CAMPAGNOLS
Un fléau récurrent sur les prairies et des moyens de lutte limités

Le Fonds national agricole de mutualisation sanitaire et environnemental (FMSE) vient d’ouvrir un dispositif d’indemnisation des pertes fourragères causées par les campagnols terrestres en 2022. Pour la première fois, ce dispositif est accessible à des exploitations ardéchoises, qui rencontrent de plus en plus de dégâts sur leurs prairies. 

Un fléau récurrent sur les prairies et des moyens de lutte limités
Dans les prairies, les campagnols terrestres (rat taupier) creusent des galeries pour se protéger des prédateurs et se nourrissent de racines, impactant sur la quantité et la qualité des fourrages, que les éleveurs doivent compenser par des achats.

Ces dernières années, les campagnols terrestres connaissent des pics de pullulations sans précédents sur les secteurs de Coucouron, d’Issanlas, du Cros-de-Géorand, de Sainte-Eulalie… Sur le massif du Mézenc, « nous avions eu beaucoup de dégâts en 2020 et 2021, le pic de pullulation n’en finissait plus », retrace Dominique Laffont, éleveur de veaux sous la mère à La Rochette. « Nous sommes actuellement en période de basse densité sur certains secteurs en Ardèche, mais il y a eu des années difficiles pour les agriculteurs », retrace Catherine Prave, technicienne sanitaire sur le dossier Campagnols à la Fredon Auvergne Rhône-Alpes.

Dans les prairies, les campagnols terrestres (rat taupier) creusent des galeries pour se protéger des prédateurs et se nourrissent de racines, impactant sur la quantité et la qualité des fourrages, que les éleveurs doivent compenser par des achats. Éleveur de vaches laitières et allaitantes à Saint-Cirgues-en-Montagne, Sébastien Comte a rencontré d’importantes pertes fourragères en 2022, causées par les campagnols terrestres. Sur 80 hectares de prairies de fauche, « nous pouvons compter en moyenne 30% de pertes de foin en 2022, avec des parcelles impactées à plus de 50% par endroits », précise l’éleveur, installé avec deux associés au Gaec d’Esterbeyres.

Des pics de pullulation à venir

« Les pics de pullulation ne sont pas plus longs qu’avant, mais il semblerait que les campagnols terrestres reviennent plus fréquemment, tous les 5 à 7 ans. Après le front de pullulation tourne, même au sein d’une commune, ce qui rend leur gestion encore plus difficile », poursuit Catherine Prave. « La situation n’est pas catastrophique en Ardèche mais il faut être vigilant et s’attendre dans les deux ans à venir à voir leur population augmenter en nombre. Après une période de basse densité, on a toujours un pic de pullulation. On s’aperçoit aussi que de nouveaux secteurs commencent à connaitre des dégâts, autour de Lamastre notamment. »

Face au campagnol, il faut intervenir très tôt, dès que les premiers foyers s’installent, « avec des pièges, des traitements chimiques, en travaillant le sol et en détruisant mécaniquement les galeries. Il est possible aussi de favoriser la prédation (rapaces, hermines, belettes, renard) en introduisant des haies, des perchoirs, tout ce qui peut attirer les prédateurs à chasser les campagnols là où vous voulez qu’ils chassent », conseille la technicienne sanitaire de la Fredon Aura. Les périodes de sécheresse compliquent leur observation, car les campagnols creusent très peu à ce moment-là. Les pièges permettent alors d’avoir une vision plus précise, ajoute-t-elle.

L’indispensable lutte collective

Lutter collectivement est primordial. « Un agriculteur qui lutte seul va s’épuiser. Pour minimiser le temps de travail, l’efficacité des moyens de prévention et de lutte sur un même secteur, il faut être plusieurs », constate Catherine Prave.

Dans le cadre d’un programme de lutte du FMSE, les agriculteurs peuvent demander des indemnisations pour les coûts engendrés par la lutte contre le campagnol terrestre en prairies. Le FMSE indemnise jusqu’à 75% de ces dépenses, à raison de 1 500 € par exploitation en moyenne, à condition d’avoir signé un contrat de lutte collective sur 5 ans avec le réseau Fredon et cotiser au FMSE.

Il vient également de mettre en place un dispositif d’indemnisation des pertes fourragères causées par les campagnols terrestres en 2022, ouvert pour la première fois à des exploitations ardéchoises. Cette aide est ouverte uniquement aux exploitations qui sont engagées dans un contrat de lutte collective, cotisent au FMSE et sont situées sur 13 communes éligibles dont les balises de surveillance doivent avoir noté une activité de niveau 3 (voir ci-contre).

A.L.

FMSE

Indemnisation des pertes fourragères 2022

Ouvert début septembre par le FMSE, le dispositif d’indemnisation des pertes fourragères causées par les campagnols terrestres prend en charge les pertes constatées entre le 1er janvier 2022 et le 31 décembre 2022. Elles sont calculées sur la base des surfaces éligibles issues des déclarations Pac 2022 et situées dans les communes éligibles au programme.

Critères d’éligibilité

  • Avoir signé un contrat de lutte collective avec un organisme à vocation sanitaire prévu à l’article 4 de l’arrêté du 14 mai 2014 relatif au contrôle des populations de campagnols nuisibles aux cultures au plus tard le 31 mai 2022, et avoir respecté les engagements prévus par celui-ci.
  • Être affilié à la section Commune et la section Ruminants du FMSE. Pour la cotisation à la section Ruminants, être à jour de ses cotisations en 2021 et 2022 (sauf nouveaux installés). La cotisation à la section Ruminants est appelée par le GDS.
  • Avoir au moins 20% des surfaces fourragères éligibles situées dans des communes éligibles : Le Béage, Coucouron, Le Cros-de-Géorand, Gluiras, Lesperon, Sagnes-et-Goudoulet, Saint-Cirgues-en-Montagne, Issanlas, Issarlès, Le Lac-d’Issarlès, Lachapelle-Graillouse, Sainte-Eulalie et Saint-Martial.

La date limite du dépôt des demandes d’indemnisation est fixée au 30 septembre 2023. Elles sont à effectuer uniquement en ligne à partir d’un lien de connexion disponible sur www.fmse.fr ou directement sur https://urlr.me/Sw4sF

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