La FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes a décidé de répondre à l’appel à mobilisation lancé par la FNSEA et Jeunes agriculteurs (JA) et de mener des actions syndicales le 21 novembre. Les objectifs sont d’alerter sur la mise en péril de la souveraineté alimentaire de la France et d’obtenir des engagements de l’État et de la grande distribution. Interview du président de la FRSEA Aura, Michel Joux
Quelles sont les raisons pour lesquelles vous appelez à manifester le 21 novembre prochain ?
Michel Joux : « L’empilement des normes et des règlements en tout genre hypothèque nos capacités de production. Sur le terrain, beaucoup d’agriculteurs sont découragés avec cette impression tenace de produire des aliments de qualité mais pas suffisamment rémunérés et, qui plus est, challengés par des produits importés aux coûts de production bien plus faibles et à la qualité très discutable. Ce qui était inimaginable, il y a encore quelques années, est désormais une réalité : la France importe la moitié de son alimentation et nous déléguons à d’autres notre souveraineté alimentaire. C’est une folie. Bref, nous faisons le contraire de ce qu’il faudrait faire. Il est temps de siffler la fin de la récréation. Les agriculteurs sont prêts à relever ce défi de la transition écologique et à partager un projet ambitieux de souveraineté alimentaire. Encore faut-il qu’ils aient les moyens de le faire et qu’ils disposent d’un revenu suffisant pour s’y engager. »
Quelles sont vos revendications ?
M.J. : « En premier lieu, nous exigeons des prix rémunérateurs pour les producteurs à travers le déploiement de tous les dispositifs prévus par la loi Égalim. Cette rémunération suffisante doit s’accompagner d’une maîtrise des charges. Nous refusons, à ce titre, toutes augmentations nouvelles : redevance de l’eau, redevance pour pollution diffuse… Ensuite, nous entendons dénoncer l’incohérence de l’État qui un jour défend la souveraineté alimentaire française et de l’autre autorise l’importation massive en s’asseyant sur l’origine française des denrées, gage de produits sains, sûrs et de qualité. Les accords de libre-échange sont à ce titre des armes de destruction massive de notre agriculture française. Au global, les politiques publiques doivent retrouver de la cohérence. Entre empilement des plans d’aides (bio, protéines, viticulture, fruits et légumes, etc.) et des normes (IED, Pac, suppression de molécules sans alternatives), les agriculteurs sont découragés… Ils réclament légitimement une vraie vision d’avenir pour l’agriculture. »
Les pouvoirs publics français manquent-ils d’ambition pour l’agriculture ?
M.J. : « Le manque d’ambition pour nos agriculteurs, nos productions, nos jeunes est aujourd’hui criant. Il nous faut un pacte assorti de moyens et de cohérence pour réarmer l’agriculture française et répondre aux enjeux de souveraineté alimentaire et de renouvellement des générations en agriculture. »
Quels types d’actions avez-vous prévu le 21 novembre ?
M.J. : « Les FDSEA et JA des départements d’Auvergne-Rhône-Alpes vont cibler prioritairement l’ensemble de la grande distribution en mettant à l’index les produits qui ne sont pas d’origine France, mal étiquetés ou dont le prix ne peut pas rémunérer le producteur. Dans un second temps, les agriculteurs ont prévu de rencontrer leur préfet aux niveaux départemental et régional. »