ARDÈCHE MÉRIDIONALE
PSE : Des vignes amies des papillons

Mylène Coste
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Une dizaine d’agriculteurs ont été sensibilisés sur les interactions entre l’activité viticole et la présence de papillons, le 2 juin à Saint-Germain, dans le cadre du contrat PSE Ardèche méridionale.

PSE : Des vignes amies des papillons
Les agriculteurs ont observé les papillons dans une parcelle de vigne, à Saint-Germain.

Dans les parcelles de Matthieu Richard, à Saint-Germain, 30 espèces de papillons ont été recensées. Parmi elles, une espèce protégée et une autre menacée d’extinction. Ce premier recensement, effectué en mai dans le cadre du contrat PSE, sera renouvelé chaque année durant les cinq ans du contrat. Aux côtés d’autres indicateurs, il permettra d’évaluer les interactions entre l’évolution des pratiques agricoles et la biodiversité. 

Préserver les plantes hôtes des papillons

Pourquoi les papillons ? « Ils sont un indicateur, parmi d’autres, de la biodiversité, souligne Éric Sardet du bureau d'étude Insecta. La France compte 253 espèces de papillons de jour, 180 sont présentes en Ardèche. Certaines espèces sont plus rares car elles ne pondent que sur une seule plante hôte. Certaines ont plusieurs cycles par an quand d’autres n’en ont qu’un, expliquant leur rareté. » 

Outre ces facteurs naturels, l’activité humaine et agricole a une incidence sur la population de papillons et leurs habitats. « Pour favoriser leur présence, la présence de haies et de végétation en bordure de parcelles est essentielle, poursuit Éric Sardet. Certaines plantes et arbustes attirent particulièrement les papillons : aristoloche, luzerne, féverole, violette, plantain, prunelier, micocoulier, fuselier d’Europe, citron de Provence, thym, grande mauve, nerprun… » La mise en place de couverts dans l’inter-rang favorise la biodiversité, « mais l’enherbement spontané reste plus favorable encore avec une diversité florale plus intéressante ». 

Quand c’est possible, il peut être conseillé d’adapter les travaux agricoles aux périodes de vol. « C’est dommage de détruire un couvert végétal avant la sortie des papillons », indique Mikis Bonnet, chargé de mission à l’EPTB. 

Quels bénéfices pour les vignerons ?

Qu’on se le dise : outre la pollinisation, l'augmentation du nombre de papillons n'est pas directement bénéfique aux vignes. Les papillons ne mangent pas de nuisibles et n'ont pas d'intérêt économique direct. Toutefois, ils sont le signe d'un écosystème en bonne santé. « S’il y a beaucoup de papillons, il y a de grandes chances pour qu’il y ait globalement beaucoup d’insectes, dont certains peuvent être d’une grande aide dans la lutte contre les ravageurs », indique Mikis Bonnet.

Installation de haies, engrais verts, travail des sols mécanique… « Ces pratiques, vertueuses pour la biodiversité et les papillons, permettent aussi de réduire l’utilisation des intrants. À l’heure de l’inflation, cela permet de faire des économies », souligne Nicolas Beillon, technicien à la Chambre d’agriculture.

Les exigences du PSE sont similaires à celles de la certification HVE, que nombre d’agriculteurs ont déjà.  

M.C.

Le Flambé, une espèce très présente au printemps en Ardèche
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Contrat PSE : kézako ?

Le PSE (paiement pour services environnementaux) promet de rémunérer les agriculteurs ayant des pratiques vertueuses pour l’eau et la biodiversité

En Ardèche méridionale, le contrat PSE prévoit 700 000 € d’aides directes aux agriculteurs éligibles sur une durée de cinq ans. 32 exploitations (1 700 ha) sont engagées, et recevront une rémunération en fonction de plusieurs indicateurs (quantité d’azote minéral utilisé, qualité de l’eau, fréquence de traitement par herbicides, consommation de carburant et d’électricité, etc.) Le programme est financé par l’Agence de l’eau et porté localement par EPTB du bassin versant de l'Ardèche en partenariat avec la Chambre d’agriculture.