SYNDICALISME
Maintenir un élevage durable

Pauline De Deus
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Sur le haut plateau ardéchois, une réunion sur le thème de l’élevage, initiée par la FDSEA et JA 07 s’est tenue sur l’exploitation bovine du Gaec Courtial à Coucouron. Une trentaine d’éleveurs et élus avaient fait le déplacement pour échanger avec Patrick Bénézit, éleveur dans le Cantal, président de la fédération nationale bovine (FNB) et vice-président de la FNSEA.

Maintenir un élevage durable
Élus et agriculteurs avaient fait le déplacement, au Gaec Courtial à Coucouron, pour aborder l’actualité de l’élevage au niveau national mais aussi départemental. ©MMartin

« Le maintien de l’élevage est prioritaire dans ce grand massif central dont on fait partie en Ardèche. En plus d’un rôle économique, il est essentiel de faire reconnaître un patrimoine gustatif et culturel et se fixer des objectifs. Pour appréhender la progression des mesures en faveur de l’élevage, il est nécessaire de revenir sur la sortie des mobilisations », souligne, en guise d’introduction, Benoit Claret, président de la chambre d’agriculture d’Ardèche.

Objectif : stopper la décapitalisation des cheptels

Patrick Bénézit, éleveur dans le cantal et vice-président de la FNSEA, a quant à lui abordé, au milieu d’éleveurs ardéchois, différents thèmes qui concernent l’élevage d’un point de vue national et même européen. « Il faut avoir un plan élevage renforcé : maintenir la production en lait et retrouver une souveraineté alimentaire au niveau de la viande. » Pour maintenir un élevage durable, Patrick Bénézit a évoqué la nécessité de passer par l’arrêt de la décapitalisation des cheptels. « Nous avons proposé un plan d’arrêt de la décapitalisation, c’est un travail qui doit aboutir d’ici le mois de juin », précise le président de la FNB. Le 14 mai, a débuté l’examen en séance publique de la proposition de loi d’orientation agricole (PLOA). Un temps fort pour l’élevage en particulier : « Il faut inscrire dans la loi l’arrêt de la décapitalisation et faire de l’élevage une priorité », martèle Patrick Bénézit.

Egalim 4, défiscalisation, volet sanitaire…

« Pour aller plus loin et rendre incontournable les indicateurs de coûts de production interprofessionnels, nous sollicitions un Egalim 4 », évoque, devant l’assemblée, le vice-président de la FNSEA. Benoit Claret de son côté, insiste sur une application renforcée des lois Egalim actuelles, en favorisant les produits locaux, à l’instar des cantines scolaires et autres restaurations collectives.

La fiscalité a été un sujet abordé lors de cette réunion, avec la réduction du prix du GNR directement à la pompe, pour limiter la partie administrative.

Concernant le volet sanitaire, selon Patrick Bénézit, un décret est en préparation au sujet de la conservation de la pharmacie d’élevage. Avec un maillage vétérinaire en territoire rural complexe, « il n’est pas imaginable d’aller voir le vétérinaire à chaque fois qu’il faut traiter une bête ».

… prairies et zones sensibles, plan national loup

Pour l’élevage, les prairies et zones sensibles constituent un véritable thème pour les éleveurs ardéchois. Patrick Bénézit est donc revenu sur les points de vigilances à ce sujet. « Dans le cadre du BCAE 1, il y a des zones de prairies tellement labourées que le quota de prairie a été abaissé. L’idée du gouvernement est de nationaliser le ratio. Alors qu’au niveau européen, l’idée est de baisser le ratio de prairie permanente en fonction de la baisse du cheptel, ce qui est du bon sens. Nous sommes dans l’attente de la décision française sur la manière de rééquilibrer, en restant sur des ratios régionaux. »

Concernant les prairies sensibles, Patrick Bénézit rappelle la demande effectuée par la FDSEA : « À partir du moment où les exploitants ont 75 % d’herbes permanentes ou temporaires, il faut une dérogation pour les prairies sensibles ». Enfin, l’élu termine sur le sujet par la cartographie des zones humides, en étant catégorique : « Il faut que la profession ait la main sur le zonage ».

Toujours au sujet du zonage, mais cette fois-ci dans le cadre du plan national loup, Benoit Claret a rappelé une nouvelle fois la demande qui a été faite de basculer l’ensemble des communes du cercle 3 au cercle 2 du zonage des aides à la protection des troupeaux et l’élargissement du cercle 1 aux communes limitrophes. La question des tirs de défenses à plusieurs tireurs dans le cadre d’une zone de non-protegeabilité, en partenariat avec la fédération de chasse, a été abordée en fin de rencontre (voir en page 4).

Cette réunion a permis d’explorer de manière non exhaustive les défis auxquels est confrontée la filière de l’élevage, à l’échelle européenne, nationale et départementale, dans le but de contrer le déclin des élevages laitiers et de préserver l’élevage en Ardèche.

M.M.

1. Obligation du maintien des prairies permanentes.