ABORDS DE FERME
Quels aménagements pour une intégration paysagère réussie ?

Lucie Grolleau Frécon
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ABORDS DE FERME / Embellir son corps de ferme par envie ou par nécessité pour rendre son lieu de travail plus agréable et pour l’intégrer dans le paysage, certains agriculteurs et agricultrices y pensent mais ne savent pas comment s’y prendre. Conseils de deux agents du Département de la Loire.

Quels aménagements pour une intégration paysagère réussie ?

Des abords entretenus, des lieux de production et de vente soignés, des sièges d’exploitation intégrés dans le paysage offrent une image positive de l’agriculture et donnent un sentiment de confiance et de sécurité aux consommateurs. Une intégration paysagère réussie assure aussi un cadre de vie agréable aux agriculteurs et à leurs familles, ainsi qu’aux voisins, habitants, touristes… « Se sentir mieux dans son environnement, c’est se sentir mieux dans son travail, estime Corinne Berthon, gestionnaire de dossiers au conseil départemental de la Loire (Direction de la Forêt et de l’Agriculture).Un agriculteur passe toute la journée sur son exploitation, donc autant qu’il s’y sente bien.» Il ne faut pas perdre de vue que les bâtiments agricoles, par leurs matériaux, leur style et leur implantation contribuent à façonner le paysage. L’implantation réfléchie des bâtiments et des voies de circulation (matériel, animaux) contribue également à la bonne organisation du travail et à la sécurité. Mais en matière d’intégration paysagère, il n’est pas toujours simple de composer avec des constructions traditionnelles, des bâtiments parfois vieillissants et des constructions modernes, avec le relief ou autres contraintes naturelles, ou encore avec des réseaux existants (route, mais aussi colonne de gaz ou ligne électrique).

Un projet et un potentiel spécifiques

Des exploitants ont déjà eu une démarche d’aménagement des abords pour l’accueil à la ferme ou du tourisme et veulent encore plus embellir leur cadre de vie. D’autres ont simplement la volonté d’améliorer leur environnement, de restaurer d’anciens bâtiments, de créer un ensemble cohérent entre les bâtiments historiques et récents. « Certains ont construit des bâtiments et n’ont pas pris le temps de traiter ou finaliser les abords. Il en résulte souvent des problématiques d’entretien », indique Angélique Berthail, technicienne foncier agricole au Département de la Loire (Pôle Aménagement et Développement durable, Direction de la Forêt et de l’Agriculture), qui est en charge de l’intégration paysagère. Dans beaucoup de cas, c’est aussi pour des raisons financières que les travaux d’aménagement n’ont pas été faits après la construction d’un bâtiment. « On retrouve aussi des agriculteurs qui souhaitent dissocier la maison d’habitation de l’exploitation en créant un chemin. » Finalement, chaque exploitation a un projet et un potentiel spécifiques. « Globalement, nous constatons beaucoup d’améliorations dans les exploitations », notent Corinne Berthon et Angélique Berthail, mais des points noirs subsistent. Une attention particulière est donnée aux fermes visibles des axes de circulation et à celles accueillant du public.

Des actions simples

Même si chaque ferme a ses propres caractéristiques et qu’il n’existe pas de modèle type, Angélique Berthail note que des problématiques reviennent régulièrement. Selon elle, avant de se lancer dans des travaux conséquents, quelques actions simples peuvent être mises en place pour améliorer l’aspect visuel du siège d’exploitation. À commencer par le rangement et l’organisation : trouver le bon emplacement pour chaque matériel, pour le stockage... Puis, entretenir l’existant (tondre, débroussailler...). L’agriculteur peut aussi améliorer par lui-même les abords, tout simplement avec du fleurissement, des plantations ou des barrières pour délimiter les espaces ou souligner l’entrée de l’exploitation.

Dans sa mission d’accompagnement pour l’intégration paysagère, Angélique Berthail conseille effectivement de « bien délimiter les espaces, notamment en fonction des contraintes de circulation. Il faut organiser visuellement l’exploitation ». Pour cela, elle recommande de niveler les espaces et de les délimiter, mais aussi de les enherber pour un entretien plus facile. « On retrouve régulièrement la problématique des talus qui ne sont pas entretenus » puisque difficilement accessibles ou pas aménagés. La technicienne recommande également des plantations en forme de bosquets pour créer une dynamique. « Il faut évidemment bien réfléchir à leur positionnement » pour l’harmonie de l’ensemble et pour qu’ils ne gênent pas. La question des accès, de la circulation et du traitement des voies revient régulièrement sur les exploitations. Angélique Berthail ajoute que la mise en valeur des points de vente ne doit pas être négligée. Pour cela, « il faut matérialiser les zones de stationnement, valoriser l’espace d’accueil. Il faut travailler sur les abords et sur les bâtiments ».

Un œil extérieur

Angélique Berthail incite également les agriculteurs à solliciter un œil extérieur (des membres de la famille, des amis, des voisins...), pour avoir un ou des avis « critiques » permettant de faire un état des lieux et d’apporter des idées pour embellir son lieu de travail. « Souvent, l’agriculteur ne prend pas le temps ni le recul. » Elle suggère également aux agriculteurs de se mettre en relation avec d’autres exploitants qui ont déjà fait la démarche d’aménager les abords de leur ferme pour prendre des idées.

Lucie Grolleau Frécon