ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
A2C : un tremplin pour se former en Ardèche

Anaïs Lévêque
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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR / Ardèche Campus Connecté (A2C) accueille des étudiants et des porteurs de projets d’évolution ou de reconversion professionnelle, qui suivent une formation universitaire à distance. Des sites pour tous les Ardéchois qui souhaitent poursuivre ou reprendre des études supérieures tout en restant vivre en dans le département.

A2C : un tremplin pour se former en Ardèche
Les étudiants ont rejoint les bancs d'A2C pour la saison universitaire 2020/2021.

Poursuivre ou reprendre ses études supérieures sans quitter l’Ardèche, sans se sentir isolé et en mettant toutes les chances de réussite de son côté, est plus que jamais possible ! Depuis 2019, les étudiants ardéchois qui suivent des formations à distance peuvent intégrer un « campus connecté » (A2C) à Privas sur le site du Département de Bésignoles, quelle que soit la formation à distance choisie et l’université à laquelle elle est rattachée.

Labellisé par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, cet espace est dédié, aménagé, équipé et connecté pour assurer un accueil propice à la réussite des étudiants qui suivent des formations à distance. Ils peuvent bénéficier de l’accompagnement méthodologique et motivant d’un coach, côtoyer d’autres étudiants et évoluer dans un esprit de campus universitaire.

Privas, Aubenas et bientôt Annonay

En septembre dernier, un autre site A2C a ouvert ses portes à Aubenas et un troisième campus sera accessible dans le bassin d’Annonay dès la rentrée de septembre 2021. Nord, Centre, Sud, ils permettront de couvrir les besoins d’une grande partie du territoire.

Ces « tiers-lieux d’enseignement supérieur à distance » s’adressent prioritairement aux Ardéchois qui rencontrent des difficultés économiques et de mobilité pour suivre une formation en dehors du département. Ils sont accessibles, sur inscription, aux jeunes bacheliers, aux décrocheurs, aux étudiants ayant eu une expérience universitaire non concluante et souhaitant se réorienter sur de la formation à distance, ainsi qu’aux personnes porteuses d'un projet d’évolution ou de reconversion professionnelle.

Pour l’heure, 14 places sont disponibles dans chacun des campus de Privas et d’Aubenas, susceptibles à terme d’accueillir jusqu’à 20 étudiants. Cette année, ils sont 7 à Privas et 11 à Aubenas. Pour les formations courtes et accessibles tout au long de l’année, il est possible de s’y inscrire à n’importe quel moment ! Les personnes intéressées peuvent déposer un dossier de candidature via un formulaire disponible sur la page Internet https://www.ardeche.fr/A2C.

Anaïs Lévêque

« Un vrai soutien »
Pauline Clair.

« Un vrai soutien »

Pauline Clair, 21 ans, étudiante en Master Meef (Professorat des écoles)

Après deux premières années de licence d’italien à Lyon III, Pauline Clair souhaitait se réorienter vers une licence de sciences de l’éducation à Lyon II. Impossible de s’y inscrire en présentiel sans avoir à redoubler une année universitaire. La jeune femme décide alors de suivre cette formation à distance. Originaire de Pranles, elle découvre le projet de campus connecté à Privas et s’y inscrit en septembre 2019 : « Ce n’était pas un souci pour moi de ne plus être à Lyon, la grande ville ne me manque pas ! À Privas, ça s’est très bien passé : j’ai pu travailler à mon rythme, dans une ambiance studieuse et la relation avec le coach m’a apporté un vrai soutien. À la fac, les profs gèrent leur matière, nous donnent le cours et basta », indique Pauline, 21 ans, qui a obtenu sa licence et vient d’intégrer un Master Meef (Professorat des écoles) à l’antenne valentinoise de l’Université Grenoble Alpes. « C’est une formule que je choisirais à nouveau si j’avais le choix, mais ce Master ne peut pas se faire à distance… »

« Nous ouvrons des portes »
Ali Aksen

« Nous ouvrons des portes »

Ali Aksen, coach d’A2C Privas :

« La plus-value de ces campus connectés est d’avoir une personne ressource qui accompagne les étudiants au fil des jours. Notre mission est de les aider dans leur travail et leur capacité à réussir, à construire leurs parcours. Nous ne sommes pas enseignants, mais nous les accompagnons sur de la méthodologie, leur organisation et autonomie de travail, pour trouver des stages. Nous ouvrons des portes aussi, en proposant des ateliers selon les besoins, des temps de rencontre avec des professionnels du recrutement, du numérique et du territoire, des conférences avec des enseignants en partenariat avec l’Université Grenoble Alpes… »

« On n’est pas seul »

Elsa Bouillot, 23 ans, étudiante en prépa au concours des écoles

Licence et Master 1 Staps validés, échec au Capes, refusée à l’entrée de Master 2 à cinq semaines de la rentrée scolaire… Elsa Bouillot, 23 ans aujourd’hui, s’accroche pour réussir ses études et exercer un métier qui lui plairait. « Quand je n’ai pas été prise en Master 2, j’ai pensé à faire des études par correspondance mais je ne voulais pas être seule. J’ai entendu parler du campus de Privas et je m’y suis inscrite pour faire une année de préparation aux concours de recrutement de professeur des écoles (CRPE) par le Cned1. » Bien qu’elle n’ait pas eu son concours cette année, de peu, elle en garde une très bonne expérience : « J’ai réussi à me tenir et bosser toute l’année. Cela m’a appris à travailler à distance. Avec le coach, on faisait le point sur l’avancée de mes révisions, il nous motivait, nous donnait des méthodes de travail. Il y a l’effet « groupe » aussi qui est enrichissant, on n’est pas seul », constate-t-elle. « J’ai l’impression d’avoir eu plus de suivi en étant à distance qu’à l’université. Même pendant le confinement, le coach m’appelait très régulièrement pour faire des bilans. Nous avons eu de la chance par rapport à d’autres étudiants. » Persévérante, Elsa Bouillot a décroché un poste de suppléante dans une école de Montélimar cette année, et se prépare à nouveau à passer le CRPE.

1. Centre national d’enseignement à distance.  

« C’est moins coûteux »
Alex Portella

« C’est moins coûteux »

Alex Portella, 17 ans, étudiant en BTS Gestion forestière à A2C Aubenas

Originaire de Saint-Étienne-de-Fontbellon et classé parmi les espoirs nationaux du Rugby Club Aubenas Vals (RCAV), Alex Portella ne manquerait pour rien au monde un de ses entrainements. Il ne lésinerait pas non plus sur la poursuite de ses études. Jeune bachelier et ancien interne du Centre d’études forestières et agricoles (Cefa) de Montélimar, il vient de faire sa rentrée à A2C Aubenas et suit un BTSA Gestion forestière en formation à distance avec Agrosup Dijon. Sans le campus connecté, « je serais allé à Montélimar et descendu les mercredis et vendredis pour mes entraînements. Là, je suis sur place et logé chez mes parents, donc c’est moins coûteux », indique-t-il. « Je fais attention à bien suivre mes cours et être dans les temps pour rendre mes devoirs, pour le moment ça se passe bien. Je verrai comment ça évolue sur cette première année, mais je pense rester ici pour faire mon BTSA. »

« Une forme de tutorat »
Virginie Bracque.

« Une forme de tutorat »

Virginie Bracque, coach à A2C Aubenas :

« Les étudiants sont autonomes. Ils reçoivent leurs cours et suivent leur formation sur la plateforme Internet de l’université à laquelle ils sont rattachés. Nous les aidons sur de la méthodologie, à organiser leur emploi du temps et leurs méthodes de travail. Nous suivons leur progression, leurs difficultés et gérons une forme de tutorat. »

« Répondre aux besoins de jeunes "empêchés" »
Sandrine Chareyre.

« Répondre aux besoins de jeunes "empêchés" »

QUESTIONS À / Sandrine Chareyre, conseillère départementale déléguée à l’enseignement supérieur.

Quelles ambitions portent les projets d’A2C ?

Sandrine Chareyre : « Notre ambition n'est pas d'inciter les étudiants à rester en Ardèche mais de répondre aux besoins de jeunes "empêchés", leur mettre le pied à l'étrier pour faire des études, ou les reprendre. Nos bacheliers, notamment les primo bacheliers, ont des résultats identiques voire supérieurs au reste des départements académiques, mais seulement 50 % d'entre eux poursuivent leurs études, ce qui est inférieur à la moyenne nationale. Nous avons identifié plusieurs freins à la poursuite de leurs études : économiques (coûts de location d'un logement et des déplacements), de mobilité (accessibilité aux réseaux de trains et de bus) et psychologiques (la peur de sortir du département ou du cocon familial…). Bien que l’enseignement supérieur ne fasse pas partie des missions du Département, nous souhaitions trouver des solutions pour permettre à ces jeunes d’être un peu plus ambitieux. »

Comment ont été conçus ces campus ?

S.C. : « Nous avons un partenariat avec l’Université Grenoble Alpes (UGA) dans le cadre de l’appel à projets d’A2C, mais les jeunes peuvent s’inscrire dans n’importe quelle université. C’est bien plus que de la formation à distance. Nous avons un contrat avec les étudiants sur un temps de présence minimum au campus, comme c’est le cas à l’université : ils doivent y être présent au moins 25 h / semaine. Les horaires sont adaptés en fonction des personnes, s’ils travaillent à côté ou non. Au-delà des murs que l’on fournit, ces campus favorisent aussi une émulation, la rencontre d’autres étudiants, l’entraide. Plus important encore, ils bénéficient de l’accompagnement d’un coach qui assure des rôles pédagogique, méthodologique et de motivation. Ce coach fait aussi le lien entre le monde économique et nos étudiants ardéchois. Certaines entreprises ne trouvent pas forcément des jeunes qui ont les bons bagages : A2C permet de répondre à leurs besoins en matière de formation et de travail. »

Après une première année de fonctionnement pour A2C Privas, quels résultats observez-vous d'ores-et-déjà ?

S.C. : Une très grande majorité des étudiants qui avaient un concours ou un examen en fin d'année l’ont réussi ! Certains poursuivent leur cursus au campus de Privas, un autre rejoint celui d’Aubenas qui est plus près de son domicile, une étudiante réintègre l’université de Valence en Master… Globalement, les résultats sont très positifs. Début septembre, ils étaient 8 à intégrer le campus d’Aubenas, 11 aujourd’hui. Les deux derniers viennent du « moulinage » de Parcoursup et n’avaient pas pu rejoindre en présentiel la formation qu’ils souhaitaient. Ils évitent ainsi une année blanche et pourront étudier à distance dans de bonnes conditions. Cela nous conforte dans l’idée que ces campus connectés répondent à des besoins et fonctionnent bien. D’autant plus aujourd’hui dans cette période de pandémie où nos étudiants, eux, ne se retrouvent pas isolés, ni pendant le confinement où ils avaient des liens réguliers avec leur coach. »

Le Département projette de créer un « maillage d’antennes de campus » en campagne. Qu’en est-il ?

S.C. : « Lorsque les trois campus seront ouverts, ils constitueront la colonne vertébrale d’A2C. À partir de là, nous voulons créer des antennes de campus pour se rapprocher du domicile des publics les plus isolés et intéressés par la formation à distance, en s'appuyant sur des tiers-lieux existants, que ce soit ceux du Département, des communes, associatifs, etc. Les coachs rayonneront sur le campus auquel ils sont rattachés, mais aussi sur ces antennes. »

Propos recueillis par A.L.