BOVIN LAIT
Éleveur laitier : un métier de vocation

L’interprofession laitière régionale, le Criel Alpes Massif central, et l’Institut supérieur d’agriculture Rhône-Alpes (Isara) ont conduit une étude sur les parcours d’installations fructueuses des personnes entrant dans la filière bovin lait en Auvergne-Rhône-Alpes (Aura). Objectif : mettre en lumière les enjeux stratégiques pour l’attractivité et le renouvellement des générations en élevage. 

Éleveur laitier : un métier de vocation
La problématique de l’astreinte est contrebalancée par la flexibilité que peut offrir le métier. ©Cniel

Le renouvellement des générations en agriculture et notamment en filière bovin lait est un enjeu d’avenir que les acteurs des filières ont pris à bras-le-corps depuis quelques années déjà. Si ce renouvellement n’est pas pleinement assuré, des jeunes et moins jeunes embrassent chaque année la profession et réussissent. Quelles sont leurs motivations et leurs ressources pour s’installer, pérenniser leur activité et s’épanouir professionnellement ? D’avril à septembre 2023, le Criel Alpes Massif central et l’Isara se sont associés pour conduire une étude1 et interroger vingt personnes (9 femmes et 11 hommes, 9 personnes hors cadre familial et 11 installées dans le cadre familial). « L’objectif des entretiens menés était de restituer une image vécue du métier par les personnes nouvellement installées », peut-on lire dans le compte-rendu final. Et sans surprise, la transmission est loin d’être « un long fleuve tranquille ». Les « héritiers » n’ont en effet pas la tâche plus simple du fait de leur statut et « les conflits d’autorité peuvent être vécus de manière très dure en famille ». Il ressort qu’évidemment « le rôle des cédants est déterminant, qu’il s’agisse d’un projet de transmission dans le cadre familial ou non. »

Échanger

Trouver un équilibre professionnel, économique et personnel est un travail d’équilibriste pour ces jeunes entrepreneurs. Le premier levier demeure la diminution des charges. La stratégie s’appuie également sur « les collectifs professionnels en vue de gagner en autonomie financière et décisionnelle ». Toutefois, atteindre cette autonomie, être en accord avec soi-même pour atteindre ses objectifs, nécessite parfois de « remettre en cause certaines normes professionnelles ». Pour cela, tous ont pu trouver du soutien dans différentes structures. Alors pour permettre à ces jeunes de perdurer dans le métier, l’étude révèle que « des espaces d’échanges sont nécessaires pour parler du sens du travail en collectif, mais également en individuel ».

Des sources d’épanouissement

Quid de l’astreinte souvent pointé du doigt ? Elle est « contrebalancée par la flexibilité que peut offrir le métier en termes de choix et des horaires. De plus, la passion du métier, l'attention et le soin porté aux animaux conduisent parfois l'éleveur à préférer travailler plus et bien. ». Un constat qui invite selon les enquêteurs à « creuser plus finement les questions de pénibilité et à ne pas s’arrêter à des normes sociétales de temps de travail pour juger de la qualité de vie au travail des éleveurs bovin lait ». En effet, les sources d’épanouissement sont nombreuses même si le besoin de reconnaissance (financière et symbolique) demeure. Le lien avec les animaux et la santé des vaches est l’une des premières. L’autonomie et le fait « d’être son propre patron » sont également des sources de satisfaction pour certains éleveurs. L’entraide et l’esprit profession sont d’autres forces de la filière laitière.

Marie-Cécile Seigle-Buyat

1. Cette étude a été réalisée dans le cadre du projet de recherche-action Pléiades, porté par l’ISARA et financée par le fonds de dotation Terra Isara (2021-24), en partenariat avec le Criel Les résultats issus de ce travail de Master ne sont pas l’expression d’une position interprofessionnelle.

Une vocation pour les hors cadre

Ainsi, pour les personnes « hors cadre », une vocation très précoce pour le métier d’éleveur laitier a été l’un des moteurs de leur installation. Ils ont pu compter sur un réseau professionnel et personnel fort. L’accompagnement des organismes professionnels est présenté comme essentiel.

Histoire de famille pour les femmes

Pour beaucoup des femmes interrogées, l’installation sur l’exploitation s’est faite à la naissance de leurs enfants pour lier vie professionnelle et familiale. Si le choix est assumé, certaines déplorent la difficulté d’être reconnues vis-à-vis de leur conjoint par le tissu local notamment.