Le groupe La Poste a mis la livraison de colis alimentaires au cœur de sa stratégie. Dans ce cadre, il développe des services pour les agriculteurs : mise en relation avec les consommateurs, livraisons… Et envisage même des relais postaux à la ferme.
Face à un marché du courrier qui s’écroule, La Poste a fait de la livraison alimentaire l’un des piliers du groupe. Elle ambitionne de devenir « leader sur la livraison de colis alimentaires en température dirigée en France et en Europe », explique Sandrine Malavieille, la directrice du marché alimentaire de Géopost. Cette filiale du groupe a racheté en 2022 la plateforme Pourdebon.com qui propose de la vente directe producteur-consommateur. Comme d’autres, la Poste a misé sur l’essor des circuits courts à la sortie de la pandémie de Covid-19, qui a révélé le « fort potentiel » du marché de la livraison alimentaire, rappelle Sandrine Malavieille. Après une première année d’exploitation, le bilan est positif : la plateforme a vu son chiffre d’affaires progresser de 24 % et ses volumes de 20 % en 2023. « Nous sommes en forte croissance, plus de 700 agriculteurs sont aujourd’hui inscrits sur la plateforme », affirme Sandrine Malavieille.
Partenariat avec Bienvenue à la ferme
Pour assurer les livraisons, La Poste s’appuie sur Chronofresh. La filiale du groupe a signé un partenariat avec les chambres d’agriculture pour rapprocher ses services et les 10 000 agriculteurs du réseau Bienvenue à la ferme, piloté par les chambres. Les adhérents de Bienvenue à la ferme bénéficieront d’un « tarif négocié et avec des horaires de collecte et de livraison adaptés » pour le transport de leurs produits frais vers leurs clients, particuliers ou professionnels. La Poste envisage également de proposer aux agriculteurs de déposer leurs colis alimentaires dans des consignes. D’après les résultats d’une étude menée dans l’agglomération de Saint-Lô (Manche), le prix de la prestation de livraison « ne doit pas dépasser 10 % du prix des marchandises transportées » pour convaincre le producteur de faire appel à un prestataire. « L’idée d’externaliser n’est pas encore dans l’esprit des producteurs, ils ne calculent pas forcément le coût du transport de leurs marchandises. Ils en ont une idée très approximative, voire considèrent que ça ne leur coûte rien. Si la prestation est trop chère, le producteur le fait lui-même », explique Roland Condor, professeur à l’EM Normandie, pilote de l’étude. À l’avenir, les collaborations entre La Poste et les agriculteurs pourraient ne pas se limiter qu’à la logistique. Des expérimentations sont lancées pour évaluer l’intérêt de créer des points relais La Poste (dépose et retrait de colis, vente de timbres) sur les exploitations du réseau Bienvenue à la Ferme, principalement celles qui possèdent déjà une boutique de vente sur l’exploitation. Le déploiement de relais « Pickup » dans les fermes, avec seulement du dépôt et du retrait de colis sans services postaux est également envisagé.