APICULTURE
L’Or de la Ruche : « Mes abeilles sont mes athlètes »

Installé à Saint-Jean-le-Centenier, Yann Neime fait partie de ceux qui multiplient les facettes ! Dernière en date : la filière apicole et la production de miels 100% ardéchois. 

L’Or de la Ruche : « Mes abeilles sont mes athlètes »
L'apiculteur, installé à Saint-Jean-le-Centenier, dispose de près de 300 et a produit en conventionnel sept tonnes de miel sur la dernière saison. ©L'Or de la Ruche

Ancien athlète de haut niveau en canoë-kayak, entraîneur et formateur en Ardèche en partenariat avec le CREPS et le Département, à Mayotte avec la fédération française de Canoë-kayak, Yann Neime exerce également le métier d’ébéniste, pour lequel il s’est formé au centre de formation pour adultes Art Deco Création du Pouzin en 2012. Son projet était alors de créer des embarcations haut de gamme en bois, « mais j’ai été sollicité pour entraîner et former des athlètes, un emploi très intéressant, que j’ai fait encore pendant 5 ans », explique l’Ardéchois, originaire d’Annonay. C’est à la naissance de sa seconde fille et avec l’ambition de trouver un voire deux activités lui permettant d’être plus présent pour sa famille, qu’il s’oriente vers l’apiculture. « J’avais découvert ce métier avec mes beaux-parents, apiculteurs dans le Lot-et-Garonne, et je me suis dit qu’il pouvait s’associer à mon projet d’ébénisterie. » Il suit ainsi un BPREA spécialisé en apiculture en 2019, travaille chez Nicolas Bourg, apiculteur au Teil, jusqu’en 2021 puis s’installe à son compte.

Augmenter les variétés de miel et non la production

Parti de 4 ruches offertes par ses beaux-parents, il en dispose près de 300 aujourd’hui et a produit en conventionnel sept tonnes de miel sur la dernière saison. « Cela me permet de renouveler le cheptel et produire une gamme de différents miellés. Mon objectif est de produire du miel très local, qualitatif, des produits haut de gamme mais à des prix abordables pour tout le monde, mais aussi augmenter mes variétés de miel et non ma production », explique-t-il. « En Ardèche, il y a énormément de diversité florale et de reliefs par rapport à d’autres régions, qui permettent de produire de multiples miels sans avoir à se déplacer trop loin. »

Pour développer son projet d’installation, il a pu bénéficier d’aides aux investissements auprès de la Région Auvergne Rhône-Alpes dans le cadre du plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (PCAE). Elles ont permis de financer 50% du coût de son bâtiment d’exploitation d’une surface de 300 m2.

« La qualité de l’abeille, c’est la seule chose sur laquelle on peut travailler »

« Mes abeilles sont mes athlètes. Elles ont un objectif de miellées donc il faut qu’elles soient en forme », ajoute-t-il, vigilant sur leur qualité dès le mois de septembre et non en janvier. « On ne maîtrise pas la floraison, on est tributaire de la météo. La qualité de l’abeille, c’est la seule chose sur laquelle on peut travailler. » Le climat hivernal, pour peu qu’il soit changeant, influe sur « leur carburant », poursuit Yann Neime. « Si elles sortent avant la période de floraison et que les apports extérieurs ne sont pas suffisants, elles peuvent s’affaiblir. » Ses abeilles hibernent ainsi sur les contreforts du Coiron dans des températures constantes, protégées du froid et du vent. Début mars, il inspecte scrupuleusement ses ruchers et commence à développer le cheptel. Chacun pouvant produire 24 colonies d’abeilles. « Certains partiront sur les premières floraisons, d’autres développeront un pool d’abeilles pour de l’élevage. »

Des colonies à « taille naturelle »

Ses essaims évoluent dans des ruchettes de 6 cadres, avant d’être transférés sur des ruches de 8 cadres, qui correspondent à « la taille d’une colonie naturelle ». Une attention particulière est apportée au confort des abeilles, à travers l’isolation du toit et des parois des ruches mais aussi leur ventilation. « Le mieux est aussi de placer les ruchers sur des zones ombragées mais ce n’est vraiment pas facile à faire. » Il effectue trois traitements sanitaires par an, tous les quatre mois (en toute fin d’année, en milieu de saison et fin août), afin de protéger ses abeilles du varroa, qui les affaiblit. « Certains secteurs sont plus impactés que d’autres. Nous sommes assez épargnés en Ardèche. Pour ceux qui le sont moins, c’est souvent dû aux transhumances qu’ils choisissent de faire, sur des secteurs de regroupements massifs. »

A.L.

Yann Neime
Yann Neime est installé à Saint-Jean-le-Centenier dans les contreforts du Coiron. ©L'Or de la Ruche
PRODUCTION

Des miels produits et récoltés en Ardèche

L’Or de la Ruche propose une gamme de sept variétés de miel, labellisé Goûtez l’Ardèche depuis janvier 2023. 

Les miels de L’Or de la Ruche valorisent une production locale et sont vendus au même tarif, les consommateurs pouvant faire leur choix « en fonction de ce qu’ils apprécient et non du prix », indique Yann Neime, qui préfère transhumer ses colonies. Le miel de lavande est produit entre Saint-Remèze et Bidon, celui de Garrigue uniquement sur le plateau calcaire de Saint-Remèze qui présente une flore adéquate, celui de châtaignier entre Saint-Andéol-de-Vals, Dornas et Burzet, celui de montagne au-dessus du col de Mézilhac également. La production de miellée de bruyères blanches, quant à elle, est entamée dans la vallée de la Drobie au-dessus de Beaumont, puis développée sur les contreforts du Coiron entre Aubignas, Alba-la-Romaine, Saint-Pons, Saint-Jean-le-Centenier et Mirabel. « Cette année, j’ai pu faire aussi un miel de mûriers sauvages. Après avoir récolté le miel de fleurs sauvages et déplacé les ruches pour une partie sur la lavande et l’autre sur le châtaignier, les abeilles avaient produit en deux semaines ce miel un peu particulier de ronces que j’ai nommé « Mûriers Sauvages » pour lui donner un côté plus poétique. » Enfin, Yann Neime produit aussi un miel de noisettes, tel une pâte à tartiner et du pain d’épices pour la période des fêtes de Noël.

Ses produits sont vendus dans divers points de vente et épiceries, dontun point de vente directe à la sortie de Saint-Jean-le-Centenier (Autotech 07), le bistrot gastronomique Terroirs de cuisine (Lavilledieu), Terre Nature (Montélimar), Le Village des producteurs (Ruoms), Le Terroir (Vallon-Pont-d'Arc). Ils sont aussi utilisés par des restaurateurs, pâtisseries fines comme Les Desserts de Giulia (Saint-Étienne-de-Fontbellon) ou encore le Genêt d’Or (Vogüé) pour la création de nougats. « Mon but est aussi de développer ce type de partenariats sur la commercialisation, avec des restaurateurs du plateau ardéchois jusqu’à Nîmes (30), commercialiser au-delà des frontières ardéchoises vu que l’on est nombreux à être apiculteurs ici. » Fin février, Yann Neime se rendra au Salon international de l’agriculture afin de représenter la section apicole du Groupement de défense sanitaire (GDS) de l’Ardèche au côté de Quentin Charel, apiculteur installé dans la vallée de l’Eyrieux. Ses produits seront également présents sur le stand du Département de l’Ardèche.

A.L.

Bruyère blanche
Il produit une miellée de bruyères blanches, entamée dans la vallée de la Drobie puis développée sur les contreforts du Coiron. ©L'Or de la Ruche
miels
©L'Or de la Ruche
cadres
Ses essaims évoluent dans des ruchettes de 6 cadres, avant d’être transférés sur des ruches de 8 cadres, qui correspondent à « la taille d’une colonie naturelle ». ©L'Or de la Ruche