ENTRETIEN
Enseignement agricole : « Trouver des solutions avec l'ensemble du monde agricole »

Le 9 février dernier a été lancée par le Sénat une mission d'information intitulée « l'enseignement agricole, outil indispensable au cœur des enjeux de nos filières agricoles et alimentaires ». Présentation des enjeux de cette mission par son président, le sénateur (LR) du Puy-de-Dôme, Jean-Marc Boyer.

Enseignement agricole : « Trouver des solutions avec l'ensemble du monde agricole »
Jean-Marc Boyer, sénateur (LR) du Puy-de-Dôme et président de la mission d'information du Sénat sur l'enseignement agricole. ©Eric Brugiere

Pourquoi le Sénat a-t-il décidé de se pencher sur le sujet de l'enseignement agricole ?

Jean-Marc Boyer : « L'initiative est venue du groupe RDSE auquel appartient Nathalie Delattre, sénatrice de la Gironde et rapporteuse de cette mission d'information. Elle se compose de vingt-trois membres, tous bords politiques confondus. L'objetif de cette mission d'information est de mieux évaluer l'importance de l'enseignement agricole dans l'ensemble du système éducatif français et d'explorer des pistes qui permettront d'accroître encore son rôle au cœur des territoires. L'un des dangers aujourd'hui est que l'Éducation nationale a de plus en plus tendance à prendre des crédits destinés à l'enseignement agricole. Nous souhaitons que l'enseignement agricole soit sanctuarisé, qu'il garde sa singularité et ses spécificités territoriales. »

Quels sont les principaux chantiers auxquels est confronté l'enseignement agricole ?

J.M.B. : « Le chantier de l'orientation est l'une de nos principales préoccupations. La valorisation de l'enseignement agricole, que ce soit au niveau des élèves, de leurs parents mais aussi des enseignants de l'Éducation nationale demeure aujourd'hui centrale. Les filières de l'enseignement agricole ne sont pas assez connues, les parents sont souvent mal renseignés. Cette revalorisation doit être accompagnée de décisions budgétaires plus ambitieuses et l''objectif de cette mission est justement de donner des orientations pour le vote du budget 2022. L'enjeu, c'est celui de l'installation. Aujourd'hui, à peine 10 % des élèves de l'enseignement agricole sont des enfants d'agriculteurs. Le soutien à l'enseignement agricole doit permettre d'y remédier, tout comme il doit permettre d'accompagner les élèves vers la transition agroécologique, le développement des circuits courts et le travail sur le bien-être animal. »

Où en est aujourd'hui le travail de la mission d'information du Sénat ?

J.M.B. : « Nous avons déjà réalisé de nombreuses auditions et un certain nombre de déplacements. Nous nous sommes par exemple rendus en Gironde pour visiter une MFR, un lycée d'enseignement agricole et Bordeaux sciences agro. L'objectif est de trouver des solutions avec l'ensemble du monde agricole, c'est pourquoi nous avons aussi auditionné les représentants du réseau Cneap, la Draaf, la directrice générale de l'enseignement et de la recherche, Mme Valérie Baduel, mais aussi les syndicats agricoles. Des élèves et anciens élèves seront également auditionnés pour tirer des conclusions sur les difficultés d'orientation vers les filières de l'enseignement agricole à partir de la 3e. Il faut aujourd'hui trouver une nouvelle manière d'appréhender l'orientation des élèves. Cet enjeu est crucial car l'agriculture est un vrai creuset d'emploi. »

Sur quoi pourrait déboucher cette mission d'information ?

J.M.B. : « Nous rendrons notre rapport en septembre. Les dernières auditions que nous réaliserons seront celles des ministres de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur, Mme Frédérique Vidal mais aussi du ministre de l'Agriculture, M. Julien Denormandie. L'objectif final est de rendre un rapport qui permette d'identifier les points sur lesquels il faudra avoir une action forte lors du vote du prochain budget. L'enseignement agricole ne sera peut-être pas au centre de la prochaine élection présidentielle mais nous devons lui redonner la place qu'il mérite. »

Propos recueillis par Pierre Garcia