L'assemblée générale du syndicat des vins IGP d’Ardèche s’est déroulée le 05 juin. L’occasion de faire un point concernant l’évolution de l’IGP Ardèche.

IGP Ardèche, une production qui se maintient face à la crise viticole
Marc Dejoux, président du syndicat des vins IGP Ardèche, Jérôme Volle, président adjoint, et Pierre Champetier ancien président et vice-président.

« L’IGP Ardèche comprend toute l’Ardèche, c'est une IGP de zone, de ce fait, nous produisons dans d’autres zones en IGP : IGP comtés Rhodaniens et IGP méditerranée en convention avec la fédération inter-Med. Nous sommes structurés en ODG », débute Marc Dejoux, président du syndicat des vins IGP Ardèche. Une extension de zone de vinification IGP Cévennes, sur l’Ardèche est en cours : « Le dossier est entre les mains de l’Inao », précise-t-il.

« La nouvelle génération de viticulteurs doit s’engager pour le collectif » 

Le syndicat est composé de vignerons produisant des vins IGP. Son rôle, est de défendre les intérêts des producteurs dans tous les domaines qui peuvent avoir un impact sur la profession à travers l’ODG.  Marc Dejoux, a rappelé lors de cette assemblée générale, l’importance de s’impliquer au sein de la structure : « Cette assemblée générale permet de faire un point sur tous les organismes qui nous défendent. La nouvelle génération de viticulteurs doit s’engager pour le collectif, afin d’être au courant de ce qu’il se passe au niveau national et européen. Notamment, pour que l’on puisse se protéger. Même s'il y a de moins en moins de producteurs, avec des exploitations de plus en plus grosses et donc moins de temps pour la collectivité, c’est nécessaire. L’enjeu, est que si nous ne savons pas ce qu’il se passe autour de nous, nous ne pourrons pas nous défendre et ce sont des personnes hors du milieu viticole qui prendront les décisions ». À l’instar de cette réforme des IGP, portée par des députés italiens, finalement retoquée au niveau européen début juin, mais qui avait pour vocation à faire disparaître l’origine de la matière première. « La provenance du mou pouvait venir de n’importe quelle zone, on détruisait la spécificité des IGP, heureusement que les instances ont fait blocus », résume, soulagé, Marc Dejoux. 

Le marché du vin face à la crise

L’assemblée générale a permis également de revenir sur la hausse du prix des intrants chimiques et sur le projet de règlement communautaire. Celui-ci doit harmoniser les pratiques phytosanitaires au sein de l’Union européenne, avec la réduction de 50 % de l’utilisation des pesticides d’ici 2030 et une zone de non-traitement, élargie aux abords de toute zone sensible. Un projet aux impacts importants pour l’agriculture européenne, alors que la situation économique du vin est compliquée. « La France a demandé à pouvoir distiller 3 millions d’hectolitres, afin d’assainir le marché, mais l’Europe tarde à voter. Aujourd’hui, il faut être structuré. Le négoce sait qu’il va y avoir une distillation et donc tarde à acheter », devise Marc Dejoux.

« Nous avons été moins impactés »

Bien que le marché du vin ait vu ses ventes en vin rouge diminuées, l’IGP a su se démarquer. « Contrairement aux vins de Bordeaux ou des Côtes-du-Rhône qui sont en vin rouge, nous avons eu la chance de pouvoir continuer à vendre, principalement en rosé ». Le volume en rosé ne cesse de croître et dépasse le volume en vin rouge IGP pour l’année 2022. Pour Marc Dejoux, si la boisson à la robe pourpre se vend moins, c’est « générationnel. La consommation de bière augmente, on le voit sur la tranche d’âge des consommateurs. C’est plus festif, entre amis, donc le rosé se consomme plus facilement ». Un réel changement dans les habitudes, donc, qui pousse le viticulteur à se demander s’il ne faudrait pas simplifier l’offre pour que le public s’y retrouve. « En IGP, c’est une chance, car on fait des vins de cépages. Aujourd’hui, on peut produire plus avec des prix plus compétitifs par rapport aux AOP qui ont plus de contraintes. C’est un petit espace de liberté à garder en défendant nos spécificités ». De plus, Marc Dejoux avance : « L’IGP Ardèche n’est pas gros, mais il est bien structuré commercialement. Nous avons été moins impactés par la crise, que ceux qui vendent au négoce, car nous vendons en conditionné. Nous avons aussi la chance de pouvoir compter sur l’œnotourisme pour véhiculer une belle image ». 

« Tous les soirs, on a la crainte d’avoir la grêle »

Cependant, le président du syndicat sait qu’il ne peut se reposer sur ses lauriers concernant le futur de l’IGP et plus largement, de la profession, il constate : « Cette année, les prix n’ont pas augmenté du côté des producteurs ». En cause ? « Les hausses que l’on a répercutées sur les bouteilles de vins ont été absorbées par la hausse des prix des cartons et des bouteilles en verre. Il va falloir être innovant pour attirer de nouveaux clients, en passant notamment par la communication : la création et le développement d’événements. Pour l’IGP Ardèche, nous avons une moyenne basse de 60 hecto-hectares, donc pour sortir un revenu, si on ajoute la sècheresse et la grêle, c’est compliqué. Tous les soirs, on a la crainte d’avoir la grêle ».

Des solutions face au changement climatique

Face aux menaces climatiques, les vignerons du syndicat cherchent des réponses. « Nous réalisons une plantation expérimentale de 4 cépages de vignes hybrides plus résistantes à la sécheresse, mais aussi aux maladies comme le mildiou, un peu partout. Pour l’instant, nous ne sommes pas entièrement satisfaits. Soit la vigne est trop productive, soit pas assez résistante, mais nous allons continuer à expérimenter », développe le président du syndicat.

De plus, « le département a voté une enveloppe concernant les retenues d’eau et la construction de lacs collinaires, nous avons le soutien du Département ». De quoi terminer cette assemblée générale sur une note positive pour les vignerons du syndicat.

Marine Martin

Millésimes 2021 et 2022

  • 334 678 hectolitres en IGP Ardèche dont : 107 872 hl en rouge, 154 541 hl en rosé et 72 265 hl en blanc.
  • 8 714 hl pour l’IGP Méditerranée.
  • 1 836 hl en IGP Comtés Rhodaniens.
  • Production globale sur le département : 345 hl en IGP.