FILIÈRE CAPRINE
« La ferme du Pradel est une fierté pour l’Ardèche »

Marin du Couëdic
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Olivier Amrane, président du Département, a visité la ferme expérimentale du Pradel le 10 décembre. L’occasion pour l’association Cap’Pradel et la filière caprine d’exposer à l’élu le fonctionnement de cette exploitation unique en France et d’aborder la question de son financement à l’horizon 2022.

« La ferme du Pradel est une fierté pour l’Ardèche »
Visite guidée par les responsables de Cap'Pradel à Olivier Amrane, président du Département de l'Ardèche.

C’est sous une petite couche de neige que les 226 chèvres de la Ferme du Pradel se sont réveillées ce matin-là. Le site était encore recouvert d’une fine pellicule blanche quand elles ont reçu la visite d’un autre invité surprise en la personne d’Olivier Amrane. Le président du Département répondait à l’invitation de l’association Cap’Pradel, ce vendredi 10 décembre 2021, à faire le tour de la ferme caprine basée à Mirabel et échanger avec les responsables de l’exploitation et de la filière. Celui dont la dernière visite remontait à 2016, alors déjà conseiller régional spécial en charge de la ruralité, s’est montré curieux et n’a pas tari d’éloges sur cette station expérimentale étroitement liée à l’Institut de l’élevage et à l’Inrae : « La Ferme du Pradel est une fierté pour l’Ardèche et nous sommes heureux d’avoir ce site exceptionnel sur notre territoire, a déclaré Olivier Amrane. C’est une vitrine importante pour notre département, ses éleveurs et sa production emblématique de Picodon. »

La visite a commencé par une présentation de l’exploitation de 35 hectares. « Créé en 1989 au sein du lycée Olivier-de-Serres d’Aubenas, la Ferme du Pradel est à la fois une exploitation agricole et un support d’expérimentations pour la profession caprine », a résumé en préambule Pierre Ulrich, directeur. Il s’est attaché à expliquer dans le détail cette double finalité de la ferme et le travail de ses sept salariés, répartis entre la production laitière-fromagère et les essais scientifiques menés sur la conduite d’élevage, les équipements ou la transformation. Olivier Amrane a notamment appris que les quelque 250 000 AOP Picodons produits sur place sont écoulés en grande majorité hors de la région Auvergne Rhône-Alpes pour ne pas « faire d’ombre » à la filière locale. Les liens tissés depuis 30 ans avec le monde de la recherche ont également été mis en avant, avec l’accueil de deux ingénieurs permanents de l’Institut de l’élevage et de cinq ou six stagiaires issus des écoles d’ingénieurs agronomes. « Une partie d’entre eux se fixent sur le territoire à l’issue de leur stage longue durée », a précisé Frédéric Golberg, directeur de l’EPL d’Aubenas.

Au service des éleveurs ardéchois

Après un passage par la salle de traite et ses deux chaînes de production inaugurées en 2019, les discussions se sont attardées sur l’intérêt de la Ferme du Pradel pour la filière caprine ardéchoise. « Ici, nous faisons de la recherche appliquée. Toute nos expérimentations doivent servir aux éleveurs », a souligné Pierre Ulrich. « Il s’agit de la seule station expérimentale française où c’est la profession qui dirige la ferme. Tous les projets sont validés par des éleveurs pour le bénéfice d’autres éleveurs », a précisé Laurent Balmelle, président de Cap’Pradel et du comité régional de la filière caprine. Les responsables ont ainsi précisé que les travaux menés par la Ferme du Pradel ont influencé durablement certaines pratiques dans le département, à l’image du passage en mono-traite. « Nous faisons ce que les éleveurs n’ont pas le temps de réaliser. Dans le cas de la mono-traite, nous avons pu objectiver les résultats sur les pertes en lait et le gain en temps de travail, qui a permis de montrer tout son intérêt. » Autre illustration de ce lien avec la filière locale, sur le volet transformation cette fois : la présence d’environ 80 personnes, dont de nombreux éleveurs, lors d’une journée de formation technique sur le lait cru, le 30 novembre dernier. « Tous nos résultats sont libres d’accès et gratuits, c’est la raison d’être de la Ferme du Pradel. »

Un rayonnement local et national

Les responsables de Cap’Pradel ont également rappelé leur étroite collaboration avec plusieurs entreprises locales, notamment la société Motoculture de Crussol (Alboussière), qui a fourni les équipements de pointe pour salle de traite, et la société Peytot (Planzolles), à qui est confiée l’affinage des fromages. « L’aura de la ferme attire également des porteurs de projets dans le département, qui entendent parler de la ferme depuis d’autres régions. Cela a un rôle non négligeable dans les reprises d’exploitation », a indiqué Philippe Thoray, animateur à Cap’Pradel. Les nouveaux installés sur le territoire viennent aussi régulièrement se renseigner sur les équipements utilisés à la ferme et demander des conseils aux techniciens caprins.

Autant d’arguments qui ont semblé enthousiasmer Olivier Amrane, qui a redit le soutien du Département à la Ferme du Pradel et remercié Laurent Balmelle et l’équipe de Cap’Pradel pour leur invitation et leur accueil.

FINANCEMENT/ 15 000 € pour le plan de filière chevreau, l'aide financière à la ferme en suspens

FINANCEMENT/ 15 000 € pour le plan de filière chevreau, l'aide financière à la ferme en suspens

En creux, c’est la question des aides financières pour la filière caprine ardéchoise qui motivait cette visite. Olivier Amrane a annoncé une enveloppe de 15 000 € pour le plan de filière chevreau 2022 mais est resté silencieux sur un éventuel soutien à la Ferme du Pradel. 

Exploitation commerciale et ferme expérimentale, la Ferme du Pradel dégage un chiffre d’affaires de 600 000 €, réalisé pour moitié grâce à la vente de Picodons et par le financement de projets scientifiques nationaux et européens pour l’autre moitié. Pour autant, la ferme a besoin d’un soutien financier des collectivités pour assurer son fonctionnement (7 salariés) et continuer, notamment, ses projets pré-expérimentaux qui ne sont pas financés. Partenaire historique de la ferme, la région Auvergne Rhône-Alpes a accompagné financièrement la ferme à hauteur de 30 000 € en 2021. L'ancienne mandature départementale avait suivi avec 10 000 €. Alors que la Région a accepté de remettre la même enveloppe, Olivier Amrane est resté silencieux sur une potentielle aide du Département, après avoir signalé la situation financière « difficile » de la collectivité.

L’élu a en revanche promis une enveloppe de 15 000 € de soutien au plan de filière chevreau, qui va voir le jour en 2022 (lire notre édition du 9 décembre 2021). « C’est un financement qui va dans le bon sens, a réagi Laurent Balmelle, président du comité régional de la filière caprine. Ma volonté et mon intuition, c’est qu’il y a un vrai enjeu d’avenir autour de la filière cheveau, qui permettra d’optimiser la production et permettre un meilleur revenu aux éleveurs ».

Laurent Balmelle et Pierre Ulrich, le président et le directeur de Cap'Pradel, ont répondu aux nombreuses questions d'Olivier Amrane sur le fonctionnement de la ferme.