CONJONCTURE
Ovins : des prix qui se redressent après Pâques

Sophie Chatenet
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CONJONCTURE / À l’occasion d’une conférence virtuelle (webinaire), l’Idele a livré une analyse du marché ovin au 7 mai. L’après Pâques a donné lieu à une situation plutôt inhabituelle en France avec un rebond des cotations qui ont enfin retrouvé leur niveau de 2019

Ovins : des prix qui se redressent après Pâques
Ovins : les prix se redressent après Pâques

Décidément, la crise du Covid-19 aura bousculé bien des certitudes, et battu en brèche les traditionnels ressorts commerciaux. La filière ovine n’échappe pas à la règle puisqu’après des fêtes de Pâques plus maigres qu’à l’habitude, le cours de l’agneau français reprend du poil de la bête.

Le même phénomène s’est d’ailleurs produit au Royaume-Uni. Ainsi, en semaine 17 (26 avril), l’offre limitée a fait progresser le prix moyen à 6,37 €/kg soit + 7 centimes d’une semaine sur l’autre. « La situation est toujours très inhabituelle puisque le moindre recours aux viandes importées pour valoriser l’agneau français a, semble-t-il, provoqué une chute des disponibilités supérieure à la baisse de la demande. De plus, la production nationale d’agneaux est estimée en baisse cette année », détaille Philippe Chotteau, chef du département économie à l’Idèle. En semaine 18, l’offre est restée limitée et la préférence nationale est toujours en vigueur chez la plupart des détaillants : la cotation, qui a gagné 13 centimes en une semaine, à 6,50 €/kg, rejoint son niveau de l’an passé.

L’effet Ramadan

Selon les données d’Interbev, les abattages de la semaine 17 ont été meilleurs que ceux de la semaine 16. Ils sont en hausse de respectivement 4 % et 10 %, par rapport aux semaines précédant Pâques en 2019. « Les deux premières semaines du Ramadan animent quelque peu le commerce malgré le confinement », analyse l’économiste. Les abattages en semaine 18 sont en baisse par rapport à la semaine 18 de 2019 (aussi une semaine de 4 jours), illustrant une offre française en recul.

« Contrairement aux craintes, il n’y aurait, pour le moment, plus de reports d’une semaine sur l’autre en bergerie. On s’attendait à ce que certains agneaux surnuméraires sortent après Pâques (retenus en ferme pour ne pas alourdir le marché), mais ça ne semble pas être le cas. Les agneaux d’herbe ne sont pas encore sortis mais sont attendus de pied ferme ». La demande pourtant en recul avec le confinement reste toutefois supérieure aux disponibilités en viande française. Face à cette situation, les distributeurs pourraient avoir à nouveau davantage recours aux importations afin d’approvisionner leurs rayons.

Exportation massive en Espagne

Dans ce cadre, « les achats d’agneaux espagnols pourraient perdurer mais dans des volumes insuffisants pour déstabiliser le marché », indique Philippe Chotteau. L’Espagne a envoyé d’importants volumes en vifs vers les pays arabes à l’occasion du Ramadan, de manière à soulager ponctuellement ses éleveurs. Ainsi, de janvier à fin avril, le port de Tarragone (l’un des deux ports espagnols autorisés par le ministère de l’Agriculture à charger du bétail sur pied) a enregistré un bond d’activité avec près de 94 000 ovins exportés contre 20 000 en 2019 sur la même période.

Plus au nord, l’Irlande connaît depuis début mai un engorgement du marché, ce qui a fait plonger les cotations. En Nouvelle-Zélande, là-aussi la chute des cours se poursuit. Les conditions météorologiques sèches et les niveaux élevés de l’offre ont accentué la baisse des prix. « Les prix de l’agneau de Nouvelle-Zélande devraient toutefois trouver un soutien à mesure que l’offre se resserre et que la forte demande chinoise commence à se reconsolider », estime Philippe Chotteau. En Australie, selon Rabobank, le niveau historiquement bas du cheptel ovin australien compenserait l’impact du Covid-19 sur la filière. « Compte tenu de la situation d’approvisionnement en Australie, il n’y aura probablement pas de baisse spectaculaire des prix à moins que la situation ne se dégrade fortement et que plusieurs installations de transformation ferment en raison de l’épidémie de Covid-19. »

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