UNION DES VIGNERONS ARDÉCHOIS
Ardèche Vignobles accroît son foncier

Pauline De Deus
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Samedi 4 mai, 158 sociétaires de la Scic Ardèche Vignobles se sont réunis sur la commune d’Orgnac L’Aven pour leur assemblée générale.

Ardèche Vignobles accroît son foncier
Les sociétaires de la Scic Ardèche Vignobles, réunis pour leur assemblée générale annuelle. ©AAA_MMartin

Avec plus de 100 hectares de vignes achetés, la Scic (société coopérative d’intérêt collectif) Ardèche Vignobles, créée en 2018 par l’union des Vignerons Ardéchois continue de se développer. Depuis 2018, 2,53 millions d’euros de fonds ont été levés représentant 2 500 parts souscrites. Le principe ? En achetant des parts, le financeur devient sociétaire de la Scic et participe au financement collectif. L’argent collecté sert à acheter des parcelles permettant à des porteurs de projets de s’installer en fermage ou en portage. Ainsi, ce sont plus de 925 sociétaires, provenant de toute la France, et même d’autres pays, qui contribuent à l’économie agricole du territoire.

Une dynamique qui se traduit par l’achat de foncier

Tout l’enjeu est d’allier une convergence temporelle entre achats de foncier agricole et candidats prêts à s’installer. En 2023, ce ne sont pas moins de quatre installations et six exploitations agrandies qui ont été portées par la Scic. Et l’année 2024 commence bien : trois domaines supplémentaires ont été achetés pour 38 ha, deux installations et deux confortations, portant l’ensemble à 100 ha achetés depuis 2018. « Les vignerons sont en place pour les vendanges 2024 », se réjouit Cyril Jaquin, président de Vignerons Ardéchois et du conseil coopératif de la Scic.

« C’est une véritable réussite », affirme de son côté Philippe Dry, directeur général de Vignerons Ardéchois. « L’objectif de la Scic est d’avoir un capital facilitant l’installation de vignerons n’ayant pas l’apport nécessaire pour l’achat de vignes et de contribuer au renouvellement des générations. L’intérêt est également de favoriser l’installation de porteurs de projets ayant une vocation environnementale et favorisant la réduction d’intrants », poursuit-il.

Le domaine Terra Noé, théâtre des événements organisés dans le cadre du développement de l’offre œnotouristique de Vignerons Ardéchois, est également la propriété de la Scic. Avec 21,5 hectares, elle est l’un des domaines les plus importants. « Nous produisons environ 1 000 hectolitres et 120 000 bouteilles par an », précise le directeur général de Vignerons Ardéchois. Un domaine, récompensé plusieurs fois pour son vin bio, mais qui demande à être davantage connu pour pouvoir développer ses ventes.

Des finances corrélées à la récolte

S’il existe un paramètre variable lors de la production de vin, c’est bien le climat. « Il y a des aléas énormes d’une année sur l’autre. Le végétal ne peut pas produire de la même façon », avance Cyril Jaquin. « En 2023, sur le domaine Terra Noé, nous avons eu une belle récolte, mais il y a eu énormément de pluie. Les traitements (cuivre et soufre) n’ont pas suffi et les vignes ont été très affectées par le mildiou. Avec une telle pression de maladies, la perte de récolte est de 30 % », ajoute Philippe Dry. Une baisse de récolte qui se traduit directement sur les finances de 2023. La Scic a clôturé son année 2023 avec une baisse de 30 %, bien que sa trésorerie continue d’être saine.

Pas de quoi entacher la convivialité de cette assemblée générale, temps fort de réunion des sociétaires. La journée s’est poursuivie avec une vente aux enchères caritative organisée par Vignerons Ardéchois, prélude des événements œnotouristiques à venir.

Marine Martin

Cyril Jaquin, président du conseil coopératif de la Scic : « En termes de fonciers, nos chiffres ont bondi ». ©AAA_MMartin
Nicolas Pérolini et Tiffany Bienvenu : nouveaux installés grâce à la Scic
Tiffany Bienvenu et Nicolas Pérolini ont saisi l'opportunité de s'installer en reprenant 20 hectares de vignes sur le secteur de Saint-Sauveur-de-Cruzières. ©AAA_MMartin

Nicolas Pérolini et Tiffany Bienvenu : nouveaux installés grâce à la Scic

Dans une région où la terre est aussi précieuse que le vin qu’elle produit, Nicolas Pérolini et Tiffany Bienvenu incarnent la nouvelle génération d’exploitants viticoles. Grâce à la Scic Ardèche Vignobles, ils ont pu réaliser leur projet en s’installant sur 20 hectares de vignes exploitables, en HVE1. Leur première récolte est attendue pour 2024.

Ancienne banquière en Suisse, Tiffany Bienvenu a tout quitté pour rejoindre Nicolas Pérolini, dans « la vigne depuis toujours » et directeur d’un domaine viticole dans le Var. Une envie commune d’acquérir leur propre exploitation, une installation en Ardèche guidée par « un heureux concours de circonstances » un an plus tard, et les voilà à la tête d’environ 28,5 hectares. « Nous avons récupéré 20 ha exploitables avec la Scic et 8,5 ha supplémentaires en fermage pour avoir un hangar », explique la toute nouvelle viticultrice.

Un alignement des astres propices à leur installation

Pour le couple, l’installation en dehors du cadre familial était quasiment impensable, mais la Scic leur a offert cette opportunité. Le déclic, ils l’ont eu en visite en Ardèche, dont ils apprécient les vins et où une partie de la famille de Tiffany Bienvenu est installée. Nicolas Pérolini retrouve une vieille connaissance de BTS, Cédric Channac, aujourd’hui président de la cave coopérative des Vignerons de Brujas-Bessas et membre de l’Union des Vignerons Ardéchois. « Il m’a parlé de Vignerons Ardéchois, je suis allé sur leur site et j’ai vu que l’Union proposait un accompagnement pour l’installation. J’ai donc soumis une candidature », détaille-t-il.

Fort de son expérience, Nicolas Pérolini a le profil idéal. Seulement, il faut que des terres se libèrent pour pouvoir concrétiser le projet d’installation. Au même moment, des terres exploitables deviennent disponibles. Se saisissant de l’opportunité, le couple décide de venir poser ses valises en Ardèche. Installés depuis début janvier 2024, ils ont signé avec la Scic, un bail de location-accession, avec une déduction d’un tiers du prix du foncier en fermage en cas de rachat aux termes des baux.

Une nouvelle aventure commence pour eux. « Je dois encore me former et apprendre à conduire les tracteurs, car passer de la vie sédentaire d’un bureau, à travailler dehors, ce n’est pas rien », sourit Tiffany Bienvenu, tout en concluant : « Nous sommes confiants pour la saison, mais on attend de confirmer les chiffres du prévisionnel qui prouve que l’on peut vivre à deux, sur l’exploitation ».

M.M.

1. Haute Valeur Environnementale.