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Énergies renouvelables : autoconsommer en élevage laitier

Entre économie et indépendance énergétique, l’autoconsommation séduit un peu plus chaque année. Mathieu Seyssiecq, éleveur de vaches laitières à Chenereilles (Loire), a franchi le cap. Depuis presque un an, il autoconsomme l’électricité qu’il produit.

Énergies renouvelables : autoconsommer en élevage laitier
Le grand panneau sur pied compte 120 m2 de panneaux solaires. Il se lève face au soleil, tourne toute la journée en fonction de sa position, puis se met à plat la nuit. ©Mathieu Seyssiec

Depuis quelques années, l’autoconsommation se développe dans un contexte de crise énergétique et d’augmentation du prix de l’électricité, liées à la crise sanitaire puis au conflit en Ukraine. En 2021, l’électricité a augmenté de plus de 2 %, et le tarif réglementé de 4 % en février 2022. Les tarifs de production des installations d’électricité en énergie renouvelable ont, quant à eux, fortement baissé ces dernières années. Installé depuis 2013, Mathieu Seyssiecq a installé des panneaux photovoltaïques en juillet 2022. « Mon exploitation compte une centaine de vaches laitières. On produit chaque année un million de litres de lait. Nous avons deux robots de traite et un tank à lait qui sont les plus énergivores. On a également de nombreux robots d’entretien de la ferme », explique l’éleveur. Il s’agissait donc pour cet éleveur de réduire sa facture d’électricité et de s’engager dans une démarche écologique et durable.

Autoconsommer était important pour l’éleveur et sa famille, mais sa mise en place s’est décidée rapidement : « Cela s’est fait un peu par hasard, par le biais d’une connaissance qui s’est spécialisée dans le domaine photovoltaïque. Après quelques calculs, nous nous sommes rendu compte que ça allait être très avantageux pour notre exploitation. C’était le moment de s’y mettre ». Si le parc photovoltaïque est en progression constante sur toute la France depuis une dizaine d’années, la région Auvergne-Rhône-Alpes est en tête du nombre d’installations en 2019 avec une progression de 13 % en un an. (Source : SDES) En 2021, on considère que l’énergie photovoltaïque représente 1,8 % de l’énergie produite dans la région.

De nouveaux dispositifs avantageux et non invasifs

« On n’aimait pas vraiment l’idée de mettre des panneaux photovoltaïques sur nos toits », explique Mathieu qui a opté pour une entité indépendante sur le terrain de l’exploitation. « C’est un grand panneau sur pied, qui compte 120 m2 de panneaux solaires. Il se lève face au soleil, tourne toute la journée en fonction de sa position, puis se met à plat la nuit. » Il précise : « C’est entièrement automatique, nous n’avons aucun réglage à faire. Lorsque le vent se lève au-delà de 40 km/h, il se couche pour se protéger. » L’exploitation utilise donc l’énergie générée par ces panneaux pendant la journée. Le potentiel surplus peut être stocké virtuellement, ou bien être remis en vente sur le réseau électrique. L’installation a représenté un investissement de 57 000 €, « beaucoup plus avantageuse qu’une installation sur toit », souligne l’éleveur. « D’ici 7 ans, voire moins, si l’électricité continue d’augmenter, cet investissement sera déjà rentabilisé », précise-t-il. En effet, avant cette installation, la facture mensuelle d’électricité de l’exploitation s’élevait en moyenne à 800 € par mois.

Vers une auto-consommation totale

« Le problème de l’énergie photovoltaïque, c’est qu’elle est produite seulement en journée. » Pour l’instant, l’autoconsommation de l’élevage de Mathieu s’élève à 65,9 %, et possède une autonomie de 56,2 %. Mais d’ici un an, il souhaite poursuivre sa démarche avec un nouveau projet : la mise en place d’un système de micro-méthanisation. Cette technique consiste à utiliser les effluents d’élevages afin de les transformer en énergie verte. Le biogaz est brûlé, et l’énergie qui s’en dégage alimente un générateur qui produit de l’électricité. « Cette technique va nous permettre d’être complètement autonomes en électricité. Comme les panneaux fonctionnent uniquement la journée, la micro-méthanisation complétera le dispositif. » Une installation cependant bien plus onéreuse, puisqu’elle représente un investissement de 400 000 € : mais ce dernier lui permettra de rentabiliser son exploitation d’ici quelques années, et d’être autonome à 100 % sur sa production et sa consommation d’électricité.

Charlotte Bayon

Mathieu Seyssiecq, éleveur de vaches laitières à Chenereilles (Loire) depuis 2013. ©Mathieu Seyssiec