VITIFORESTERIE
La vigne et l'arbre, un mariage qui a tout bon

Que ce soit pour créer de l’ombrage, amortir les rafales de vent, piéger du carbone ou améliorer la structure du sol, la vitiforesterie a de nombreux atouts. Mais avant de se lancer, quelques questions se posent. 

La vigne et l'arbre, un mariage qui a tout bon
Les rangées d'arbres dans le vignoble permettent d'apporter de l'ombre quelques heures par jour, sur les vignes et pour les vendangeurs !

Quelle implantation ?

Le type d’implantation dépendra des objectifs que se fixe le viticulteur. Les haies en bords de parcelle seront plus adaptées si l’objectif est de limiter les rafales de vents latéraux. Les arbres sont plus faciles à aménager dans un vignoble déjà en place. Ils servent de gîte à une faune diversifiée qui peut être intéressante dans la pollinisation et la lutte contre les ravageurs. L’effet d’ombrage est toutefois limité. Les rangées d’arbres intercalées entre les rangs de vignes apportent en revanche plus d’ombre. Au Domaine Les Restanques, pionnier en vitiforesterie, William Trambouze a notamment constaté un rafraichissement des rangées à l’ombre des arbres, de l’ordre de 2,5°C. « L’ombrage est ponctuel, environ deux heures, mais selon l’orientation et le type d’arbre, cela peut créer un rafraichissement plus important. Les rangées de hauts-jets permettent aussi d’aérer et de faire circuler l’air dans les vignes. »

Quels arbres choisir ?

Il est recommandé de privilégier des espèces non-invasives, rustiques, adaptées au terroir et aux conditions pédoclimatiques locales, et pourquoi pas, des espèces valorisables (fruits, bois de chauffage). Afin d’éviter de concurrencer la vigne, on peut opter pour des essences tardives comme le frêne, le noyer ou encore l’aulne. « Varier les espèces d’arbres est toujours plus intéressant, afin d’attirer une faune auxiliaire diversifiée », explique William Trambouze. Le noisetier, le frêne ou encore le charme permettent d’attirer des prédateurs de la cicadelle. L’amandier est un hôte des prédateurs des vers de la grappe. Certains arbres peuvent à l'inverse être vecteurs de ravageurs, comme le cerisier avec drosophila suzukii, l’églantier avec la cicadelle ou le cornouiller sanguin avec le ver de la grappe.

Quelle orientation ? 

Pour créer une protection thermique de la vigne, il est conseillé de privilégier une orientation Nord-Sud. Quant à l’écartement, le plus important est de respecter les distances permettant le passage des outils agricoles. « Préférez les distances minimales de 3 à 4 mètres entre les rangées de vignes et d’arbres », recommande encore Aline Buffat, conseillère à la Chambre d'agriculture de la Drôme.

Arbres fruitiers, attention au calendrier ! 

Ils sont intéressants pour la production de fruits. Mais attention à bien réfléchir, les périodes de traitements de la vigne étant concomitantes avec la récolte de certains fruits (cerises, abricots).