas la productivité à tout prix. Je préfère éclaircir mes arbres pour obtenir un fruit goûteux, de gros calibre, et de qualité. A travers la vente directe, certaines personnes m’ont dit avoir redécouvert le goût des fruits. Psychologiquement, cela fait du bien d’entendre cela. Et puis, le circuit court nous permet de rentrer un petit peu d’argent tous les mois », poursuit-elle. 


Après plusieurs semaines d’existence, le marché de producteurs a fait ses preuves. Pour autant, s’il n’ouvre ses portes que le samedi, c’est un investissement sans faille pour la créatrice Élodie Merlin : transformation de ses produits, préparation des caisses, lancement des commandes, mise en place des stands et communication sont au programme de ses semaines déjà bien remplies. « J’essaie d’être très présente sur les réseaux sociaux et d’alimenter régulièrement la page Facebook pour faire connaître le marché et rappeler aux clients qu’ils peuvent passer leurs commandes. Je propose également des recettes avec des fruits et légumes de saison. La communication fait partie de notre métier », note-t-elle.

Un système de drive qui a du succès

Une communication qu’elle a dû accentuer avec le début du confinement le 17 mars dernier. D’elle-même, elle a pris la décision dans un premier temps de suspendre son rendez-vous hebdomadaire : « Environ 35 personnes viennent dans un laps de temps de deux heures. C’est très concentré et je ne voulais prendre aucun risque. » 
Puis, petit à petit, la mère de famille a développé une vente de paniers à la ferme, sous forme de drive. « Nous avons gelé à 80 % et perdu toute notre récolte pour la quatrième saison de suite… », avoue-t-elle. Trouver des solutions, une nouvelle fois, pour sortir la tête de l’eau. « J’ai aussi répondu aux demandes de mes clients de leur fournir, malgré le confinement, des produits. J’ai donc mis en place un système de commande / drive avec un règlement précis, avec des horaires de retrait, pour éviter tout regroupement », explique Élodie Merlin.

L’effet boule de neige a rapidement fonctionné, et la jeune femme vend chaque samedi plus d’une cinquantaine de paniers. « Là encore, la logistique est importante, voire lourde. Mais je remarque que le drive convient de plus en plus aux consommateurs. J’évoque donc la possibilité de garder ce mode de fonctionnement pour les mois à venir », conclut-elle.

Amandine Priolet

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« La ferme des Gamelles » offre une grande diversité de produits locaux (crédit photo : Wilfrid Audibert, Solid Agri 26).