SANITAIRE
Se former à l’homéopathie en élevage de ruminants
Le groupement de défense sanitaire (GDS) de l’Ardèche organise des formations sur l’homéopathie en élevage de ruminants. Deux niveaux de formation sont proposés, vendredi 22 novembre et mercredi 15 janvier, à Privas.
Dans l’élevage de ruminants, l’utilisation de l’homéopathie intervient sur différents types de pathologies : traumatologie, mammites, problèmes digestifs, diarrhées, problèmes respiratoires… Elle nécessite d’acquérir une approche globale et de nombreuses connaissances selon le degré d’implication des éleveurs, explique le Docteur vétérinaire Patrice Rouchosse, basé à Lamastre, qui anime les formations sanitaires proposées par le GDS de l’Ardèche ces prochaines semaines. Il pratique l’homéopathie depuis une trentaine d’années et intervient dans toute la moitié sud de la France.
Une médecine complexe
Nulle question de traitement préventif dans ce type de médecine, rappelle le spécialiste. « C’est l’application de la loi de similitude : vous avez un malade avec des symptômes, vous cherchez le remède qui à dose toxique provoque ces symptômes et vous le donnez à dose homéopathique donc tant que vous n’avez pas de symptôme vous ne pouvez pas le faire », explique-t-il. Et de prévenir : « Cette médecine est très complexe et demande beaucoup de travail de manière générale. Elle induit une relation horizontale entre le vétérinaire et l'éleveur, les impliquant tous les deux dans la démarche ».
L’indispensable observation de ses animaux
L’observation tient une place primordiale en homéopathie : « En médecine classique (allopathie), un antibiotique sera utilisé face à un problème infectieux, quel que soit l’animal concerné le traitement est ciblé sur la pathologie. En homéopathie, le traitement est individualisé, donc les qualités d’observation de l’éleveur seront indispensables. On a besoin de symptômes individualisés et non juste d’une pathologie. Sans l’observation de l’animal, l’homéopathe ne peut rien faire », ajoute Patrice Rouchosse. « Observer, c’est utiliser ses cinq sens et ce sixième sens qui est l’empathie. Quand vous avez une vache malade qui se met dans un coin, cela consiste à se mettre à sa place pour comprendre ce qu’elle cherche là-bas. »
Apprentissage des remèdes
Les éleveurs sont amenés également à devoir apprendre de nombreux remèdes proposés en homéopathie. « Comme on individualise les traitements, on a beaucoup de remèdes. Il faut avoir une cinquantaine de remèdes différents chez soi pour arriver à se débrouiller un petit peu et évidemment pour aller plus loin il en faudra d’autres. » C’est pourquoi deux niveaux de formation sont proposés par le GDS de l’Ardèche aux éleveurs.
Niveaux de formation
Le premier niveau de formation permet de présenter et d’expliquer les grands principes de l’homéopathie, la réglementation relative à ce type de médecine, des cas pratiques d'utilisation et protocoles, et aborder plus particulièrement son utilisation lors de traumatismes, d’accompagnement des mises bas, de mammites. « Avec des éleveurs qui ne connaissent pas bien l’homéopathie, on débute avec des remèdes de traumatologie, de mises bas, que ce soit pour aider la vache ou la brebis à mettre bas ou que ce soit pour les pathologies néonatales », indique Patrice Rouchosse.
Le second niveau de formation, plus avancé, propose quant à lui d’approfondir ses connaissances, travailler sur des cas concrets rencontrés par les éleveurs participants et aborder des pathologies plus compliquées, à savoir les pathologies digestives et respiratoires, boiteries, panaris. « En traumatologie, il n’y a pas cinquante façons de prendre un coup donc c’est assez facile mais sur des pathologies différentes, il y a besoin d’affiner les choses. Cette année, on va évoquer la fièvre catarrhale ovine (FCO) : nous avons eu de la mortalité sur les troupeaux que je suis, mais globalement elle est inférieure à celle des troupeaux qui n'ont fait que de l'allopathie. En effet, sur les pathologies virales l'allopathie est assez désarmée : les anti-inflammatoires ne peuvent que limiter les douleurs des animaux, et las antibiotiques sont là pour lutter contre les surinfections. Les vétérinaires comme les éleveurs attendent alors une solution vaccinale. L'objectif en homéopathie est d'apporter un accompagnement aux cas par cas pour lutter contre la maladie et maintenir les animaux le temps d'une guérison potentielle. »
A.L.
« Réduire l’impact des médicaments sur les animaux »
Depuis le déremboursement de l’homéopathie en médecine humaine, intervenu en janvier 2021, cette pratique bénéficie globalement d’une moindre reconnaissance. En médecine animale, elle suscite l’intérêt de nombreux éleveurs qui « désirent réduire l’impact des médicaments sur les animaux », constate Sylvie Gleize, technicienne du GDS de l’Ardèche. À la demande des éleveurs, le groupement sanitaire propose donc des sessions de formation sur l’homéopathie en élevage de ruminants depuis trois ans. « L’homéopathie demande un minimum de connaissances sur les principes actifs de base, sur les basses ou hautes dilutions en fonction des symptômes, qu’ils soient chroniques ou aigus », ajoute Sylvie Gleize. « Certains participants arrivent à la formation en ayant déjà des connaissances mais d’autres n’ont aucune notion de l’homéopathie. Il est difficile de cerner toutes les notions de l’homéopathie en une seule journée donc nous proposons deux niveaux de formations sur l’année, la première centrée sur les connaissances de base, la seconde sur les cas particuliers de leur élevage. »