PPAM
40 ans de recherche pour l’Iteipmai

Amandine Priolet
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INSTITUT DE RECHERCHE / Créé en 1980 à Milly-la-Forêt (Essonne) avec des antennes à Chemillé-en-Anjou (49) et La Garde-Adhémar (26), l’institut technique interprofessionnel des plantes à parfum, médicinales, aromatiques et industrielles (Iteipmai) s’est imposé comme l’un des organismes phares pour assurer une mission de recherche appliquée finalisée.

40 ans de recherche pour l’Iteipmai
Autour de Bruno Gaudin et Philippe Gallois, les co-directeurs, le personnel drômois de l’Iteipmai.

1980-2020, voilà quarante ans que l’Iteipmai est né. « L’institut, sous forme d’association loi 1901, a vu le jour pour répondre à une demande de la profession et du ministère de l’Agriculture, avec l’objectif de structurer la filière des plantes à parfum, médicinales, aromatiques et industrielles et de la doter d’outils techniques compétitifs permettant d’améliorer non seulement la productivité mais aussi les revenus des agriculteurs », explique Bruno Gaudin, directeur administratif de l’Iteipmai.

Le tout premier président de l’Iteipmai était Luc Darbonne, par ailleurs gérant de l’entreprise éponyme devenue aujourd’hui Darégal, leader mondial des plantes et herbes aromatiques surgelées. En multipliant les zones d’expérimentation dans plusieurs régions de France, il a permis à l’association de bénéficier de conditions agroclimatiques variées. Une richesse pour l’interprofession : « L’une des particularités de l’Iteipmai est l’émulation qui s’est créée entre les producteurs et les industriels. C’est ici la grande force de l’institut », poursuit Bruno Gaudin. Au cours des années 1980, sous l’impulsion des présidents successifs, Luc Darbonne puis Emile Martineau, de grandes évolutions ont lieu. L’institut décide de regrouper ses activités de recherche agronomique appliquée à Chemillé-en-Anjou, berceau des plantes médicinales.

Depuis vingt ans à Montboucher-sur-Jabron

Seules les activités de multiplication et de conservation sont maintenues à Milly-la-Forêt : c’est alors que voit le jour le Conservatoire national des Ppam (CNPMAI) afin de rassembler et valoriser les ressources génétiques des plantes aromatiques et médicinales. Le siège social de Chemillé regroupe, sur un site irrigué de douze hectares, terrains d’expérimentation et bâtiments (centre documentaire, laboratoire, serres...). Après un court passage de l’Iteipmai à Avignon, l’idée de créer une station d’expérimentation dans le Sud-Est, centre stratégique pour la production de Ppam, a abouti à la fin des années 1990. L’inauguration de la station de la Vesc, à Montboucher-sur-Jabron, a eu lieu il y a tout juste vingt ans, en 2000. « Cela a permis de donner un nouvel élan et un point d’ancrage à l’institut en créant une nouvelle unité d’expérimentation », précise le responsable administratif, qui partage la co-direction avec Philippe Gallois (directeur scientifique et technique). Hébergée par le Centre expérimental de la Vallée du Rhône (Top Semence), cette station d’expérimentation s’appuie sur un site de cinq hectares, sur lesquels sont implantées et étudiées basilic, lavande, lavandin, thym, romarin, origan, valériane, sauge sclarée ou officinale…

Ainsi, dans un souci de pérenniser la production française des Ppam et de la rendre toujours plus performante et compétitive pour faire face à la concurrence internationale, l’Iteipmai est doté de plusieurs missions. « L’une des missions phares de l’institut est de créer des variétés plus performantes pour répondre sans cesse à de nouveaux besoins de la profession. » La création variétale est alors un levier important pour augmenter les teneurs en principes actifs.

Contribuer à faire évoluer les normes

L’autre enjeu majeur auquel doit répondre l’institut - outre l’étude des itinéraires techniques de l’installation à la transformation des plantes - repose sur la protection des cultures : il met alors au point des itinéraires qualifiables, soumis à homologation, pour lutter contre les adventices, maladies et autres ravageurs portant préjudice au développement des plantes. L l’Iteipmai assure pour le compte de la filière Ppam, l’élaboration et le dépôt des dossiers d’homologation. Ce service participe activement à l’évolution des réglementations et des normes de la pharmacopée européenne et de l’Afnor. Son laboratoire, d’abord au service de ses adhérents et clients, est une source de référence. L’Iteipmai développe aussi des méthodes d’analyse permettant de caractériser et qualifier les produits. « C’est la préoccupation majeure de la décennie. Nous disposons de moins en moins de solutions et manquons de références sur les méthodes alternatives », avoue Bruno Gaudin.

Les programmes de recherches, portés par les vingt-huit salariés, dont six à Montboucher-sur-Jabron, et les 130 adhérents de l’association, sont financés pour moitié par des fonds publics (subventions accordées par le ministère de l’Agriculture et les Régions) et pour autre moitié par des financements privés. Si les financements publics sont en baisse, les enjeux de la filière ne cessent, eux, d’augmenter. Parmi ceux-ci, il conviendra de trouver, par exemple, des réponses au changement climatique car « on assiste à une remontée de certaines cultures vers le Nord », constate Bruno Gaudin.

Amandine Priolet

Une filière orpheline

Pour poursuivre le développement de la filière, l’institut travaille sur un projet de plateforme mise à disposition des constructeurs de machines, et soutenu par la région Pays de la Loire, pour proposer dans l’avenir du matériel adapté aux cultures des Ppam. « L’objectif des années futures est de diminuer l’impact des adventices sans utiliser de produits phytosanitaires. Certaines molécules disparaissent du marché. Nous allons donc multiplier nos efforts sur le sujet ». Et d’ajouter : « En quarante ans, la filière s’est professionnalisée et structurée, notamment avec l’émergence de groupements de producteurs ou d’entreprises de taille plus importante qui assurent un suivi technique et la commercialisation pour les producteurs. Mais la filière des Ppam reste à part, une filière orpheline en matière de recherche publique. L’institut essaie de pallier à ce manque ».

A.P.

Le projet Basimil primé en 2019
L’Iteipmai poursuit ses essais sur de nouvelles variétés de basilic tolérantes au mildiou, à la demande de la profession agricole.

Le projet Basimil primé en 2019

Organisé par l’Acta, le réseau des instituts techniques agricoles, le concours ITA’innov permet de mettre en valeur les projets de recherche appliquée. C’est à cette occasion, en octobre 2019, que l’Iteipmai a reçu une mention spéciale pour son travail sur le mildiou du basilic. Le projet Basimil, projet multi-partenarial porté par l’Iteipmai, avait pour objectif de proposer aux producteurs un panel de solutions pour lutter contre le mildiou du basilic, apparu dans les années 2000 en France. Le pathogène responsable de cette maladie provoque des symptômes foliaires qui rendent la plante impropre à la consommation en frais mais aussi à la transformation. Le projet Basimil a notamment permis de tester divers produits phytosanitaires (conventionnels, biocontrôles) sur les parcelles d’expérimentation et de mettre au point un modèle mathématique prédictif. En outre, la création et l’évaluation de variétés tolérantes à cette maladie ont donné lieu à un travail de longue haleine de l’Iteipmai. Aujourd’hui encore, le basilic fait l’objet de multiples approches pour mieux lutter contre ce phénomène de mildiou.

A.P.

Pour en savoir plus :  https://youtu.be/LJEfXyZZ38M